Restaurons les modèles anatomiques du Dr. Auzoux !

Publié par Patrimoine Université Toulouse III - Paul Sabatier, le 14 mars 2018   1.9k

Du 18 avril au 30 juin 2017, l'Université Toulouse III-Paul Sabatier (UT3-PS) et l’École Nationale Vétérinaire de Toulouse (ENVT) ont mené, en partenariat, une campagne de crowdfunding.

L'objectif : préserver et restaurer les pièces anatomiques du Dr. Auzoux. Les dons permettront de financer différents niveaux de restauration. Cet article vous donne les clés pour comprendre en quoi consistent ces interventions.


La conservation-restauration, qu’est-ce que c’est ?

Elle regroupe toutes les actions cherchant à protéger les objets d’une collection et à prolonger leur durée de vie. Il existe plusieurs moyens de “conserver” le patrimoine. La conservation préventive consiste à intervenir sur l’environnement des objets afin d’éviter qu’ils se dégradent. Il s’agit par exemple de réguler la température et l’humidité des réserves ou veiller à ce qu’elles restent saines et propres. La conservation curative quant à elle vise à agir sur un objet qui est en train de se détériorer, comme c’est le cas lorsqu’on arrête d’urgence une infestation. L’action de restaurer consiste à intervenir directement sur un objet dégradé et illisible comme c’est le cas pour les retouches de couleur. L’objectif de la restauration est de rendre l’objet compréhensible pour le public.

Comment restaurer un élément du patrimoine ?

Restaurer le patrimoine est une action qui demande des compétences techniques et scientifiques poussées. Il est important de respecter l’intégrité des objets afin de ne pas compromettre leur sens ni leur histoire et leur matérialité. Toute action entreprise doit obligatoirement s’accompagner d’une étude des matériaux de l’objet à traiter. Cela permet de définir les produits à utiliser pour réaliser les interventions de restauration. Ils doivent être réversibles et stables. Le restaurateur pourra donc facilement les retirer des années après si besoin sans endommager les matériaux d’origine. Les conservateurs-restaurateurs sont donc de véritables spécialistes des matériaux, de leur composition à leur dégradation possible. D’ailleurs, les ateliers de restauration appelés pour les modèles anatomiques du Dr. Auzoux de l’UT3-PS et de l’ENVT ont déjà eu affaire dans le passé à ce type d’objet en papier mâché.

Pourquoi restaurer les pièces anatomiques du Dr. Auzoux de l’UT3-PS et de l’ENVT ?

Les quatre pièces anatomiques présentent chacune leurs particularités. Elles se sont détériorées de manières différentes en fonction de leur taille et de leur histoire dans les collections. Ainsi l’œuf est fortement empoussiéré et sale. Il est important de procéder à un dépoussiérage car la poussière a tendance à absorber l’humidité de l’air. Cela peut entraîner des dommages irréversibles comme le gonflement de la surface ou l’apparition de moisissures. Le dindon souffre d’un autre mal, sa surface peinte se craquelle. Certaines parties de la peinture trop fragiles sont tombées et sont malheureusement définitivement perdues. Le conservateur-restaurateur devra refixer les écailles avec un gel adhésif afin que celles-ci ne tombent pas. Le cheval quant à lui a déjà fait l’objet de retouches. Son poitrail avait été endommagé, seulement, les produits utilisés ont mal vieillis et la zone est devenue marron. Le spécimen a également subi des dommages liés à son utilisation pédagogique. Certaines pièces démontables n’ont pas été remises à leur place et se sont déformées avec le temps. Enfin, la vipère a subi des dommages dus à un mauvais stockage. En effet, elle est criblée de fientes d’oiseaux qui ont eu avec le temps un effet corrosif sur la matière. Un solvant permettra de retirer le dépôt mais des retouches seront nécessaires pour retrouver le même aspect coloré que les parties saines. Malgré un aperçu plutôt négatif de l’état de ces modèles anatomiques, nous espérons qu’ils retrouvent un aspect proche de leur état originel.

Plus d’informations sur la conservation-restauration sur le site Internet de la FFCR (Fédération Française de la Conservation-Restauration) : https://www.ffcr.fr/


Texte : Marie Zdyb

Photos : © Service de Biologie animale, Collection de zoologie, UT3-PS et Marie Zdyb