Conférences

L’Anthropocène, un récit pluriel

Histoire du mot

Depuis que le chimiste Paul Crutzen, prix Nobel pour ses travaux sur la chimie de l’atmosphère, a suggéré l’emploi de ce terme en 2000, l’Anthropocène (littéralement, le nouvel âge de l’homme : Anthropos, l’homme et kainos, nouveau) a fait une carrière aussi fulgurante qu’étonnante pour une notion scientifique émise dans le champ circonscrit de la géologie.

C’est qu’avec l’Anthropocène, les humains ne seraient plus simplement les témoins de changements géo-climatiques mais bien leurs principaux auteurs-fauteurs de troubles. L’Anthropocène s’est de fait imposée comme une formidable chambre expérimentale des relations entre les sciences du système Terre, les sciences naturelles et les sciences humaines et sociales.

Avenir du concept

Il en ressort une prolifération de récits qui font surgir presque autant de versions qu’il y a de façons d’appréhender le monde : Capitalocène, Occidentalocène, Anglocène, Technocène, Cthulhucène, Plantationocène, Homogénocène, Poubellocène, Entropocène… Plus de 150 appellations différentes se disputeraient une évidence pas si aisée à établir, même à l’heure du réchauffement climatique, en somme cette idée que nous vivons dans une époque géologique qui soit au premier chef le fait des humains. Alors faut-il congédier cette notion ? Ou bien faut-il accueillir cette pluralité des récits comme une chance ou du moins un témoignage de la vitalité des savoirs partagés sur notre destin climatique?