Ma Thèse en Jeu Vidéo : Ils témoignent !
Publié par Genopolys Montpellier, le 25 mars 2018 3.4k
Il ne reste plus que quelques heures avant la fin. L'agitation du début est progressivement revenue. Certaines équipes sont encore studieuses, d'autres commencent à s’exciter. Les dernières heures sont consacrées à la correction des bugs, aux derniers ajustements graphiques, les étudiant.e.s mettent en commun les différents éléments (graphismes, animations et scriptes de code) pour faire fonctionner le jeu. Nous profitons de ce moment pour rencontrer quelques participants et organisateurs. Au travers de 5 témoignages, nous comprenons mieux ce qui motive à participer à un tel événement.
Claire, doctorante à l’Institut de Génétique Moléculaire de Montpellier
Quel est le scénario de ton jeu ?
On a repris l’idée d'une cellule qui peut devenir un autre type de cellule et on l’a assimilé à un alchimiste qui élabore une recette. L’alchimiste est derrière un chaudron qui représente la cellule en fait.
Le joueur va devoir rajouter des éléments dans la recette de l’alchimiste qui vont permettre de serrer ou d’ouvrir l’ADN de la cellule. Ainsi, suivant la combinaison, le joueur pourra faire des neurones, de la peau ou des muscles et ainsi créer un humain. Cette création dépend totalement du nombre d’éléments ajoutés dans le chaudron.
Derrière mon jeu, l’idée est de faire passer le message que nos cellules ont le même ADN à l’intérieur, mais selon la manière dont il se structure (serré, ouvert ou collé aux membranes), on a différent type de cellules qui se développent. Dans mon travail de thèse, j’utilise du vert et du rouge pour colorer l’ADN (car il est invisible), pour suivre ces changements de structuration. Du coup, dans le jeu, ces couleurs seront reprises dans les éléments que l'on ajoutera dans le chaudron.
Pourquoi avoir participé à Ma Thèse en Jeu Vidéo ?
Je joue beaucoup aux jeux vidéo, donc c’est sûr que l’idée de représenter une thèse à travers un jeu vidéo est tout simplement géniale ! Je pense aussi que le jeu vidéo est un bon moyen pour toucher un public jeune. Ça peut permettre de créer un véritable enthousiasme autour d’un sujet scientifique.
En quelques sorte, mon jeu pourra donner une première approche qui invite à en savoir plus sur le fonctionnement de l’ADN. C’est super de savoir que ça peut éveiller les plus jeunes aux sciences.
Les étudiant.e.s d’ArtFX ont permi d’améliorer ton scénario de base ?
Oui, ils ont même rendu mon idée de base beaucoup plus ludique en ajoutant le côté alchimie et fantaisie.
C’est vrai que j’étais partie sur une idée de pure biologiste en représentant le jeu uniquement au travers d’une cellule et de l’ADN. Ils ont eu l’idée de personnifier la dimension purement scientifique pour créer un véritable univers. Cet univers permettra aux joueurs de plus facilement s’identifier à l’alchimiste et de comprendre le message scientifique. Finalement, l’univers de fantaisie avec l’alchimie n’est pas si éloigné de mon univers de laboratoire.
D’ailleurs, j’avais invité les étudiant.e.s à visiter mon laboratoire. Ça les a beaucoup inspiré. On peut dire qu’ils ont sublimé mon idée de base. Je retrouve la base scientifique et ils ont réussi à rendre ça plus attractif.
Magali, initiatrice du projet Ma Thèse en Jeu Vidéo, médiatrice à Génopolys
Comment t’es venue d’organiser Ma Thèse en Jeu Vidéo ?
L’année dernière, je suis allée au congrès science and you à Montréal. Il y avait une intervention de Laurent Chicoineau de La Casemate de Grenoble. Il parlait justement de la scientifique game-jam qu’ils avaient organisée à Grenoble. Et donc, je me suis inspirée de cette idée mais en changeant quelques paramètres. Par exemple, nous avons axé Ma Thèse en Jeu Vidéo sur la biologie santé puisque c’est la thématique de Génopolys, et aussi car c’est un domaine très présent en recherche sur Montpellier. Pour les participants, plutôt que de laisser l’entrée libre à tous ceux qui sont capables de concevoir des jeux vidéo comme c’est le cas à la scientifique game-jam de Grenoble, j’ai préféré m’adresser à une école de jeux vidéo, en l'occurrence Art FX pour essayer de concevoir des jeux plus efficacement. Les étudiant.e.s ont pu rencontrer les doctorant.e.s en avance pour connaître leurs thématiques et commencer à imaginer un scénario de jeu.
Le but était de faciliter la rencontre et d’aller plus vite dans le départ de la game-jam qui ne dure que 48h. J’espérais qu’en faisant ainsi, il y aurait une efficacité plus forte pour concevoir des jeux plus poussés.
Est-ce que finalement cette game-jam est une bonne expérience ?
C’est une super expérience ! Je suis finalement très surprise du sérieux et du calme des participant.e.s. Je m’attendais à beaucoup plus d’agitation. Une fois qu’ils se sont répartis les tâches chacun avance bien. Il y a une super ambiance !
Laura, étudiante à Art FX, étudiante en dernière année dans la section Jeux Vidéo, elle a déjà participé à 5 game-jam.
Qu’est-ce que participer à une game-jam vous apporte en tant qu’étudiants ?
