Au lycée St-Gabriel de St-Affrique, comme dans tous les lycées à peine un peu plus d’un mois du bac, les élèves de terminale sont lancé-e-s sur la dernière ligne droite avant l’examen. Fiches, exercices d’annales… avant même d’avoir tout à fait terminé le programme, il faut déjà penser à tout réviser.

Mais ici, pour certains élèves de terminale volontaires, il y a une façon ludique d’allier révisions et… jeu de rôle.

Ce « serious game » (traduire : jeu sérieux) a été conçu par ma collègue de SVT, Christine, et moi même, prof de philosophie, il y a déjà quelques années. Le but était de créer un moment vivant dans lequel nous pousserions nos élèves à revoir certains points du programme (immunologie, détermination des groupes sanguins et utilisation d’un programme d’analyse de l’ADN en SVT et questionnement moral et politique en philo, à travers notamment les textes de Kant, Hobbes et Rousseau étudiés en cours) mais d’une manière originale et amusante.

Nous avons donc imaginé un scénario, du genre très apocalyptique.

Une épidémie de zombies s’est déclarée. Le monde tel qu’on le connaît a disparu et les derniers être humains luttent pour survivre. Par chance, certains, dont nos élèves de terminale, ont pu s’abriter dans un bunker de l’armée. Ils jouent le rôle de scientifiques et ont, par bonheur, un laboratoire sous la main.

La suite se passe en trois moments, trois séances différentes, espacées d’une semaine chacune.

Séance 1 : après la présentation du scénario, nos survivants et survivantes sont confronté-e-s à deux événements, qu’ils-elles vont devoir gérer.

- Tout d’abord, un groupe de survivant-e-s arrive au bunker et demande de pouvoir s’y abriter également. Après les avoir placé en quarantaine, les élèves doivent concevoir un test afin de vérifier si ces nouveaux-elles arrivant-e-s ont été contaminé-e-s par le virus Z. C’est le moment pour les Terminales Scientifiques de réviser le test Ouchterlony.

Après ce test, dont les résultats ne seront connus que lors de la séance suivante, un autre problème survient : une bagarre a éclaté dans le bunker et un survivant en a tué un autre. Comment réagir ? Que faire du meurtrier ? Les élèves, en s’appuyant sur leur lecture d’extraits du Contrat Social de Rousseau et du Léviathan de Hobbes, doivent rédiger la constitution du bunker.

Séance 2 :

- Les résultats du test ont parlé, certain-e-s des arrivant-e-s ont été contaminé-e-s par le virus Z. Placé-e-s en quarantaine, leur transformation en zombies a confirmé le test pour un certain nombre… mais pas pour tous-tes. Quelques individus répondent en effet positif au test Ouchterlony, sans s’être transformés pour autant. Sont-ils immunisés ? Ils font partie d’une même famille (une mère et ses enfants) peut-être faut-il chercher la cause de cette immunité dans leurs points communs. Première hypothèse à tester : le groupe sanguin. Les élèves doivent réaliser un test pour déterminer les groupes sanguins des arrivant-e-s. Les résultats du test sont connus immédiatement et l’hypothèse n’est pas retenue.

- Un autre événement survient alors et occupe les élèves : on découvre dans le laboratoire une machine qui permet de repousser les zombies grâce à des ondes. C’est une véritable aubaine pour créer une zone sûre autour du bunker, et permettre des sorties afin d’aller chercher de la nourriture qui commence à manquer au bunker. Mais lorsqu’elle est enclenchée, la machine pousse les zombies à fuir vers le sud. Or, une radio dans le laboratoire permet aux élèves de savoir qu’un autre groupe de survivant-e-s se trouve justement au sud. Allumer la machine reviendrait à envoyer sur eux une véritable horde de morts-vivants, et donc à les condamner. Cela donne lieu à un dilemme moral. En prenant appui sur un texte de Hume ainsi que sur les principes moraux de Kant et la vision de Machiavel, les élèves doivent prendre une décision et la justifier.

Séance 3 :

- Certains des individus contaminés qui ne s’étaient pas transformés jusque-là sont finalement devenus des zombies, mais avec un temps de retard important par rapport aux transformations ordinaires. D’autres, contaminés également, ne se sont toujours pas transformés, trois semaines après le premier test. L’hypothèse du groupe sanguin n’ayant finalement pas été retenue, les élèves doivent à présent effectuer une analyse génétique, afin de comprendre la cause de ce phénomène. Ils -Elles vont découvrir différents génotypes chez le groupe de survivant-e-s arrivé au bunker, dont un qui immunise contre le virus Z (2/2) (voir tableau ci-dessous)

- Alors qu’ils-elles viennent tout juste de faire cette découverte encourageante, un groupe qui était parti chercher de la nourriture à l’extérieur du bunker revient avec de mauvaises nouvelles. L’un d’eux a été tué, mais pas par un zombie, par un autre groupe, des être humains, qui les ont attaqué-e-s. Le danger ne semble plus venir exclusivement des zombies… A partir d’un texte de Hobbes extrait du Léviathan, les élèves doivent prendre une décision (essayer de négocier, se retrancher, attaquer, fuir…) et la justifier.

Cet atelier de révision SVT / Philo est mis en place au mois d’avril-mai, tous les ans, par ma collègue de SVT et moi-même. Les élèves s’y laissent prendre au jeu, s’immergent dans le scénario, qu’ils prennent très au sérieux, et révisent des points importants de leurs programmes de SVT et de philo, sans même s’en rendre compte.

Le scénario, inspiré de la BD Zombies d’Olivier Péru, rend ce moment de révision exaltant.