Sport et Santé #4 : Formation au haut niveau
Publié par Patrimoine Université Toulouse III - Paul Sabatier, le 25 juillet 2024 1.1k
L’Université Toulouse III - Paul Sabatier (et la Faculté des sciences auparavant), a formé au fil des années de nombreux étudiants grâce au département de sport bien sûr, quelle que soit sa dénomination, mais pas seulement. Certains sont devenus ensuite des sportifs de haut niveau, et si leurs performances, leur réussite leur appartient, elles sont aussi le produit d’une expérience, d’une expertise, acquises au cours des années de formation. Et à ce titre, leur passage à l’université a certainement apporté sa pierre à l’édifice. Voilà quelques portraits d’anciens étudiants, une galerie virtuelle de grands sportifs, qui étaient alors, en devenir.
Avant d’être le président du Comité d’organisation des Jeux Olympiques de Paris 2024, Tony Estanguet a été étudiant à l’Université Paul Sabatier, à la fin des années 1990. Des années et une expérience importante, il disait dans un entretien en 2016[1] : « L’université m’a aidé à murir. (…) Cela m'a permis de garder une ouverture d'esprit ». Et on connaît la suite : triple champion olympique, triple champion du monde, etc. Un des plus beaux palmarès de la discipline et du sport français.
Le département du sport forme aussi des enseignants, et certains font ensuite un parcours à très haut niveau. C’est ainsi que Claude Onesta qui fut étudiant dans les années 1970 à Toulouse avant de devenir professeur d’EPS, est devenu un très grand entraîneur de Handball, au palmarès inégalé (plusieurs fois champion olympique, champion du monde, champion d’Europe). Il est aujourd’hui le « patron du haut niveau à l'Agence nationale du sport ».
Quand on lui parle de sa méthode il évoque toujours l’importance de « la dimension collective », conception qu’il partage avec un de ces anciens camarades à l’université qui a choisi le football, un certain Elie Baup.
Dans les rangs des escrimeurs, on trouve aussi d’anciens étudiants de l’Université. Gaël Touya étudiant en Staps dans les années 1990 pour devenir professeur d’EPS, a décroché notamment l’or au sabre par équipe aux JO d'Athènes en 2004. Il a pris sa retraite sportive la même année, et enseigne à la Faculté des sciences du sport et du mouvement humain (ex-STAPS) dans les spécialités « Escrime, méthodologie, enseignement, planification et programmation, entrainement sportif ».
Maxime Valet est un escrimeur handisport français, et il est lui, inscrit à la Faculté de Santé, où il est interne en médecine. Il a trois médailles de bronze olympiques : fleuret individuel et fleuret par équipe (2016 Rio), et fleuret par équipe (2021 Tokyo).
Tous les sportifs ne sont pas passés par le seul département de sport. Ainsi, dans le sport cycliste, Patrice Senmartin a suivi à l’Université un cursus en gestion des entreprises et des administrations et réussi son DUT. Ce Tarbais s’est ensuite illustré en tandem dans les compétions handisports, avec notamment une médaille d'or (kilomètre arrêté) aux JO de 1996, avec un record du monde à la clé. - Champion Paralympique du kilomètre arrêté à Atlanta et record du monde en 1 min 06 s 858 avec Thierry Gintrand.
Jean-Christophe Péraud est diplômé de l'IUT Paul Sabatier de Toulouse en génie chimique en 1998, avant de décrocher une licence puis une maîtrise en génie des procédés en 2000 et 2001 à Tarbes. C’est en VTT(Cross-country) qu’on le retrouve aux JO de Pékin en 2008 où il a fini deuxième. Son palmarès affiche d’autres résultats remarquables, dont une deuxième place du Tour de France 2014.
Quelques athlètes ont fréquenté le campus de Rangueil avant de briller sur la piste. Dominique Hernandez a suivi un cursus à l'UEREPS (futur STAPS), pour devenir professeur de sport. Après quelques titres de champion de France en saut en hauteur, c’est naturellement qu’il devient entraîneur. On le voit au côté d’Emmanuel Bangué qui a obtenu sa Licence de mathématiques à Toulouse et une 4ème place au JO d’Atlanta en 1996 juste derrière Carl Lewis, aujourd’hui il accompagne Raihau Maiau, athlète tahitien qui a décroché un Master Staps en entraînement à Toulouse (2019), une médaille de bronze aux Universiades (2017) et tente de se qualifier pour les JO de Paris. Et en bonus, le coach Hernandez a aussi été le préparateur physique du Stade Toulousain de 1993 à 2008, soit 7 Brennus et 2 coupes d’Europe.