Ça nous permet de pratiquer sur des thèmes très variés. Et surtout de faire beaucoup de rencontres et notamment avec des personnes qu’on ne connait pas du tout. Et puis c’est toujours une ambiance très conviviale qui nous donne envie de nous surpasser.
Qu’est-ce qui diffère avec Ma Thèse en Jeu Vidéo ?
Ce qui est intéressant c’est le caractère scientifique et le travail collaboratif avec un scientifique, en l'occurrence un doctorant. On a pas toujours eu l’occasion de travailler sur un jeu vidéo à caractère scientifique. C’est vraiment ce qui m’a plus dans Ma Thèse en Jeu Vidéo. De faire le lien avec le travail de recherche et d’apprendre beaucoup de choses au travers du doctorant.
Quel est ton rôle et peux-tu nous expliquer le scénario de jeu ?
Je suis game designer. Je m’occupe du concept du jeu, des règles et j’aide un peu aussi à la programmation.
On conçoit le jeu de Claire qui travaille sur la structuration de l’ADN. En fait, elle voulait qu’on illustre comment se différencient les cellules alors qu’elles ont le même ADN.
On a décidé de symboliser un petit alchimiste qui est à l’image de Claire. Ce petit alchimiste va tenter de créer un humain en ajoutant à la cellule différents « ingrédients » qu'il devra mélanger dans son chaudron. C’est ce qu’on appelle un point and click, c’est un écran fixe avec la possibilité pour le joueur d’interagir avec plein d’élément.
Quel est ton secret pour tenir le rythme d’une game-jam ?
Dormir !! ;-)
Eliot, doctorant à l’Institut de Génétique Humaine
Sur quoi porte ton travail de thèse ?
Je travaille sur Tetrahymena thermophila (TT), c’est un organisme unicellulaire qui a la possibilité d’avoir 1 sexe parmi 7 sexes différents, de la même façon que l’humain a 2 sexes et en exprime un à la fois, la TT a 7 sexes et en exprime aussi un à la fois. C’est codé dans son génome.
Le but de ma thèse c’est de faire en sorte que cette bestiole puisse exprimer 2 sexes à la fois afin qu’elle puisse faire des bébés avec elle-même. Un peu comme si on avait à la fois un sexe de femme et un sexe d’homme qui nous permettent de faire des bébés avec nous-même.
Pourquoi avoir participé à cette game-jam ?
Je suis une féru de jeux vidéo et j’adore faire de la médiation scientifique. Comme je ne suis pas entouré de scientifique, il m’arrive souvent de devoir expliquer ce que je fais. Du coup, quand on m’a proposé de vulgariser ma thèse avec le média jeu vidéo, j’ai foncé direct !
Quel est le scénario de ton jeu ?
C’est un espèce de billard qui fonctionne avec des cellules. Le but est d’envoyer des cellules les unes dans les autres pour qu’elles puissent se reproduire. De cette façon, on pourra enrichir une mutation qui nous intéresse (un peu comme on fait dans le labo).
On a organisé le scénario de jeu autour du fait que TT ait 7 sexes. Il sera donc possible de faire se rencontrer les sexes les uns avec les autres pour gagner des points en récupérant les cellules qui ont récupéré le plus de mutations en se reproduisant.
Quel est ton rôle pendant Ma Thèse en Jeu Vidéo ?
J’aide mon équipe pour faire en sorte que le message du jeu ne soit pas différent de ce que je fais dans mon travail de thèse. Scientifiquement, j’essaye d’être au plus juste par rapport à ce que TT est capable de faire.
Et je me suis attelé aussi au son du jeu vidéo tout simplement car j’avais une idée précise de la bande sonore et des bruitages à mettre en forme pour rendre le jeu amusant.
Victor, étudiant à Art FX et spécialiste du game-artiste
Quels sont les différents profils présents pour cette game-jam ?
On a majoritairement des artistes, des game designers et des programmeurs.
Les game-designers et les programmeurs sont assez confondus car souvent ils touchent tous les deux au code de développement. Mais les game-designers travaillent sur la mécanique du jeu et les règles tandis que le programmeur cherche à faire fonctionner le système de jeu.
Moi, je suis game-artiste. Mon rôle consiste à mettre en forme et créer l’univers du jeu. Je fais surtout de la modélisation 3D et de l’animation pour tous les objets qu’on retrouvera dans le jeu.
Le secret pour tenir le coup ?
Le secret c’est de dormir la première nuit pour pouvoir être efficace la dernière nuit.
Dans le prochain article, nous détaillerons chaque jeu vidéo.
En bonus : le glossaire des concepteurs de jeu vidéo (oui, car ils ont un langage étrange parfois ;-) )
- Les Jammers : ceux qui participent aux game jam
- Les assets : éléments graphiques qu'on ajoute dans un jeu vidéo
- Props : comme les assets
- C# : Langage de programmation
- Un Point and click
- Collider : zone de collision dans un jeu
- Shader : La matière qu'on pourra donner à un objet en 3D
- Unity : moteur de jeu qui permet de compiler tous les éléments
- Le goal : le but du jeu
Un projet porté par Genopolys, en association avec le Labex Epigenmed, le CNRS, l'INSERM, Science Animation, et bien entendu les doctorants de l’école doctorale CBS2 et les étudiants d'ArtFX.
>> A découvrir : Ma Thèse en Jeu Vidé : Top départ