Ça a d’abord été un rêve. Et puis ça a pris corps au fil du temps, ça s’est nourri de l’imaginaire de chacun, puis dans un bel élan, la machine s’est lancée. Le musée Fermat est devenu une aventure collective.

QUELQUES DATES
Quelques dates jalonnent l’histoire de la maison Fermat, cet hôtel particulier situé au cœur de la ville de Beaumont de Lomagne qui vit la naissance du mathématicien dans les premières années du XVII^e siècle.
De 1993 à 1996. Une explosion médiatique met en lumière dans les journaux du monde entier Pierre de Fermat, enfant de la Lomagne et un illustre inconnu, l’anglais Andrew Wiles, dont la démonstration est venue à bout de ce que certains articles de presse n’hésitent pas à nommer un « serpent de mer », ou encore l’« Everest des mathématiques » : la conjecture de Fermat devenue théorème dans l’effervescence médiatique.

L’Office de tourisme de Beaumont consacre une exposition à cet enfant du pays que la presse encense mais que la population locale connaissait surtout jusqu’ici comme celui dont la statue trône en haut de la place du marché.

Ce premier événement marque le début d’une longue collaboration entre un petit groupe de Beaumontois et les universitaires de Paul Sabatier, à Toulouse, qui depuis longtemps déjà honoraient la mémoire du mathématicien.

1995. Invité par l’institut de mathématique de Toulouse qui lui a décerné le prestigieux prix Fermat, Andrew Wiles vient en visite dans la patrie du grand homme. L’émotion du mathématicien est palpable. La conjecture a suscité en lui, dès le plus jeune âge, une passion dont l’aboutissement est cette démonstration que personne n’attendait plus.
Fin 2008. La toute nouvelle équipe municipale menée par Jean Luc Deprince, lors de sa première mandature, fait l’acquisition de l’hôtel du Bosc, mitoyen de la maison Fermat qui avait été acquise trente ans auparavant par la municipalité d’Henri Daudignon. Le but est de reloger les associations culturelles qui se partagent les deux étages de la Maison natale pour pouvoir consacrer celle-ci au musée des mathématiques que l’association Fermat Science, dès sa création, avait projeté de mettre en place.
Juillet 2024. Le musée Fermat ouvrira enfin ses portes au public !

LES PREMIERS DE CORDÉE
Il aura fallu un long temps, de nombreux atermoiements et bien des déconvenues avant qu’une petite équipe, jouant les premiers de cordée, ne vienne à bout de la difficile ascension menant de l’idée de base au projet enfin réalisé. Du temps perdu ? A voir. Ces années de transition ont permis la constitution d’un bureau solide et d’une équipe de médiateurs d’une incontestable maîtrise, une montée en puissance dont bénéficiera le futur équipement.

Au fil des jours et des ans, le bureau de l’association Fermat Science s’est structuré. Il est aujourd’hui riche de six membres et d’un invité permanent, Bernard Favre, co-fondateur de Cap Sciences à Bordeaux qui, chaque fois que le besoin s’en fait sentir, enrichit Fermat Science de ses réflexions et ses compétences.

Au bureau, six membres donc. Personnalités différentes, carrières dissemblables, expériences et parcours peu comparables mais un groupe soudé et dynamique, mobilisé autour de la volonté de mener à bien la tâche qu’il s’est assignée.

Une présidente, Claire Adélaïde Montiel, férue de littérature et d’histoire, qui dès son installation à Beaumont-de-Lomagne s’est passionnée pour cet homme d’exception, Pierre de Fermat, dont la maison natale se dégradait lentement.
Deux vice-présidentes, Maryvonne Spiesser et Catherine Gadon. L’une, maitre de conférences en mathématiques à l’université Paul Sabatier de Toulouse. La seconde à l’origine du service culture à l’université Paul Sabatier puis à l’université fédérale.
Un trésorier, Joël Echevaria, familier de la vulgarisation scientifique à travers une expérience de 25 ans dans l'enseignement supérieur et la recherche, et, ce qui ne gâte rien, très engagé dans le monde associatif et le social.
Un trésorier adjoint, Roger Lasnier, l’architecte qui avait reçu, voici quelque trente ans, de la municipalité d’Henri Daudignon, la mission de restaurer une première fois la maison natale et qui, bien qu’à la retraite, se montre toujours fidèle au poste.
Un secrétaire, Bruno Monflier, passionné d’étoiles et de nature, créateur du groupe associatif la Ferme des Etoiles et du festival d’astronomie d’A ciel ouvert (aujourd’hui Instant science) basé dans le Gers, mais également présent au Liban et au Mexique.

