Le « renouveau minier » face à ses contradictions
Publié par Mondes Sociaux, le 30 septembre 2024 160
Article de par Damien Schrijen
Les porteurs de projets miniers n’échappent désormais plus à l’impératif écologique. Mais comment s’y prennent ces acteurs d’une filière qui, par nature, bouleverse en profondeur les territoires où elle s’implante ? La tentative de « renouveau minier », déployée en France au début des années 2010, s’appuie sur un discours tentant de concilier exploitation et protection de l’environnement. Le propos s’avère cependant insuffisant pour lever les blocages locaux, comme le montre une enquête ethnographique menée entre les Côtes d’Armor et le Tarn entre 2018 et 2020.
En octobre 2012, Arnaud Montebourg annonce souhaiter un retour des activités minières dans l’Hexagone. Celui qui est alors ministre du Redressement productif prétend concilier préservation des milieux, patriotisme économique et valorisation des ressources minières nationales, face à l’augmentation de la demande en métaux industriels pour la plupart produits en Chine. La douzaine de permis d’exploration et de recherche de mine (PERM) déposés entre 2011 et 2018 se heurte pourtant à des oppositions locales systématiques. L’intégration d’une part de la critique écologiste par les porteurs de projet s’avère cependant insuffisante pour lever les blocages locaux.
Les mines « responsables » ?
En 2008, la Commission européenne publie l’Initiative matières premières,
une communication visant à encourager les États membres à sécuriser
leurs approvisionnements en substances définies comme stratégiques pour
l’industrie. C’est dans son sillage que le ministre Arnaud Montebourg
promeut un « renouveau minier » français. Son successeur au ministère,
Emmanuel Macron, s’inscrit dans une démarche proche, en initiant en 2015
la démarche Mine responsable. Celle-ci promeut une industrie
minière qui « veille à réduire les impacts environnementaux, sanitaires
ainsi que les nuisances (destruction du paysage, bruit…) à toutes les
étapes de son cycle de vie. ». Inspirée de la formule « développement
durable », l’idée de « mine responsable » permet de neutraliser la
conflictualité des activités minières, en occultant l’irréversibilité
des dommages environnementaux inhérents à cette industrie.Certains entrepreneurs miniers n’ont cependant pas attendu ces déclarations gouvernementales pour se lancer. Variscan mines, société à capitaux australiens fondée par deux anciens cadres du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), obtient entre 2014 et 2015 plusieurs PERM (Permis Exclusif de Recherche de Mines), dont trois en Bretagne. Parmi ceux-ci, le permis de Loc-Envel, dans les Côtes-d’Armor, vise le tungstène. Ce métal, que l’on retrouve aussi bien dans les outils industriels que dans l’armement, est produit à plus de 80% par la Chine. Mais le projet se heurte à une opposition locale déterminée, menée par le collectif Douar Didoull (terre sans trou) [...]
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