Voyager en train, confortablement et pas cher
Publié par PLISKINE ROBERT, le 7 mars 2024 730
Voyager en train ? C'est très bon marché ! Et bien meilleur que d'autres moyens.
Non, il ne s'git pas de s'enfermer dans les WC, certains l'ont fait, ils ont eu des ennuis.
Rappel grammatical humoristique : un comparatif compare deux éléments. C'est plus rapide, moins cher, plus souple que quoi ?
Comparer le coût de l'usage de l'automobile à celui des transports publics comme le train (et surtout le train) n'a de sens que si on compare des choses comparables. Et la seule chose comparable est le coût réel, total, de tous les aspects de l'usage d'un véhicule. Pas seulement, pour la voiture, le prix de l'essence et celui des péages d'autoroute, les “frais courants”. Donc votre voiture roule sans avoir été achetée ou louée, ni être assurée, ni être entretenue ? Pourquoi alors les Services Fiscaux, dans leur immense générosité bien connue, considèrent-ils que le coût kilométrique d'une voiture est 4 fois celui du carburant ? Et quand vous êtes au volant, que faites-vous d'autre que conduire ? Vous dormez, vous mangez, vous travaillez, vous regardez des films ou autres activités ? Ou bien vous vous demandez comment éviter de faire partie des 3 000 morts et 20 000 blessés annuels de la route ? Avec mon côté pragmatique, le véritable coût de la voiture est de l'ordre de 0,5 €/km (tarif fiscal) + le coût du temps perdu.
Mais aujourd'hui je me limiterai à une question simple : comment voyager en train confortablement pour le moins cher possible ?
Déjà le prix payé par les voyageurs sur les TER n'est qu'une faible partie du coût réel du train. Environ 20 % pour les TER, les “ trains du quotidien”. Pourquoi ? Parce qu'un service public a pour fonction de permettra aux "travailleurs ! travailleuses !" de créer de la richesse en leur permettant de se déplacer à moindre coût. Perdre de l'argent public sur un outil public pour permettre de créer de la richesse par ailleurs, c'est le même principe que de financer l’Éducation Nationale, La Police ou l'Armée, la Justice... Encore faut-il être rigoureux dans la gestion, mais ce n'est pas le sujet ici.
La question d'aujourd'hui est "Comment payer le train moins cher que le tarif officiel ?". Il ne s'agit pas de tarifs préférentiels accordés à certaines catégories de personnes, mais de gérer ses besoins de transport en jouant sur les tarifs ouverts à tous.
Pour comprendre comment sont faits les tarifs, il faut déjà comprendre comment fonctionne le chemin de fer et ses contraintes techniques et financières. En particulier, quelle que soit la compagnie qui l'exploite, et même si elle exploite surtout les voyageurs (je ne vise personne bien sûr !) la technique ferroviaire est lourde et puissante et en conséquence d'une grande inertie. Son principe subi est "Gouverner, c'est prévoir", c'est-à-dire qu'il faut pouvoir prévoir longtemps à l'avance le trafic, en matériel roulant, en personnel comme en voyageurs. Ce qui implique que ce qui eut être organisé longtemps à l'avance est moins coûteux que ce qui est fait en dernière minute. Même si "comparaison n'est pas raison", si vous savez longtemps à l'avance que vous devrez faire tel voyage, vous pouvez choisir le moyen de transport le plus économique ; mais si vous décidez en dernière minute, vous devrez choisir entre le taxi, ou l'avion d'affaires.
Il faut se rappeler que pour créer une circulation (terme technique signifiant “faire rouler un train”) il faut disposer du matériel, et un TGV c'est 100 millions d'euros et 500 places offertes, d'un sillon (terme technique signifiant un trajet et un horaire) et du personnel roulant (conducteur, chef de train, contrôleur...). On ne peut pas déclencher un train supplémentaire sans disposer de ces 3 outils. Et même si on les a, on ne va pas lancer un TGV de 500 places pour 50 clients. D'où le choix de refuser des clients pour “train complet” et/ou de faire payer très cher les voyageurs de dernière minute pour rentabiliser la circulation nécessaire. La matériel nécessite un entretien régulier dans un “technicentre” (celui de Toulouse est situé 37 Av. de Lyon, 31500 Toulouse, et se visite moyennant un tarif exorbitant), et le personnel a des horaires de travail et de repos comme tout un chacun. Il faut tenir compte de la disponibilité de tous, et c'est plus facile à organiser longtemps à l'avance qu'en dernière minute à coup d'heures supplémentaires.
Conclusion : il est normal que des billets pris longtemps à l'avance, qui permettent d'organiser les circulations correspondantes, soient moins chers que ceux pris en dernière minute. Or nombre de trajets sont connus longtemps à l'avance, comme ceux des périodes de vacances ou de fêtes. En profiter pour prendre les billets les moins chers, et réserver les meilleures places.
