SnapPlanet ! Partagez vos images satellites de la Terre en un clic !
Publié par Echosciences Occitanie, le 20 juin 2017 2.9k
Vendredi 9 juin 2017, au bord du Canal du Midi non loin du Centre National d’Études Spatiales (CNES), nous rencontrions Jérôme Gasperi, fondateur de SnapPlanet, le premier réseau social dédié au partage d’images satellites. Histoire d’un projet osé et avant-gardiste.
Un terrain de travail propice à son aspiration
Expert au CNES en système d’information géographique et en valorisation des données, Jérôme Gasperi conçoit et développe des applications pour faciliter la dissémination et l'utilisation des données d'Observation de la Terre et ainsi favoriser l'émergence de services innovants. Ses travaux sont notamment au cœur de la plateforme PEPS du CNES – la plateforme dédiée à la diffusion des images issues des satellites d’observation européens Sentinel. C’est en 2014, durant le développement de cette plateforme à vocation scientifique, qu’il développe l’idée de proposer au grand public ces images par le biais d’une application mobile – le concept de SnapPlanet né.
Homepage de l'application
Un réseau social comme inspiration
Pour que les utilisateurs ne se retrouvent pas en terrain inconnu, Jérôme s’est inspiré d’Instagram - le réseau social de partage d’images par excellence – pour concevoir l’application mobile. En téléchargeant le prototype disponible sur Android et iOS, vous trouverez quelques similitudes comme la possibilité de liker, les hashtags ou encore le partage de commentaires et le système d’abonnés/abonnements propre aux réseaux sociaux. Ce sont donc les données satellitaires provenant des satellites Sentinel qui sont accessibles sur SnapPlanet gratuitement. Ainsi, il est possible de prendre en photo n’importe quelle région de la planète puis de la publier sur l’application, mais pas seulement.
Publications sur SnapPlanet
En effet, les satellites Sentinel fournissant tous les 5 jours des images d’une largeur au sol de 290 km et d’une résolution de 10 à 60 mètres, l’application met à disposition une base de données riche, permettant à l’utilisateur d’obtenir une véritable chronologie évolutive d’images. Il est ainsi possible de comparer à différentes dates, un même endroit de la planète pour découvrir son évolution - évolutions dues à l’activité humaine comme la déforestation, l’urbanisme ou les conflits ; mais aussi les évolutions naturelles comme le rythme des saisons et ses impacts sur le paysage.
Comparaison avant/après du conflit irakien à gauche et de la fonte des glaces d'un mont d'une région de la Nouvelle-Zélande à droite
À qui s’adresse SnapPlanet ?
À tout le monde ! Curieux, comme experts ou scientifiques attirés par l’observation de la Terre ou simplement pour la beauté des images satellites. Le tout étant de créer une véritable communauté d’utilisateurs active et proactive. « Pour animer la communauté, je travaille sur un concept d’utilisateur référent auquel tous les utilisateurs seraient automatiquement abonnés. Cet utilisateur posterait tous les jours une photo spatiale en lien avec l’actualité accompagné d’une description détaillée. Cela permettra de guider les utilisateurs sur ce qu’ils peuvent faire avec la plateforme et les inciter à devenir en quelque sorte leur propre journaliste au travers des commentaires, des interactions et des questionnements » nous explique Jérôme.
Une page profil d'un utilisateur
Des fonctionnalités supplémentaires déjà en réflexion
À peine vient-il de lancer un premier prototype de son application que Jérôme pense déjà à l’après. Une communauté d'intérêts commence à se constituer en publiant régulièrement des images. Les idées de l’ingénieur fusent et il nous confie quelques-unes des fonctionnalités futures de l’application. Passage à la très haute résolution, intégration de filtres pour modifier les images, de GIFs pour créer des animations temporelles, création de groupes de discussions et de discussions privées à l’instar des plus célèbres réseaux sociaux. « Une des grandes étapes du développement est de fournir des images de très haute qualité avec des résolutions submétriques. Pour cela, je suis en discussion avec des fournisseurs de données commerciaux comme Airbus par exemple. »
Une publication d'image - Adrar, Mauritanie
Et dans un futur proche …
Lorsqu’on demande à Jérôme comment il voit le futur de son application en invoquant les importantes avancées technologiques de notre siècle, encore une fois, ses idées ne manquent pas. « L’ayant appelée SnapPlanet, je faisais aussi un pari sur l’avenir [rires] ! On peut tout à fait étendre le concept de cette application à d’autres planètes. Par exemple, nous disposons d’images de toute la surface de Mars à 5 mètres de résolution. L’idée n’est pas de se cantonner aux données provenant de Sentinel et de la Terre mais bien d’explorer toutes les possibilités offertes par la technologie d’aujourd’hui et de demain – à commencer par intégrer des images ou des vidéos provenant de drones de la Terre ou des images fournies par des sondes sur d’autres planètes. » confit-il.
Jérôme voit loin et ne manque pas de s’inspirer de ce qui marche déjà ! « Dans un avenir proche, avec la très haute résolution, un utilisateur pourra se prendre même en selfie depuis l’espace avec un satellite qui passera au-dessus de sa tête ! C’est une fonctionnalité que j’ai dans les cartons et à laquelle je travaille déjà. »
Possibilité de commenter une photo - San Giorgio Maggiore, Italie
Pari osé à qui tenterait de créer un réseau social à l’heure de la suprématie de Facebook, Twitter ou encore Instagram. Soutenu par le CNES, Jérôme a développé depuis février dernier sa start-up. Une année d’accompagnement pour lancer officiellement SnapPlanet, trouver des partenariats prolifiques et rendre son application la plus ergonomique possible. « Le futur de SnapPlanet dépendra en grande partie de la manière dont la communauté s’emparera de l’application ! À cela, je tenterai au maximum de différencier l’application des réseaux sociaux existants en ajoutant des fonctionnalités innovantes, spécifiques aux données satellitaires ! » conclut le fondateur de l’application.
Bien que disponible sur les plateformes de téléchargement mobile, SnapPlanet n’est pas encore officiellement lancé. Cependant, l'engouement qu'ont provoqué Thomas Pesquet et ses prises de vues de la Terre depuis l'ISS laisse à penser que l'intérêt et la fascination pour les images spatiales sont bien là. Présage d'une belle réussite pour le concept de Jérôme Gasperi ? Seul l'avenir nous le dira.
En savoir plus :
- Sur SnapPlanet et son téléchargement
- Sur les satellites d’observation Sentinel-2 de l'Agence spatiale européenne développée dans le cadre du programme Copernicus.
- Sur la plateforme PEPS du CNES