Un dictionnaire dédié à l'agroécologie

Publié par Echosciences Occitanie, le 15 novembre 2016   2k

Définir les contours sémantiques de l’agroécologie en fournissant des définitions claires et précises issues d’un brillant échange interdisciplinaire voici l’ambition que s’est donné une petite équipe de l’INRA.


L’Agroécologie possède donc, depuis peu, son propre dictionnaire. Une innovation portée par Marie-Colette Fauré (Inra, Pôle IST - Veille ) et Véronique Batifol-Garandel, ingénieur et documentaliste au Département Science pour l’Action et le Développement (Département SAD de l’INRA de Paris) que nous avons rencontré.


Comment ce projet a-t-il commencé ?


Véronique Batifol-Garandel : L’initiative de ce projet vient d’un dispositif de veille territoriale et stratégique en Midi-Pyrénées sur l’agroécologie qui a commencé au départ de façon un peu particulière, car je n’étais pas chargée de veille. À l’époque, je souhaitais orienter mes activités en ce sens.

Pour ce faire, il fallait que je m’investisse dans un projet innovant et présentant un fort intérêt pour l’INRA qui justifierait ce changement de fonction. Accompagnée par une collègue chargée de veille sur Toulouse, j'ai initié un dispositif de veille "pilote" sur l'agroécologie. C’est à partir de ce travail de veille territoriale que nous avons eu l’idée du dictionnaire.


Après avoir exploité les premiers résultats, nous les avons soumis à deux Unités Mixte de Recherche du centre de Toulouse - Dynafor et Agir - pour connaître leur intérêt vis-à-vis de cette initiative.


Nous avons sonné à la bonne porte, car ils ont vu immédiatement l'intérêt d’un dictionnaire sur l’agroécologie , de plus, ces deux unités souhaitaient savoir comment leur propre collectif de recherche était positionné sur le sujet.

C’est ce qui a permis d’impulser le processus!


Pourquoi le thème de l’agroécologie ?


Véronique Batifol-Garandel : L‘Agroécologie reste une thématique d’actualité, mais dont le périmètre et les notions qui y participent sont encore peu clairs, parfois même sujets à controverses. l’absence de vocabulaire spécifique à ce domaine scientifique hormis une dizaine de termes, issus d’une étude sur le positionnement international de l’INRA.


Ces 10 termes pouvaient donc constituer une première base. Comment avez-vous procédé pour enrichir le dictionnaire ?


Véronique Batifol-Garandel : Grâce à notre processus de veille en agroécologie Midi-Pyrénées, nous avons rapidement capitalisé environ 200 termes et mots clés.

Par la suite, nous soumettions ces mots aux chercheurs pour savoir si leur intérêt était certain pour le dictionnaire. Ceci a permis également d’avoir un regard extérieur sur notre processus de veille.

C’est en demandant l’avis aux scientifiques que nous avons pu, petit à petit, mettre en place une collaboration pour valider le contenu des définitions.


Avez-vous rencontré des difficultés particulières ?


Véronique Batifol-Garandel : En capitalisant un grand nombre de termes, nous avons dû faire face à un problème concernant la proximité sémantique de certains d’entre eux. C’est alors posé la question de la pertinence d’un terme plus qu’un autre.


C’est à ce moment que nous avons pu nous associer au projet régional d’un chercheur sur l'ingénierie agroécologique (PSDR ATARI), ce qui nous a permis de bénéficier d’experts pour valider scientifiquement les termes et valoriser le vocabulaire. Lors de séminaires mensuels réunissant chercheurs et ingénieurs, les définitions sont mises en débat. Nous avions peur au départ que ces approches interdisciplinaires fassent défaut aux définitions en multipliant les sens de celles-ci, mais en réalité le consensus se trouve facilement. Des étudiants de l’École d’Ingénieurs de Purpan ont même été intégrés dans le dispositif pour co-rédiger quelques définitions.



Comment avez-vous imaginé ce dictionnaire ?


Véronique Batifol-Garandel : Dès le départ, j’avais l’ambition que ce dictionnaire ait une dimension visuelle importante afin qu’il puisse être accessible et compréhensible au grand public.

Pour ce faire, nous avons fait appel aux étudiants de l’École d’Audiovisuel de Toulouse (ESAV) pour réaliser des vidéos des définitions. Au final, la vidéo apporte un complément vulgarisé à la définition.


À qui peut-être est-il destiné ?


Véronique Batifol-Garandel : D’une manière générale, à toute personne sensibilisée à l’agroécologie.


Son ambition ?


Véronique Batifol-Garandel : Au-delà d’être une richesse scientifique du fait de la démarche d'interaction interdisciplinaire et sociétale qui a été nécessaire à sa conception, nous ambitionnons de le faire évoluer encore davantage en ajoutant de nouvelles définitions, mais aussi en le déclinant sur d’autres territoires et sous d’autres modes de diffusion comme la télévision par exemple.


Au total, c’est bien une vingtaine de chercheurs/ ingénieurs et étudiants qui se sont largement impliqués dans l’enrichissement à la fois quantitatif et qualitatif de ce dictionnaire. L’originalité de cette initiative réside en sa démarche de conception, à la fois collaborative et ouverte, mais aussi, dans son aspect vulgarisé avec l’intégration de vidéo.

Évolutif, il pourra devenir un outil pédagogique intéressant à associer à des projets scientifiques et industriels. Bien plus qu’un projet purement scientifique, ce dictionnaire a vocation à faire le lien entre la société et la recherche. Résolution devenant de plus en plus essentielle dans le monde de la recherche.


Affaire à suivre !