Vers une recherche en low-techs ?
Publié par Mondes Sociaux, le 5 juillet 2022 750
Article par par Guillaume Carbou, Julian Carrey et Sébastien Lachaize
La recherche scientifique en sciences de la nature et de la technique est majoritairement tournée vers la recherche d’innovations high-tech. La catastrophe écologique en cours nous invite pourtant à nous questionner sur la pérennité de ce modèle. Les low-techs pourraient ouvrir une perspective intéressante vers une recherche plus soutenable. Mais que signifie précisément « low-tech » ? Et que serait une recherche en low-tech ?
La recherche scientifique dans les sciences de la nature et de la technique est actuellement dans son immense majorité tournée vers la recherche d’innovations de haute technologie (high-tech). Elle repose sur le postulat que l’humanité disposera à l’avenir, comme aujourd’hui, d’une énergie bon marché, croissante, et de ressources abondantes, permettant de développer et maintenir sur le long terme un système technologique complexe.
Mais au regard de la catastrophe écologique en cours, les scientifiques ne doivent-ils pas se questionner sur les impacts directs de leur activité (usages de ressources, consommation d’énergie, déplacements, etc.) et indirects (transfert de technologies vers des industries insoutenables, alimentation de la foi dans les solutions technoscientifiques, accompagnement d’une numérisation débridée du monde, etc.) ?
Or, le faire reviendrait à remettre en cause une grande partie de l’activité scientifique traditionnelle. En effet, les activités scientifiques dans ces domaines sont particulièrement gourmandes en énergie et en matériaux. Un chercheur en astrophysique australien émet par exemple en moyenne plus de 22 tonnes de CO2 par an par le seul usage du calcul informatique. Par ailleurs certaines recherches orientées vers le soutien à l’innovation industrielle ne développent pas ou peu de questionnements sur les enjeux écologiques. Citons le développement de la 5G ou des nano-textiles par exemple.
Dans ce contexte, les low-techs, par opposition à la high-tech, pourraient constituer une piste intéressante de redirection de la recherche scientifique. Il pourrait s’agir de travailler avec des outils low-tech pour diminuer son empreinte directe (des jumelles plutôt que des balises GPS pour l’observation éthologique, par exemple) ou d’œuvrer au développement d’innovations low-tech pour alimenter une société sobre en énergie et en matériaux (comme l’utilisation de l’énergie solaire à concentration, par exemple).