Le patrimoine archéologique face aux dangers du monde
Publié par Mondes Sociaux, le 28 janvier 2025 56
Article de Nicolas Teyssandier
Que se passe-t-il quand les archéologues deviennent des lanceurs d’alertes sur les nombreux dangers encourus par le patrimoine archéologique mondial ? Nombreuses sont les merveilles du patrimoine mondial de l’humanité à être menacées par des phénomènes naturels ou par les actions humaines. Les changements planétaires accélèrent d’autant l’altération des sites. Dans cet atlas collectif, sont présentés plus de 35 sites archéologiques menacés à travers le monde.
L’archéologie, science du passé et des archives du sol, ne cesse de se renouveler au rythme des avancées de la science et des technologies high-tech qui ont fait entrer cette discipline encore jeune dans une nouvelle ère. Paléogénomique, recours à l’isotopie, chimie des résidus, microscopie des plus petits détails invisibles à l’œil nu, drones équipés d’appareils de mesure de plus en plus sophistiqués, datations qui sans cesse nous font reculer dans le passé. Ces datations mesurent à l’année près pour certaines périodes. Bien des avancées ici énumérées n’étaient pas prévisibles au tournant des XXe et XXIe siècles.
Force est de constater chaque jour que l’archéologie de 2024 n’a pas grand-chose à voir avec celle du siècle dernier. On pourrait estimer qu’elle échappe en quelque sorte au domaine des sciences humaines, mais elle en reste un pilier fidèle puisqu’elle étudie le patrimoine archéologique, tout un ensemble de productions culturelles, matérielles ou immatérielles, voire numériques, produites par les sociétés humaines au cours de leur histoire.
Si l’archéologie continue à interroger les sociétés du passé, leur fonctionnement social et économique, leurs rites et leurs croyances, les vestiges archéologiques, qui forment tout à la fois un patrimoine mondial et universel et autant d’objets de recherche pour les archéologues, sont pourtant menacés. Des causes naturelles aux exactions humaines, différents processus sont ainsi à l’œuvre.
Dans cet atlas, il s’agit ici d’une part d’éclairer les difficultés d’ordre environnemental auxquelles est confrontée l’archéologie et d’autre part d’alerter le lectorat sur l’extrême fragilité de notre patrimoine commun ainsi que sur une nécessaire prise de conscience pour le préserver et le transmettre aux générations futures.
L’épreuve du temps
Le temps dégrade nécessairement les matériaux et rend de fait le patrimoine archéologique vulnérable. Selon les milieux climatiques et géologiques, les vestiges se détériorent plus ou moins rapidement jusqu’à disparaître. Les forces naturelles ne sont pas des alliées du patrimoine.
Prenons un exemple emblématique : les littoraux et les sites aux prises avec l’érosion marine, où la force des vagues fait chaque jour reculer le trait de côte. Rendons-nous dans l’estuaire de la Gironde, plus précisément sur le site archéologique exceptionnel de la Lède du Gurp,
anciennement localisé dans une dépression humide entourée de dunes et de forêts mais aujourd’hui situé directement sur l’estran. L’intérêt majeur de ce site est de livrer une épaisse stratigraphie comprenant des vestiges allant du Mésolithique à l’âge du Fer avec des restes
organiques (végétaux, bois, graines, insectes…) conservés dans des sédiments argileux gorgés d’eau. Découvert au XIXe siècle, ce site aujourd’hui situé à même la plage a toujours été soumis à
l’érosion marine mais, depuis quelques années, le processus s’est accéléré. [...]
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Illustration d’Adèle Huguet pour Mondes Sociaux : licence CC BY-NC-ND
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