Sous des cieux plus sûrs
Publié par Université de Montpellier UM, le 19 juillet 2016 1.7k
Des avions encore plus fiables : c’est ce que promettent les chercheurs d’EuroMov. Ces spécialistes du mouvement s’attaquent à un ennemi juré des pilotes : la désorientation spatiale.
Pouvez-vous distinguer le haut du bas ? Faire la différence entre monter et descendre ? Oui, bien sûr ! Facile quand on a les deux pieds au sol. Mais plus difficile aux commandes d’un avion ou d’un hélicoptère… « Les sens auxquels nous faisons appel pour maintenir notre équilibre et pour distinguer le haut du bas ne sont plus fiables quand nous sommes en mouvement sans référentiel extérieur », explique Benoît Bardy.
Cette confusion des sens peut entraîner chez le pilote une perception faussée de sa position et de son mouvement par rapport à la Terre. Il est alors victime de « désorientation spatiale ». Un phénomène encore mal compris et lourd de conséquences : 15 à 20% des accidents d’avion lui seraient imputables.
Sens dessus dessous
Pour étudier ce phénomène, Airbus et l’Onera, centre français de recherche aérospatiale, ont fait appel aux chercheurs d’EuroMov, le centre européen de recherche sur le mouvement et à ses spécialistes de l’orientation spatiale.
« Nous disposons d’un simulateur unique en France baptisé iMose qui nous permet de mettre les pilotes d’avion ou d’hélicoptère en situation pour analyser leurs réactions », explique le directeur d’Euromov. « Ils sont équipés d’un casque de réalité virtuelle pour reproduire le plus fidèlement possible les conditions de vol réelles », complète Jérémie Landrieu. Et bardés de capteurs pour mesurer leur stress, l’activité de leur cerveau ou encore le mouvement de leurs yeux.
Des vols plus sûrs
Objectif de ce projet baptisé CoSenses : améliorer la sécurité des vols. « Mieux comprendre la désorientation spatiale permettra de proposer des solutions pour en limiter les risques et diminuer le nombre d’accidents », souligne Benoît Bardy.
Et les pistes évoquées sont nombreuses : améliorer les programmes d’entraînement utilisés dans les écoles de pilotage, modifier l’ergonomie des cockpits ou encore optimiser les interfaces entre l’homme et la machine. « C’est un aspect important car en cas de désorientation spatiale il peut y avoir une contradiction entre les sensations ressenties par le pilote et les informations qui lui sont fournies par ses instruments de vol », explique Jérémie Landrieu.
« Le projet CoSenses qui va durer trois ans permettra de mettre au point un prototype pour une nouvelle interface homme-machine », précise Benoît Bardy. Une bonne nouvelle pour les quelques trois milliards de passagers qui prennent l’avion chaque année. Un moyen de transport qui est déjà le plus sûr, devant le train… et très loin devant la route, responsable d’1,24 millions de morts chaque année selon l'Organisation mondiale de la santé.
Photo : Le simulateur de mouvement iMose, conçu par Buck Engineering & Consulting, est constitué d'un bras robotique et d'une cabine de pilotage. (c) Patrick Aventurier
Retrouvez cet article dans LUM, le magazine science et société de l'Université de Montpellier.
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