Quand la géologie rencontre la bière : retour sur le Frames Web Video Festival
Publié par Instant Science, le 11 février 2021 1.5k
Article rédigé par Linsey Yvette Mouatcho
Le festival est créé en 2016 par 3 vidéastes, Patrick Baud (Axolot), François Theurel (Le Fossoyeur de Films) et Mathieu Pradalet (French Food Porn). Leur idée : proposer un événement mettant en lumière le monde de la création vidéo sur le web dans une ambiance conviviale. Cette année, pour des questions sanitaires, les organisateurs ont imaginé le festival en deux temps : une version itinérante dans 5 villes de France métropolitaine avec des intervenants locaux et une version festival les 24 et 25 octobre à Avignon. L’équipe a démarré son roadtrip à Montpellier le mardi 22 septembre 2020 au château Flaugergues et on y était !
C’est en compagnie de Valentine (Science de comptoir) et du très houblonné Jivay (Une bière et Jivay) que la 5ème édition du festival a débuté. Nos deux vulgarisateurs sont venus nous donner un petit aperçu de leurs contenus. Et dans la salle il y avait du beau monde ! Viviane Lalande (Scilabus) ou encore Léo Grasset (Dirty Biology) étaient présents lors de ce festival à “taille humaine” qui a pu réunir une trentaine de passionnés.
La terre, rien d'autre qu'un kinder surpirse ?
Que contient le cœur de notre Terre ? Comment savoir ce qui se cache sous nos pieds ? Ces questionnements occupent l’esprit des Hommes depuis plusieurs siècles. L’option la plus simple reste de creuser, tout simplement. Valentine nous apprend que c’est sur cette idée qu’a débuté le forage profond de Kola en Russie dans les années 70. Ce forage, qui a duré près de 20 ans, a permis de pénétrer la croûte terrestre en atteignant environ 12 km de profondeur. Cette croûte comprend la croûte continentale et la croûte océanique. Elle correspond à la partie superficielle et solide de la Terre et peut atteindre jusqu’à 30 km d’épaisseur.
Qu’y a-t-il donc derrière cette croûte ? Hélas, creuser plus profondément devient quasiment impossible et ce pour plusieurs raisons dont la température très élevée. Si l’on ne peut pas toucher avec les mains, pourquoi ne pas observer ?
C’est tout l’intérêt des ondes sismiques. Le comportement de ces ondes varie en fonction de l’état (solide, liquide, gazeux) et de la densité de la couche traversée. Par exemple, certaines de ces ondes se propagent uniquement dans les milieux solides, tandis que d’autres se propagent aussi bien dans les milieux solides, liquides que gazeux. L’analyse de leur comportement permet ainsi de faire une échographie de la Terre. C’est comme cela que nous avons pu apprendre qu'après la croûte se trouve une couche molle et solide à la fois : la LVZ (zone de moindre vitesse). Ou encore qu’une couche liquide, le noyau externe, entoure le noyau interne et solide de la Terre. Ce noyau interne, à mesure que la Terre vieillit et refroidit, grossit au détriment du noyau externe.
Qu’adviendra-t-il de la Terre si cette couche liquide disparaît ? Valentine n’a pas la réponse à cette question. Jivay non plus. Mais il a de la bière et nous propose également d’en connaître la composition.
La bière comme vous ne l'avez jamais bue
Jivay nous apprend que la bière est composée en grande majorité d’eau, de 3 à 8L pour 1L de bière. Ou que le malt n’est aucunement responsable du degré d’alcool, mais plutôt de la couleur de la bière. La composition de la bière suscite de l’intérêt depuis plusieurs millénaires. Par exemple, l’Hymne à Ninkasi explique, en chanson, comment et dans quoi brasser et consommer la bière sumérienne. Cet hymne date du XVIIIème siècle av J.-C. et fait honneur à Ninkasi, la déesse de la bière dans la mythologie sumérienne. Pour les plus curieux, une traduction en anglais de cet hymne par le sumérologue Miguel Civil (chercheur à l’Institut Oriental de l’Université de Chicago) est disponible en fin d’article. La bière occupe une place centrale dans la culture sumérienne, comme dans bien d’autres cultures, et les techniques de fabrication sont diverses et variées.
Les Desana par exemple (peuple amérindien) fabriquent leur bière, la chicha, par mastication de céréales comme le maïs ou de racine comme le manioc. La fermentation se fait à l’aide des enzymes ptyalin présents dans la salive. La brasserie islandaise Stedji brewery brasse quant à elle une bière, pour le Thorri festival, avec des testicules de baleine préalablement fumées sur des bouses séchées de mouton.
Vous l’aurez compris, la bière suscite, autant par sa composition que par ses effets sur l'organisme, la curiosité des Hommes depuis bien des siècles. Par exemple, Aristote pensait que parce qu’elle est une substance stupéfiante, la bière provoque une chute en arrière contrairement au vin, substance étourdissante, qui provoque une chute en avant ou sur les côtés.
Finalement, la bière est bien plus qu’un breuvage. Pour Jivay, c’est un moyen d’accéder à divers domaines. La microbiologie par exemple, comme nous le montre la brasserie australienne 7 Cent Brewery qui a créé une bière à base de levures trouvées dans le nombril de ses employés. Ou encore la politique avec les Spitfire britannique qui, après le débarquement en Normandie en 1944, transportaient des tonneaux de bière à la place des bombes pour remonter le moral des soldats anglais.