Un millennial dans l'académie française
Publié par Mariana Moreno, le 12 décembre 2019 1k
Enseignant chercheur à l’IUT de Toulouse, Luiz Fernando Lavado Villa raconte comment il a réussi à allier enseignement et recherche à travers le projet Winds of Change
L’idéalisme est une caractéristique des millennials, nés entre 1980 et 1995. Cette génération, aussi connue comme génération Y, arrive sur le marché de travail et remet en question l’ordre établi. Ça s’est passé avec l'ingénieur brésilien Luiz Fernando Lavado Villa. Docteur en Ingénierie par l’Université de Grenoble, il est arrivé à Toulouse en 2014 pour le poste d’enseignant chercheur. Ses missions : enseigner électronique analogique et mathématique dans le département Génie Électrique Informatique Industrielle et faire des recherches pour le laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes (LAAS)
À l'âge de 30 ans, étant le plus jeune de ses collègues, l’ingénieur a eu du mal à mettre en place l'idée d'allier enseignement et recherche, une pratique très courante au Brésil, mais peu commune en France : “En France, vous dépendez d'une seule institution pour votre enseignement et d'une institution complètement différente pour vos recherches, et mon idée était d'enseigner à partir des problèmes que j'ai rencontré dans la pratique et de l'apporter à l'enseignement”, explique-t-il.
Petit à petit, grâce à sa persévérance, il a réussi à mettre en place une science plus alignée avec son idéologie à travers le projet Winds of Change, qui a pour objectif de créer des éoliennes pour générer énergie renouvelable pas chère et produite localement.
Le projet vise à desservir les zones rurales sans accès à l'électricité, mais où il y a cependant un certain type d'énergie renouvelable disponible. Exploiter cette énergie nécessite des connaissances appropriées, et c'est là que le rôle des étudiants de l'IUT entre en jeu.
Chaque année, l'université envoie des étudiants en stage à l'étranger. Grâce à son alliance avec Wind Empowerement, réseau qui relie les groupes régionaux créateurs d'éoliennes, Villa trouve des personnes qui ont besoin de main-d'œuvre dans les pays: “Mon idée est de former les étudiants du département en technologie et de les envoyer à l'étranger pour appliquer ce qu'ils ont vu”.
Au cours des cinq dernières années, il a envoyé une vingtaine d'étudiants à l'étranger pour le projet. En 2018, deux étudiants sont allés en Tanzanie et un au Pérou. En 2020, il est prévu qu'un autre étudiant aille en Tanzanie.
Recherche
La recherche liée à Winds of Change est développée à partir du concept de pérennité programmée, tout le contraire de l'obsolescence programmée ; lorsqu'une technologie est conçue pour devenir inutilisable et obsolète dans un court espace de temps.
La pérennité programmée de l'énergie implique des énergies renouvelables et c'est ainsi que la recherche est liée à Winds of Change. L'idée est d'utiliser la recherche pour créer des technologies open source qui répondent aux besoins sociaux, entraîner les étudiants dans cette technologie afin qu'ils puissent les appliquer dans des endroits dont ils ont besoin.
Cette année, la recherche a connu un développement important. Le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) a approuvé le financement d'un projet permettant à deux ingénieurs de travailler sur une énergie de base pour être partagée en open source.
“Le fait d’être open source me donne une possibilité de faire le transfert vers la partie pédagogique. Si je peux passer à l'enseignement, je peux former des étudiants et les envoyer comme ambassadeurs technologiques. L'idée est de créer une communauté autour de cette technologie”,conclu-t-il.
Qu'est-ce qu'une technologie open source?
La technologie open source a fêté ses 20 ans en 2018. Au début du développement des logiciels, les développeurs se partageaient le code afin de créer un apprentissage mutuel qui aidait le secteur à mieux évoluer.
Lorsque l’industrie prit son envol, certains développeurs ont prôné l’idée du logiciel libre. Ces derniers estiment que les logiciels doivent être accessibles à tous et non exclusivement à ceux qui en ont les moyens.