Anecdote significative. C'était en 1963, à l'époque les réservations n'étaient pas obligatoires et complexes (aller en gare, faire la queue au guichet, assister à la communication téléphonique entre l'employé et le centre de réservations, et repartir avec un ticket de réservation) et le tarif des billets était au km, indépendamment de la ligne, du train ou de l'horaire. Mais on pouvait monter à la dernière minute dans un train, avec un billet acheté en dernière minute et prendre le risque de voyager debout.
Étudiant à Lyon habitant Paris, je faisais la navette chaque semaine (en 4 h 30 dans chaque sens). Un soir de départ des vacances de Noël, comme mes dates de vacances scolaires n'étaient pas les mêmes, j'avais omis de réserver et j'ai été debout de Paris à Lyon dans un train de nuit se dirigeant vers Grenoble (train 1901 si mes souvenirs sont bons). En allant aux toilettes lors d'un parcours acrobatique pour doubler des gens debout ou assis sur leur valise (heureusement à l’époque j’étais maigre) et enjamber des valises couchées, je tombe sur une dame avec deux enfants, des valises et des skis, stationnant à moitié sur la plate-forme (pour eux) et les bagages dans le soufflet entre deux voitures. Elle m'apostrophe, furieuse :
“”Ils" auraient pu mettre plus de wagons un jour pareil ! C'est un scandale de faire voyager les gens comme du bétail".
Je réponds : "Madame, depuis quand savez-vous que vous deviez partir aujourd'hui ?"
La dame, interloquée "Depuis la rentrée, quand on a eu les dates de vacances."
“Et depuis vous n'avez pas pu réserver 3 places pour vous et vos enfants ?”
Silence menaçant. J'insiste :
“Vous êtes sur la plate-forme et dans le soufflet. Pourquoi n'avez-vous pas trouvé de place au moins dans le couloir, c'est moins pénible.”
"Parce qu'on est arrivés à la dernière minute et que le couloir était déjà plein."
J'ai levé les bras en signe d'impuissance et j'ai déchargé dans les WC ma vessie et ma rage contre tant d'imprévoyance. Quand on a l'intelligence d'un bovin, ne pas s'étonner d'être transporté comme du bétail, dans des « wagons à bestiaux » puisque les passagers humains voyagent dans des « voitures ».
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Les billets à tarif réduit (c'est-à-dire sauf les cartes de réduction commerciales payantes) sont nombreux et insuffisamment connus.
En dehors même des billets pour des prestations limitées extra-ordinaires (comme Nîmes-Ville – Nîmes Pont du Gard pour une fête particulière), certains billets sont en vente à des prix très réduits certains jours, en nombre limité , par exemple les premeirs week-ends de chaque mois hors été, chaque trajet indépendant de la distance (tant qu'on reste dans le même TER) coûte 1 €. Voir sur TER-SNCF : billet à 1 €. Aller sur la Côte Vermeille en train Toulouse-Cerbère pour 1 €, pourquoi se priver ?
Sinon, tous les jours, sur des trajets hors horaires ce travail, il y a des billets à tarif forfaitaire à 5 € quelle que soit la distance (exemple : Toulouse-Foix). Moins cher que le seul péage de l'autoroute.
Une astuce : pour pousser les voyageurs à circuler hors des heures de pointe, les TER utilisent une tarification horaire bleu-blanc. Les horaires “blancs” sont environ 30 % plus cher que les “bleus”. Lorsque le trajet chevauche 2 tarifs, c'est l'horaire de départ qui compte. Soit un trajet que je fais fréquemment, Portet-sur-Garonne à Tarascon-sur-Ariège. Le basculement entre “bleu” vers “blanc” se fait à 17 h . Le train part à 17h01, donc en “blanc”. L'astuce consiste à prendre un billet Toulouse-Matabiau, à 16h47, tarif bleu, avec ma Carte Senior : 9,00 €. Si je le prends de Portet, à 17h01, tarif blanc, c'est 12,20 €. Avec cette astuce je prends le même train, et je paie 3,20 € de moins. Le même principe fonctionne sur d'autres trajets, avec des procédures plus complexes (mais très amusantes) permettant d'économiser jusqu'à 20 € sans modifier le trajet.
Encore plus loin : les TER proposent pour tous des forfaits "Rail Tous Occitanie". Pour 20 € pour 2 jours (30 € pour 3 jours etc ...) ils vous permettent de voyager à forfait et de façon illimitée sur tous les TER de la région Occitanie (qui est vaste). A ce prix-là, ce pass est rentable même pour un A/R Toulouse-Tarascon aux heure de pointe, quitte à ne l'utiliser que pour ce trajet. Mais j'en ai déjà utilisé un pour faire Toulouse-Aurillac A/R en un jour, et même Tarascon-Aurillac-Clermont-Ferrand un jour et le lendemain Clermont-Ferrand- Nîmes (par les Gorges de l'Allier, la “ligne aux 102 tunnels”) puis Nîmes-Toulouse et Toulouse-Tarascon. Deux pleines journées dans de magnifiques paysages, pour 20 €. Qui dit mieux ?
