Vaccinera, vaccinera pas ?
Publié par Cyril Gambari, le 8 janvier 2021 910
Nous sommes à un tournant de l'histoire sanitaire au niveau mondial. Jamais dans l'histoire de l'humanité un vaccin contre une maladie nouvelle n'était sorti aussi vite.
Les vaccins sauvent des vies
Pour commencer, les vaccins sauvent des vies comme on peut le voir sur les courbes suivantes :
Le premier graphique en haut représente le nombre de mort causé par la variole à Londres, celui du milieu le nombre de cas (en bleu) et le nombre de mort (en violet) aux Etats-Unis, enfin celui du bas représente le nombre de cas de rougeole aux Etats-Unis. Le trait vertical vert représente l'apparition d'un vaccin (sources dans l'image).
Quelques chiffres sur les essais cliniques
Revenons un peu sur les essais cliniques qui ont conduit aux autorisations des vaccins aux cours des années avec quelques exemples :
Prévenar (contre les infections à pneumocoques) : plus de 18 000 enfants
Engerix (contre l'hépatite B) : 5 329 sujets
HBVAXPRO (contre l'hépatite B): 1497 enfants
Neisvac (contre les infections à méningocoques C) : 3307 sujets
Priorix (contre la Rougeole, les Oreillons et la Rubéole) : 12 000 sujets
Vaccin DT (contre la diphtérie et le tétanos) : 314 sujets
Imovax Polio (contre la poliomyélite) : 924 sujets
Gardasil (contre le papillomavirus) : 10 088 sujets
Et pour le nouveau vaccin de chez Pfizer/BioNtech ?
Le graphique représente le nombre d'incidence de nouveaux cas de COVID-19 au cours du temps chez des sujets (21 669 personnes) ayant reçu le vaccin (courbe en rouge) et chez ceux (21 686 personnes) n'ayant reçu que le placebo (courbe en bleu). Cette figure est tirée de l'article scientifique présentant les résultats de l'efficacité du vaccin Pfizer/BioNtech.
Le vaccin Pfizer/BioNtech a été testé sur plus de 21 000 personnes. Ce qui en fait à ce jour le vaccin le plus testé de l'histoire de l'humanité.
Quid du recul sur ce vaccin, n'est-il pas trop tôt pour vacciner ?
Déjà pourquoi a-t-on pu aller aussi vite dans la mise au point du vaccin ?
La mise au point d'un vaccin est généralement long (en moyenne 12 ans), entre les demandes de financement, d'autorisations, de recrutement, et la mise au point du vaccin en lui même, ça prend plusieurs années. Ensuite, il faut trouver des volontaires et il faut bien sûr que la maladie soit présente dans une proportion suffisante pour que l'essai clinique soit cohérent, et c'est quelque chose qui demande également du temps.
Avec la COVID-19, dans notre malheur on a eu l'avantage d'avoir assez de malades volontaires et jouir de procédures hautement accélérées et d'un financement rapide (voir ici). Nous avions également de l'avance dans l'étude des coronavirus comme le MERS-CoV et le SARS-CoV-1 ce qui a permis d'aller un peu plus vite. Et dernier points, le vaccin de chez Pfizer/BioNtech (et de chez Moderna) est un vaccin à ARNm qui demande (en résumé) moins d'étapes de fabrication qu'un vaccin plus classique et de plus on avait également du recul sur cette nouvelle technologie qui avait été développé sans succès pour le traitement du Zika et d'Ebola.
Notons que toutes les études mentionnées précédemment de recherche d'effets indésirables pour les anciens vaccins ont porté sur plusieurs jours voire plusieurs semaines mais rarement sur des mois ou des années, ici la recherche des effets secondaires va s'étaler sur près de deux ans. Et la pharmacovigilance (phase IV des essais sur les vaccins) va suivre son cours dans les années à venir comme pour tous les autres médicaments sur le marché. Notons également que les effets secondaires pour les vaccins se déclarent le plus souvent dans les premiers jours et très rarement (jamais) après des années. Enfin, nous avons plus de 100 ans de recul sur comment marchent les vaccins.
A l'heure où cet article est écrit, près de 6 millions de personnes ont reçu le vaccin Pfizer/BioNtech ou celui de Moderna, sans effet secondaire grave attribué.
Alors on se vaccine ou pas ?
(source du visuel principal : https://www.infovac.fr/actuali...)