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Hydrogène vert

Zoom sur la tournée grand public Hydrogèn’Oc

Publié par Instant Science, le 26 juillet 2024   38

Depuis plus d’un an, les associations Instant Science, Kimiyo, le CIST et Planète Sciences Occitanie parcourent la région Occitanie avec la tournée Hydrogèn’Oc, visant à faire découvrir au grand public et aux scolaires l’hydrogène vert. À travers une exposition et ses animations, cette initiative a touché plus de 11 000 personnes, soulignant l'importance des énergies renouvelables.

Et si nous nous projetions dans un monde alimenté essentiellement par l’hydrogène vert et les énergies renouvelables ? Lancé début 2023, ce projet, financé par la Région Occitanie en partenariat avec les pôles RHyO et GENHYO ainsi que l’Université de Toulouse, propose d’explorer les projets de développement en cours tout en se projetant dans un futur proche, à travers des panneaux d’exposition mêlant sciences et science-fiction, et des animations scientifiques.

Lucas Leglaye, coordinateur projets et médiation chez Instant Science, et John Bandelier, responsable de Kimiyo, se sont prêtés au jeu de l’interview croisée pour nous parler plus en détail de la tournée grand public !

Pouvez-vous d’abord nous présenter les outils et animations présentés au grand public ?

Lucas Leglaye : Nous avons créé une exposition-ateliers qui se présente sous la forme d’une exposition modulable, avec 8 panneaux, un grand tunnel, un écran qui projette des vidéos explicatives et un tapis faisant office de circuit pour petites voitures. L’animation consiste à faire la démonstration au grand public des étapes nécessaires à l’utilisation de l’hydrogène bas carbone (aussi appelé hydrogène vert) avec plusieurs manipulations et objets techniques.

John Bandelier : De mon côté, j'anime le stand Hydrogèn'Oc sur des événements grand public tels que des festivals comme l'Electrobeach, les Déferlantes ou les Natural Games. Ces évènements sont l'occasion d'aller vers un public plus large, pas toujours sensibilisé à la question de la transition écologique. Nous profitons du fait que de plus en plus de festivals installent des espaces permettant aux associations comme la nôtre, de dialoguer avec le public. Ces zones peuvent avoir plusieurs noms, "Chill zone", "Green zone" ou "Village des rencontres". Leur point commun est que ce sont des endroits aménagés pour que les festivaliers puissent venir entre deux concerts se détendre et échanger. Le stand que nous proposons est composé de deux totems gonflables (à l'air, pas à l'hydrogène) qui reprennent les éléments de l'exposition, des électrolyseurs, ainsi que des véhicules fonctionnant à l'hydrogène. Ces outils permettent de mettre en pratique le discours et d'attirer les passants.

Comment parle-t-on d’hydrogène bas carbone à des publics variés ?

John Bandelier : Sur les festivals, si nous voulons rentrer en interaction, il est primordial d'aborder le public d'une manière décontractée. Pour ma part, je suis un peu joueur, provocateur en lançant des petits défis grâce aux véhicules. Souvent les festivaliers sont entre amis, et ils aiment se challenger ! Lorsque l'on a relevé un défi, un lien de confiance se crée, nous pouvons ensuite échanger, parler des pratiques de chacun. Il est vraiment primordial de ne pas culpabiliser les festivaliers et de leur expliquer pourquoi nous sommes là. Nous n'avons rien à vendre, nous exposons juste des faits pour que chacun puisse se faire un avis et agir ensuite comme un citoyen éclairé.

Lucas Leglaye : Je rejoins totalement John. Dans tous les cas, il faut piquer leur curiosité et préparer plusieurs niveaux de complexité dans nos discours. Notre rôle, en tant que médiateurs scientifiques, est de pouvoir nous adapter au public présent, et d’être dans une démarche d’échange sur une technologie qui pourra impacter le quotidien de nombreuses personnes. On s’adresse donc aux publics en se questionnant ensemble, tout en apportant des informations sur le domaine.

Vous avez choisi de partir sur un univers mêlant sciences et science-fiction. Pourquoi ?

