Un voyage lexical et discursif à travers dix scrutins présidentiels
Publié par Mondes Sociaux, le 8 février 2022 700
Article par Paul Bacot.
Depuis que l’élection du président de la République s’opère au suffrage universel direct, dix scrutins se sont succédés, de 1965 à 2017. Compte tenu des changements considérables intervenus durant ce gros demi-siècle dans tous les domaines de la vie sociale, tant en France que dans le monde, on pourrait s’attendre à observer des différences nombreuses et profondes entre le premier et le dernier épisode. Mais le repérage des mots et des outils discursifs utilisés pour faire campagne et pour en rendre compte révèle une grande continuité, malgré quelques évolutions non négligeables. Précisons que nous ne traitons pas ici des thèmes de campagne.
Un rituel stable
Les mêmes mots et les mêmes figures rhétoriques reviennent quand se préparent les candidatures, puis se développent les campagnes, se construisent les intentions de vote, se multiplient les commentaires et les analyses, s’établit le débat – pour chacun des deux tours.
Cette constance tient sans doute à ce que l’enjeu de la consultation n’a guère changé (les attributions du président de la République et la façon dont elles sont exercées sont restées telles que le général de Gaulle les avaient voulues) et à ce que les règles du jeu n’ont évolué qu’à la marge (un scrutin à deux tours avec seulement deux candidats qualifiés pour le second), mais aussi au fait que la période ouverte par la première des dix élections concernées est aussi celle des règnes de la télévision et des sondages – lesquels sont inévitablement dénoncés comme se trompant quand ils sont mauvais, et brandis comme une arme décisive lorsqu’ils sont bons.