PORTRAITS ET CONFIDENCES DE CHERCHEUSES: Neurosciences pour tous ! Portrait de deux « activistes »
Publié par Genopolys Montpellier, le 30 janvier 2017 3.3k
Nous mettons aujourd’hui à l’honneur deux femmes d’exception, attachantes et hyperactives : Gina Devau et Isabelle Chaudieu.
Faisons les présentations.
Enseignante et Chercheuse en Neurosciences, Gina Devau enseigne à la Faculté des Sciences de l’Université de Montpellier. Ses travaux de recherche, au sein de l’Unité INSERM U1198, portent sur les modifications du cerveau induites par le vieillissement et la maladie d’Alzheimer.
Gina, dans
son bureau à la faculté des sciences de l'Université de Montpellier,
entourée de ses projets multiples : Recherche, Enseignement, Animation
Scientifique.
Isabelle Chaudieu quant à elle, est Neurobiologiste,
Chargée de Recherche à L’INSERM. Ses travaux de recherche, au sein de l’équipe
INSERM U1061 de psychiatrie, portent sur l’étude des états de stress
post-traumatiques et dépressifs induits par des traumatismes de la vie. Isabelle
est par ailleurs responsable sur Montpellier, du programme "13 novembre" qui
vise à étudier comment la mémoire collective se construit à partir des mémoires individuelles des attentats de Paris.
De nombreux dossiers à gérer
derrière lesquels nous apercevons Isabelle, dans son bureau à l’hôpital La
Colombière à Montpellier (Projets de Recherche, Animation Scientifique)
Pourquoi nous sommes attachés à ce binôme ?
Gina et Isabelle sont indéniablement complémentaires. Elles se sont rencontrées il y a une vingtaine d’années et partagent une volonté commune, celle de contribuer avec énergie et enthousiasme à la diffusion de la culture scientifique dans le domaine des Neurosciences (tout en menant en parallèle leurs travaux respectifs de recherche et d’enseignement pour Gina).
« Pourquoi cette envie de faire de la diffusion de la culture scientifique en Neurosciences ? »
Gina nous explique que le métier de chercheur vise à produire des connaissances par une démarche scientifique expérimentale et une interprétation des résultats. Le métier d’enseignant, qu’elle exerce corolairement, implique par essence une transmission des savoirs actuels aux étudiants.
La diffusion de la culture scientifique auprès du grand public fait partie des missions des chercheurs et des enseignants-chercheurs.
Toujours selon Gina, cette mission de diffusion du savoir est un véritable enjeu de service public, car, d’une part, la collectivité nationale finance la recherche publique, ce qui indirectement en fixe les grandes orientations (un public avisé et informé des progrès de la recherche sera en effet plus à même de faire des choix adaptés), d’autre part, elle constate que la culture scientifique reste trop souvent centrée sur un public « sachant » déjà initié, dès lors élargir ce public au plus grand nombre (ce, dès le plus jeune âge) demeure le grand défi à relever.
Une part non négligeable des neurosciences consiste à comprendre le fonctionnement du cerveau, ce qui nous concerne tous, à tout âge. La diffusion de ce savoir spécifique auprès du grand public nécessite selon Gina non seulement le goût de la transmission aux autres avec l’envie de rendre accessible et compréhensible les neurosciences, mais aussi le plaisir des rencontres et du contact humain. Les traitements pour de nombreuses pathologies du système nerveux ne sont pas encore disponibles. Aller à la rencontre du public permet de pouvoir informer les familles concernées par des maladies du système nerveux des dernières avancées de la science.
Pour Isabelle (chercheuse à l’INSERM), travailler sur le « cerveau » relève de la vocation. La diffusion de son savoir scientifique auprès du public représente dès lors une transmission de sa passion. Pour elle, l’opportunité d’avoir fait des études et d’avoir atteint son « idéal » professionnel est une richesse à partager. Les plus grandes qualités d’un chercheur sont le suivantes, à savoir la curiosité, l’intégrité, un intérêt scientifique pour différents domaines et le besoin d’échanger et d’interagir avec d’autres chercheurs.
Ces qualités sont également nécessaires pour la médiation scientifique, Isabelle en a fait l'expérience au cours d'ateliers qu'elle a animés dans le cadre de la "fête de la science" il y a quelques années. Elle a décelé l'émerveillement dans les yeux des enfants, qui pouvaient pour la première fois observer des cellules sous un microscope, et surtout constaté que leurs questions, qui semblaient naïves au premier abord, se révélaient souvent très pertinentes. L'opportunité d'échanger avec le grand public, de changer l'image des maladies psychiatriques dans la société et de dé-stigmatiser ces maladies et les individus qui en sont atteints, représentent une motivation supplémentaire pour Isabelle. Ainsi, la rencontre avec ce nouveau public a permis à Isabelle d'avoir un certain recul sur sa propre recherche, de repenser les choses autrement et a été une source de réflexion pour construire de nouveaux projets de recherche.
En bref, un échange Gagnant-Gagnant.
Voici une liste non exhaustive de
la participation de Gina et Isabelle à la vulgarisation scientifique en
Neurosciences :
1) Membres de la « Société des Neurosciences » (une association qui coordonne la « semaine du cerveau » au niveau national) depuis plus de 25 ans
2) Coordinatrices de la "semaine du cerveau" (manifestation annuelle grand public gratuite) à Montpellier depuis 2014, futures coordinatrices de la « semaine de la mémoire » en 2018.
Gina et Isabelle animant une réunion préparatoire de la semaine du cerveau à Genopolys
3) Gina et Isabelle sont respectivement Présidentes et co-présidentes de l’association "La Comédie Des Neurones", association, créée en 2015, qui a pour objectif de faire découvrir au grand public les avancées dans la Recherche en Neurosciences et les progrès dans les traitements des maladies neurologiques et psychiatriques.
Elles ont créé cette association afin de permettre à une Communauté des Neurosciences, fortement impliquée dans la médiation scientifique, d’avoir une visibilité locale et sociétale, pour le plus grand bénéfice du grand public et des acteurs territoriaux. Cette communauté des Neurosciences s’est formée par le biais d’un groupe de travail, union de bonnes volontés, prenant plaisir à travailler ensemble et regroupant de nombreuses disciplines des Neurosciences (Recherche et Enseignement Universitaire, Recherche dans les EPST (Etablissements Publics à caractère Scientifique et Technologique), Recherche Médicale, Etudiants du Master 1 au Doctorat). La Comédie des Neurones vise à vulgariser les Neurosciences au travers d’ateliers pour les enfants, de séances de cinéma suivi de débats, de conférences, de pièces de théâtre et de ciné-club.
A plus long terme, il serait envisageable d’ouvrir cette communauté des Neurosciences aux sciences humaines et sociales pour le coté philosophique. Gina et Isabelle souhaitent fortement que les actions de diffusion des connaissances en Neurosciences orchestrées par « La Comédie des Neurones », contribuent à faire changer les regards de la Société sur les maladies psychiatriques et sur les personnes qui en sont atteintes.
Gina fière de présider « La Comédie Des Neurones »
4) Gina est également membre du conseil scientifique de l’ « Agora des Savoirs » (cycle de conférences grand public proposé par la Mairie de Montpellier).
Enfin, Gina et Isabelle ne se contentent pas de coordonner, fédérer et organiser des manifestations grand public, elles animent elles-mêmes des ateliers, des débats et donnent des conférences et ce depuis de nombreuses années. Il était ainsi temps de mettre en exergue toutes leurs initiatives visant à fédérer toute une communauté de l’ex-région Languedoc-Roussillon.
Magali Kitzmann