Ma Thèse Sur Un Mur : vulgariser la science grâce à l’art urbain
Publié par Zoé Bacon, le 28 décembre 2021 1.3k
En 2019 est né le projet Ma Thèse Sur Un Mur, grâce à l’implication d’un doctorant de l’Université Toulouse 2 Jean Jaurès et d’un laboratoire de recherche scientifique toulousain. Aujourd’hui, ce projet est en suspens à cause de la crise sanitaire, mais il a permis de mettre en relation la France et l’Amérique Latine, sur fond d’art et de sciences. Retour sur la première édition de Ma Thèse Sur Un Mur à Toulouse.
La naissance du projet :
Le projet est né en 2019 de la volonté d’un étudiant de l’Université Toulouse 2 Jean Jaurès : Daniel Virguez. Après avoir suivi des études de cinéma en Colombie, Daniel a réalisé deux masters au sein de l’Université Toulouse 2 Jean Jaurès. Mais c’est lorsqu’il a commencé son doctorat et le développement de sa thèse sur la diffusion des savoirs que l’idée du projet lui est venue.
C’est en travaillant en collaboration avec le laboratoire LARA SEPPIA que Ma Thèse Sur Un Mur a vu le jour. En effet, cette unité de recherche composée de deux équipes au sein de l’Université Toulouse 2 Jean Jaurès a comme point d’ancrage la création-recherche dans les domaines de l’audiovisuel et de l’art. Les deux équipes (LARA et SEPPIA) structurent les recherches autour du cinéma, des arts appliqués, de l’audiovisuel, des arts plastiques et numériques et du cinéma d’animation.
Composée de doctorants et doctorantes de tous les horizons, les thèses soutenues abordent divers sujets tels que le cirque et l’audiovisuel, la mythologies archéologique, le film argentique ou encore le cinéma tchèque.
Daniel Virguez réalise sa thèse sur la coproduction internationale en stop motion. Originaire de Colombie, il souhaite faire le lien entre l’Amérique Latine et la France dans la plupart des projets qu’il met en place.
En effet, il participe en parallèle à un projet nommé Latino’Graff, qui est un festival d’art urbain créé à Toulouse en 2016. Regroupant deux associations, l’une française (Guayabo Colectivo) et l’autre colombienne (Cartel Urbano), le festival met en relation des artistes urbains latino-américains et français afin de réaliser des fresques, graffitis, peintures et autres œuvres d’art sur les murs de Toulouse.
Grâce à ses forts liens avec l'Amérique Latine et son projet de thèse, Daniel Virguez a eu l’idée de monter un nouveau projet, mêlant encore une fois l’art urbain avec ses racines et la recherche académique : Ma Thèse Sur Un Mur.
Ma Thèse Sur Un Mur : c’est quoi ?
Toujours dans l’idée de créer une passerelle entre l'Amérique latine et la France, sur fond d’art urbain, Daniel Virguez a donc eu l’idée de créer en 2019 le projet Ma Thèse Sur Un Mur.
L’objectif est simple : favoriser la diffusion et l’accessibilité du savoir au plus grand nombre, en mettant en avant des artistes latino-américains à Toulouse. L’idée est de mettre en place une collaboration entre le street art et la science, pour rendre accessible des sujets scientifiques au grand public tout en mettant en avant l’art urbain. De plus, l’internationalité du projet permet aux participants d’établir des liens et des rencontres multiculturelles.
Ayant déjà une précédente expérience dans la réalisation de fresques, notamment avec le Festival Latino’Graff, il a paru évident et naturel pour Daniel de lier ses deux passions pour permettre de voir émerger des contenus plus académiques dans l’art urbain.
Plusieurs acteurs ont pris part au projet et ont permis d’obtenir des financements pour la réalisation : tout d’abord, le laboratoire LARA SEPPIA, qui a permis à Daniel de réaliser sa thèse et de porter le projet. Il y a également l’Université Toulouse 2 Jean Jaurès ainsi que Lucie Merlhe et Elisa Martinez, deux volontaires étudiantes en Master au sein de l’Université.
Enfin, le projet n’aurait pas vu le jour sans la participation de Campus France, un organisme français qui a pour but de promouvoir l’enseignement et les formations françaises à l’étranger.
Lucie Merlhe, Daniel Virguez et Elisa Martinez, organisateurs de @MaThèseSurUnMur
Ma Thèse Sur Un Mur met en relation l’art et la recherche académique en créant des binômes composés d’un(e) doctorant(e) et d’un(e) artiste urbain, qui vont travailler ensemble le temps du projet en réalisant une fresque murale imaginée par l’artiste portant sur la thématique de thèse du doctorant(e).
