Le mystère du pouvoir de l'ours en peluche enfin révélé ?
Publié par IRD Occitanie, le 5 juin 2023 880
Qu'est-ce qui rend un ours en peluche si réconfortant ? Une étude participative menée pendant la Nuit européenne des chercheurs et impliquant des scientifiques de l’UMR MARBEC révèle les caractéristiques sensorielles et psychologiques qui déterminent cet effet quasi universel à toutes les étapes de la vie.
Qu’il soit grand ou petit, vieux ou neuf, souriant ou pas, apparemment, ce qui compte le plus, c’est le lien affectif créé avec « son » nounours… que l’on soit une fille ou un garçon.
Une expérience grandeur nature
Qualifié d’objet transitionnel par les psychologues, pourquoi l’ourson en peluche de notre enfance a t’il le pouvoir de nous consoler en toutes occasions ? Des scientifiques marseillais et montpelliérains ont tenté de répondre à cette question plus sérieuse qu’il n’y parait. Originale, leur étude participative s'est déroulée lors d’un événement annuel organisé à l'échelle européenne, la Nuit européenne des chercheurs, qui met en contact scientifiques et citoyens au travers d’activités pédagogiques et ludiques. C’est ainsi que 395 enfants et adultes se sont prêtés à l’expérience proposée par des animateurs - simultanément dans 13 villes françaises - afin de déterminer quels paramètres influent sur cette capacité à procurer du réconfort. « Chaque participant pouvait apporter son ours en peluche personnel ou utiliser un ours prêté par les organisateurs », explique Thierry Brassac, responsable du pôle culture scientifique à l’université de Montpellier. Chaque ville disposait des mêmes 8 ours standard suffisamment représentatifs de la grande variété de formes, de couleurs et de textures ». Sans entrer dans les détails, quatre étapes impliquant des photographies, des mesures morphométriques, des matchs entre nounours et des questionnaires ont permis de rassembler les données des participant.e.s. Les résultats sont publiés dans The journal of positive psychology.
Portrait-robot du nounours « parfait »
Etant donné que la régulation émotionnelle repose sur des mécanismes liés, entre autres, aux capacités sensorielles des humains - toucher, regarder, sentir -, l’étude cherchait à repérer les propriétés visuelles, olfactives et kinesthésiques des ours en peluche les plus plébiscitées. « Nous avons également testé l'effet de la propriété sur le pouvoir réconfortant, poursuit Thierry Brassac. Notre étude révèle que le lien affectif partagé avec un ours en peluche est un facteur prédominant. » Et cela, quel que soit l’état de la peluche, son âge, son prix ! Cependant, dès lors qu’il s’agit d’un nounours « étranger », d’autres caractéristiques jouent un rôle important dans la perception et les ressentis. Les scores obtenus par les 8 nounours présentés font ressortir par exemple que les plus gros ours apparaissent plus réconfortants. Par contre la présence d’un sourire visible n’avait pas l’impact positif attendu. Quant à la douceur des peluches, c’est sans conteste la variable la plus déterminante dans l’interaction entre l’humain et le nounours.
Des auxiliaires précieux à tous âges
Si les ours en peluche de tous poils jouent un rôle central pour les enfants qui doivent apprendre à accepter d’être, même momentanément, séparés de leur mère ou de l’adulte qui s’occupent d’eux, c’est au titre d’« objet transitionnel ». Vers quoi se tourner pour retrouver confort et sécurité. Les psychologues voient cette faculté comme une stratégie d'adaptation. Mais qu’en est-il à l’âge adulte ? « Les résultats enregistrés quant aux critères prépondérants étaient indépendants de l'âge des participants », souligne François Guilhaumon, chercheur à MARBEC. Ainsi, les nounours restent aptes à apporter du réconfort à toutes les étapes de la vie : pour se remettre d’un évènement traumatisant, pour atténuer l’anxiété générée par une situation difficile, lorsque nous nous sentons vulnérables ou en insécurité. D’ailleurs, certains adultes avouent dormir encore avec leur ours. Les psychologues et pédiatres qui utilisent ces peluches à des fins thérapeutiques devraient se saisir de ces résultats pour choisir les ours les plus susceptibles d’être câlinés et adoptés par leurs petits patients afin de les aider à supporter la douleur d’un traitement hospitalier ou à exprimer leurs ressentis. Les nounours peuvent aussi être d’un grand secours pour affronter les premiers jours à l’école… et les plus de 50 ans se souviennent certainement de la grosse voix de l’ours de « Bonne nuit les petits » qui aidait leurs parents à les pousser vers leur lit !
Aller plus loin :
Publication : Tribot A. S., Blanc N., Brassac T., Guilhaumon F., Casajus N., Mouquet N. 2023. What makes a teddy bear comforting ? A participatory study reveals the prevalence of sensory characteristics and emotional bonds in the perception of comforting teddy bears. Journal of Positive Psychology. https://doi.org/10.1080/17439760.2023.2170273
Contacts science : François Guilhaumon, IRD, MARBEC (à l’époque de l’étude) FRANCOIS.GUILHAUMON@IRD.FR
Thierry Brassac, UM THIERRY.BRASSAC@UMONTPELLIER.FR
Contacts communication : COMMUNICATION.OCCITANIE@IRD.FR