UNE ÉQUIPE PERFORMANTE
De la même manière s’est constituée au fil du temps l’équipe des médiateurs et médiatrices. Par ordre d’entrée en scène, Véronique Sauzède. Assistée d’Audrey Dulieu, elle entretient des relations avec la population beaumontoise autour d’une culture à la portée de tous. Découverte du patrimoine vivant, liens entre les maths et le bien vivre, la danse, la musique, les arts, bref avec la vie.

Thomas Ricaud, apte à créer des partenariats avec le milieu scolaire, les universitaires, les structures et associations d’Occitanie et d’ailleurs, qui met au service de tous son sens de l’organisation et de la relation humaine.
Sabine et Camille Boltana Arriazu, productrices d’ateliers et de jeux à destination des scolaires, ainsi que de tout un panel d’activités et d’outils autour de la pratique ludique des mathématiques. Jordane Bonnet, rigoureuse et imaginative, responsable entre autres de la gestion financière, des relations avec le personnel, des activités théâtrales autour du personnage de Fermat.

Une nouvelle venue, Sandy Moncassin, s’occupe principalement, avec le reste de l’équipe, des projets européens Erasmus+. Guilhem Roucayrol, jeune communiquant en contrat d’apprentissage, met ses connaissances et son talent au service de la communication de l’association dans un premier temps et du futur Musée Fermat.
Comme le bureau, les médiateurs sont de formations et d’horizons différents, mais une même volonté de faire vivre le projet commun les unit. Ils n’hésitent pas à mettre leurs compétences au service de leurs collègues et respectent la même règle d’or de Fermat Science : mise en commun des savoirs et des savoir-faire, entraide, partage des tâches, conception dynamique du travail.

AVANT QUE NE COMMENCE L’AVENTURE
La création de la première exposition thématique sur l’intelligence artificielle en partenariat avec deux structures amies, la Maison des Mathématiques et de l’Informatique de Lyon et la Maison Poincaré de Paris, a constitué la première étape.

La mise en place d’un comité de préfiguration a permis de définir les principes à mettre en œuvre pour créer un récit autour de la vie de Pierre de Fermat et de sa passion du savoir, de nature à embarquer les futurs visiteurs dans cette belle aventure. Deux ans de réflexions, de rencontres régulières impliquant à plusieurs reprises l’équipe municipale et son maire, Jean-Luc Deprince, mais aussi divers partenaires ont permis de tracer les grandes lignes du projet, de réfléchir aux nécessités économiques, de tracer le fil rouge du futur équipement, de la conception à la réalisation.
Enfin, ont été constitués des comités techniques comportant des bénévoles et professionnels experts dans les trois secteurs clefs du projet : mathématique et histoire des mathématiques, pédagogie et médiation, histoire et patrimoine. 

Ce dernier groupe par exemple, représenté par deux historiens et une architecte venus en renfort.

Une aventure collective donc qui jouit d’un bel élan et qui a développé sa grammaire propre. Conjonction de bonnes volontés, coordination entre diverses forces se conjuguant pour construire une histoire à partager avec le plus grand nombre. Conjugaison à tous les temps. Le passé tout d’abord. Dans cet hôtel particulier vieux de 5 siècles, que représente le long temps de patience et de travail nécessaire à la création de ce superbe projet ?
Le présent, c’est l’état de l’hôtel Fermat en travaux : cadres vides de fenêtres ouvrant sur un immeuble aux parois envolées, aux étages disparus.

Le futur ce sont les rencontres à venir dans un bâtiment parfaitement rénové où une scénographie immersive permettra de pénétrer dans l’histoire d’une passion vieille de plusieurs siècles qui continue à porter ses fruits jusqu’à nos jours.
À partir de ce thème universel et intemporel que sont les mathématiques, le Musée Fermat, après son installation dans un bâtiment qui aura retrouvé toute sa superbe, sera en mesure de devenir un lieu de tourisme culturel mais aussi un pôle de ressources, de compétences et d’attractivité, un centre de production culturelle et de réflexion car ces disciplines sont au cœur de tous les débats actuels.

Le personnage de Pierre de Fermat continue à féconder l'imaginaire des artistes. Après Alexandre Falguière, sculpteur toulousain du XIX^e siècle, un artiste contemporain, Fredange, a été inspiré par le mathématicien.