Lucas Leglaye : Plusieurs raisons ont orienté ce choix. Tout d’abord, la science-fiction permet de scénariser la médiation. Il est plus facile d’animer une histoire dans laquelle le public peut s’immerger ! L’univers de la science-fiction donne aussi la possibilité de créer des identités visuelles originales.

Pour Hydrogèn’Oc, nous avons travaillés avec des graphistes et illustrateurs qui nous ont emmené vers un monde « solar punk ». Ce courant de la science-fiction, dérivé du « cyberpunk », mêle futur et optimisme en laissant une grande place à des préoccupations environnementales. Il est donc tout à fait adapté à la thématique de l’hydrogène bas carbone. Le dispositif Hydrogèn'Oc étant destiné au grand public, il est important de trouver un moyen de les accrocher. Il fallait les amener à s'arrêter et prendre le temps de découvrir ce que nous proposons. La science-fiction facilite ce premier pas !

Quel est pour vous le message le plus important à retenir ?

Lucas Leglaye : Que l’hydrogène peut être une solution, mais pas LA solution à tout.

John Bandelier : Exactement ! Nous ne sommes pas là pour dire que l'hydrogène vert est la solution idéale sans défaut. Nous présentons simplement une technologie en cours de développement qui répond à nos besoins pour nos choix dans la transition énergétique. Il faut rappeler que l'énergie avec le moins d'impact est celle qu'on ne produit pas. La sobriété énergétique est l'acte primordial pour une bonne transition. L'hydrogène vert permettra d'accompagner ce changement d'une manière plus équilibrée.

Lucas Leglaye : Il faut aussi garder en tête que son usage à l’échelle individuelle (comme les voitures par exemple) demanderait énormément de changements d’infrastructures. Les choix se tournent plutôt vers des transports en commun et des mobilités lourdes qui semblent plus adaptées : bus, train, poids lourds, et même l’avion.

Pouvez-vous nous partager quelques souvenirs d’intervention?

John Bandelier : Ma rencontre avec Mario sur son Yoshi ! J'avoue que l'Electrobeach a été un moment particulier. La majorité des festivaliers ont moins de 25 ans, ils sont là pour faire la fête. Nous n’aurions peut-être jamais touché ce public si nous n'avions pas participé à ce genre d'évènements. Voir des personnes déguisées venir expérimenter notre stand, c'était assez mémorable.

Lucas Leglaye : Pour ma part, difficile de ne garder qu’un seul souvenir précis des interventions, car nous voyons défiler des centaines de personnes à chaque fois ! Un des temps forts pour moi a été la présentation de l’exposition à la Fête de la science à Carcassonne en octobre 2023. Plusieurs classes ont pu visiter l’exposition et assister aux ateliers. C’était l’occasion de la montrer pour la première fois aux partenaires, ainsi qu’à la Région et de recueillir les retours de tous ces acteurs majeurs.

Comment évaluez-vous l’impact de votre médiation ?

John Bandelier : Quand on est sur un festival, beaucoup de festivaliers passent, regardent, mais ne posent pas de questions. C’est normal, le public a le temps mais il est dans l’attente de divertissement.

S'ils s'arrêtent, qu’ils passent du temps avec nous, c'est déjà super et cela signifie qu'ils sont intéressés. Nous le remarquons bien, car nous voyons grâce aux questions qu'ils posent, l'évolution de leur pensée et de leur réflexion sur le rôle que pourrait prendre l'hydrogène vert dans la gestion des énergies futures.

Lucas Leglaye : J’ajouterai que l’impact d’une médiation est toujours difficile à évaluer et à mesurer. C’est une question que nous nous posons pour chaque dispositif, Hydrogèn’Oc compris. Je trouve que c’est en discutant avec le public que nous arrivons à défaire certaines idées reçues. Mais aussi à créer un espace de discussion et de réflexion sur des questions de société : climat, énergie, technologie, consommation, mobilité…

Notre espoir étant d’avoir un impact durable et de susciter de la curiosité pour la culture scientifique !