Du côté des bassins, l’histoire entre sport et université est ancienne, on peut citer évidemment le grand Alfred Nakache, qui fut accueilli en 1942, quand les lois antijuives l’empêchaient d’être enseignant, le directeur du département d’enseignement du sport à l’Université lui a ouvert la porte. Il s’entraîne et est aussi « préparateur physique » pour les recrues des réseaux de résistance. Licencié aux Dauphins du TOEC, c’est là qu’il revient à son retour de déportation à Auschwitz, et il devient professeur de sport à la Faculté de droit. Il a participé aux JO de 1936 (4e avec le relais 4 × 200 m nage libre), puis aux JO de 1948 à Londres (200 m brasse papillon, et dans l’équipe de water-polo), ce qui est en soi une performance. La ville de Toulouse le croyant mort en déportation, avait donné son nom à la piscine municipale : le bassin d’hiver sur l’île du Ramier s’appelle toujours la piscine Alfred Nakache. C’est dans cette piscine que deux jeunes espoirs de la natation française qui préparent les JO 2024 à Paris, ont passé des heures à s’entraîner.
Assia Touati compte trois années d’études à l’Université et une licence STAPS obtenue en 2018, elle a suivi ses études avec le statut de sportive de haut niveau. Elle été ensuite finaliste à Tokyo en 2020, elle a porté la flamme à Toulouse le 17 mai 2024, et espère se qualifier.
Léon Marchand, né le 17 mai 2002 à Toulouse a littéralement grandi dans ce bassin, il fait par ailleurs des études d'informatique à l'université Toulouse-III Paul-Sabatier avant de partir pour les États-Unis. Il était aux JO de Tokyo en 2020, il a certainement l’intention de faire mieux que participer à ceux de Paris cette année.
Enfin, Toulouse oblige, même s’il n’est pas une discipline olympique dans la version « à 15 », impossible de na pas évoquer quelques grands noms du rugby qui ont fréquenté l’Université Paul Sabatier. Jean Fabre, joueur (1956-1965) puis président du Stade Toulousain (1980-1991), est Docteur es Mathématiques. Il a aussi été enseignant à l’École d’agronomie d’Auzeville (ENSFEA).
Pierre Villepreux, a été étudiant et professeur agrégé d’EPS, il a aussi été l’entraîneur de l’équipe « Math Toulouse » de l’Université Paul Sabatier, avec laquelle il a remporté le championnat universitaire Honneur en 1971. Arrière du Stade Toulousain de 1965 à 1975, il a par la suite été entre autres l’entraîneur de ce club de 1982 à 1989, avant de devenir celui de l’équipe nationale de 1995-1999. Il est alors nommé Directeur Technique national, le reste jusqu’en 2004.
Nombreux sont ceux qui ont suivi, et fréquenté le département STAPS puis F2SMH de l’Université Paul Sabatier : Christian Lanta qui avait été auparavant cadet puis junior au lycée Bellevue, juste en face, et qui a fait après sa carrière de joueur, une grande carrière d’entraîneur ;
Emile N’Tamack, grand arrière du Stade et de l’équipe de France est passé par le campus de Rangueil au début des années 1990 sans oublier d’ajouter une ligne à son palmarès : « Champion de France universitaire avec l’université Paul Sabatier de Toulouse » ;
William Servat a validé un Deug STAPS avant de devenir le talonneur du Stade Toulousain et de le rester jusqu’à sa retraite de joueur en 2013 ; enfin bien sûr, impossible d’ignorer que l’actuel demi-de-mêlée du Stade et de l’équipe de France, Antoine Dupont, a été étudiant en Staps à la F2SMH pendant 3 ans, accompagné par le Département du Sport de Haut Niveau de l’Université.
On le retrouvera sur les terrains de rugby à 7 pour les Jeux Olympiques 2024 à Paris.
Rédaction : Corinne Labat, Service Jardin Botanique et Collections Scientifiques, Université Toulouse III - Paul Sabatier.
[1] L’Etudiant, le 07 septembre 2016