Le projet s’est déroulé selon plusieurs étapes.
Premièrement, un appel à candidature a été lancé par l’Université Toulouse 2 Jean Jaurès et le laboratoire LARA SEPPIA, auprès de doctorants issus des universités toulousaines (toutes thématiques confondues). Un second appel à candidature a été lancé en France et en Amérique Latine pour sélectionner les artistes qui réaliseront ces fresques. De plus, la création d’un jury composé de membres scientifiques et d’artistes permet de former les binômes de manière arbitraire avec un(e) doctorant(e) et un(e) artiste. Le tirage se fait “à l’ancienne” : les noms des participants sont écrits dans un bol (on sépare les doctorant(e)s des artistes) et le jury pioche tour à tour deux noms pour constituer les binômes.
Chaque doctorant est par la suite invité à rencontrer son binôme pour lui expliquer son projet de thèse, à l'issue duquel les artistes réalisent une œuvre au format 70x50cm. Dans un premier temps, ces œuvres produites en petit format sont jugées par le jury qui en sélectionne seulement 20, qui sont ensuite exposées dans deux endroits toulousains : l’Eurêkafé, un “café des curiosités”, ainsi qu’à la Maison de la Recherche.
A l’issue du vote par le jury, l’artiste dont l'œuvre à été désignée comme étant la meilleure (selon le critère de la relation entre l’esthétique et la compréhension de la thèse) a la possibilité de la réaliser sous forme de fresque murale géante dans une ville d’Occitanie.
Retour sur l’unique édition jusqu’à présent réalisée
Pour le moment, une seule édition à vu le jour en 2019. La crise sanitaire n’a pas permis de renouveler le projet en 2020 ni en 2021, puisque les artistes venus d’Amérique Latine ne pouvaient pas se déplacer, mais Daniel Virguez et les organisateurs de Ma Thèse Sur Un Mur sont optimistes quant à la prochaine édition, qu’ils espèrent voir le jour en 2022.
On a reçu plus de 150 thèses du Maroc, de l’Australie, d’Amérique Latine…
Daniel Virguez, à propos de l'édition 2019
Pour cette première et unique édition donc, ce sont au total plus de 150 doctorants et doctorantes qui ont répondu favorablement à l’appel de candidature lancée par l’équipe projet.
Ma Thèse Sur Un Mur a réuni 40 artistes de France et d’Amérique Latine, et un jury composé de 4 personnes :
- Jean-Claude Yakoubsohn, Professeur émérite à l’Institut de Mathématiques de Toulouse
- Émilie Depons, travaille pour l’agence Campus France depuis 13 ans dont 2 ans sur Toulouse
- François Gautret, Directeur de l’Urban Art Fil Festival de Paris
- Bastardilla, Peintre de rue et Auteure d’illustrations originales d’origines colombiennes
Le binôme gagnant de cette édition se compose de Mathilde Bergamelli, sage-femme et doctorante en virologie, accompagnée de Heitor Corrêa, artiste “réaliste magique” originaire du Brésil et vivant actuellement au Portugal.
Mathilde a réalisé sa thèse sur le cytomégalovirus (CMV), un virus qui peut se transmettre au fœtus par le sang et qui provoque des troubles du développement.
Tous les doctorants ont reçu un mail de présentation, et je trouvais l'aspect visuel et artistique du projet très intéressant. J'ai été sélectionnée sur un résumé de ma thèse et on m'a attribué un artiste, Heitor Corrêa, qui est brésilien.
Mathilde Bergamelli, doctorante gagnante pour la première édition de Ma Thèse Sur Un Mur
Heitor Corrêa, cherche à travers son travail à mettre en avant le contraste entre l’espace urbain et l’espace “naturel”, entre fantasmes et réalité.
Ensemble, ils ont travaillé sur l’élaboration d’une fresque murale représentant le projet de thèse de Mathilde, qui fût finalement peinte sur l’arche principale de l’Université Toulouse 2 Jean Jaurès.
La fresque murale finale sur l'arche de l'Université Toulouse 2 Jean Jaurès, @MaThèseSurUnMur
On souhaite à Daniel Virguez et toute l’équipe de Ma Thèse Sur Un Mur une bonne continuation, en espérant que la situation sanitaire permettra la réalisation des prochaines éditions à venir !
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Interview réalisée et écrite par Zoé Bacon en Décembre 2021.
Crédits photos : Ma Thèse Sur Un Mur / LARA SEPPIA