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Et à l'international, peut-on voyager à travers l’Europe pour pas cher, plus vite, plus confortablement, moins dangereusement et pour moins cher qu'en car ? Bien sûr, je l'ai fait 8 fois.
Ah ! La Scandinavie ! "La ligne du Cercle Polaire" Luleaa-Boden-Narvik (la gare de voyageurs la plus au nord du monde), 7 heures de voyage à travers la Laponie, au nord du Cercle Polaire... La ligne Olo-Bergen, dont la création a mis à mal les meilleurs ingénieurs du monde pour traverser la chaîne de montagnes et suivre le fjord de Bergen.
Ah ! La Suisse ! Le Paradis des chemins de fer de montagne Les trains mythiques "Glacier-Express" "l'express le plus lent du monde", "Bernina-Express", "des glaciers aux palmiers", monter à 2256 m (Ospizio Bernina) plus haute gare d'Europe pour un train sans crémaillère, des heures collés aux grandes baies vitrées des voitures panoramiques à contempler les glaciers. Le luxe des places VIP du Golden Pass Panoramic. Le train à crémaillère du Mont Pilatus, dont la pente de 48 % (la plus forte au monde pour un train) a obligé à concevoir une crémaillère unique en son genre !
Ah ! l'Italie ! De centre-ville au centre-ville des villes mythiques à l'origine de notre culture latine : Venise, Florence, Rome, Naples, Syracuse...
Ah ! la Roumanie ! Suivre le Danube jusqu'à la Mer noire.
Ah ! tous les pays et leurs richesses accessibles sans effort ni risque !
Mais comment pouvoir s'offrir ces voyages à un prix raisonnable ? Comment s'assurer du plus grand confort quand on reste 20 heures dans le même train (Stockholm-Narvik ou Milan-Palerme) ?
La solution existe : le Interrail Global Pass.
Ce n'est pas fait pour les "petits voyageurs" qui vont passer leur week-end à l'autre bout de l'Europe. C'est fait pour les "grands voyageurs" qui veulent découvrir l'Union Européenne (+ Suisse, Norvège, Balkans), leurs villes, leurs habitants, leur géographie, en partant de 2 à 4 semaines avec des bagages légers pour parcourir 10 000 à 12 000 km. Sans souci : j'ai remarqué que toutes les gares du monde ont leurs quais parallèles aux voies ferrées, et qu'ils sont numérotés. Il suffit de savoir lire l'heure et la destination du train pour ne plus s'occuper du trajet. On monte avec ses valises, on s'installe et n'a plus d'autre souci que de regarder le paysage ou vaquer à ses occupations.
En pratique, l'Interrail Global Pass est un titre de transport unique, valide sur pratiquement tous les trains d'Europe ( + Turquie) de façon forfaitaire. On inscrit le trajet et l'heure du train, et le Pass est votre titre de transport pour ce trajet. Rien d'autre à faire, sinon réserver quand c'est préférable (horaires de pointe) ou obligatoire (TGV, trains de nuit). Chaque "coupon" dont il suffit d'écrire la date sur le Pass est valable une journée, jusqu'à 24h00. Si on prend un train de nuit partant après 19 h et arrivant après 4 h du matin, il est compté sur la journée du lendemain. Par exemple, mon train préféré Stockholm-Narvik, 1600 km en 20 heures, part vers 22h et arrive le lendemain vers 18 h. Il ne consomme qu'un coupon d'une journée.
Combien ça coûte ? Cela dépend du type de Pass, selon le nombre coupons, la durée, la classe. Déjà, un conseil : voyager en 1e Classe. Infiniment plus confortable et agréable que la 2e classe, pour une différence de prix minime compte tenu des distances. Un exemple que j'ai pratiqué plusieurs fois : 22 jours consécutifs, tarif adulte 1e classe : 744 €, senior 672 €. En clair, on traverse l'Europe dans tous les sens, entre n'importe quelles villes de centre à centre, sans le moindre souci, dans le plus grand confort, pour en moyenne 35 € par jour. Dernière expérience : de Syracuse à Narvik et de Madrid à Tallinn (Estonie) via Vienne et Varsovie, 12 000 km, pour 6 cent du km en 1e classe, soit environ 90 % de réduction (variable selon les prix dans chaque pays, la Scandinavie et la Suisse étant 2 fois plus chères pour un Français). Rajouter les réservation , surtout les places couchées, couchettes ÖBB autrichiennes hors de prix ou voitures-lits single avec cabine de douche / WC privative bon marché dans le "Santa-Claus Express" Rovaniemi-Helsinki en Finlande. Ne pas oublier qu'une nuit en train, c'est près de 900 km parcourus, parfois plus (Paris-Nice), une nuit d'hôtel et une journée de voyage économisées. Pour les détails, consulter le site Interrail ou me contacter.
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Alors, quand partons-nous ?