La chirurgie se robotise en Occitanie

Publié par Caroline Campagne-Mina, le 26 novembre 2018   1.5k

Le robot chirurgical Da Vinci s’installe petit à petit dans les blocs opératoires d’Occitanie. De quoi susciter quelques interrogations. Mais qui sont ces nouveaux chirurgiens ?


Un robot chirurgien

La robotique a déjà pris place dans les blocs opératoires toulousains, depuis 2009. Le robot Da Vinci, fabriqué par l'entreprise américaine, Intuitive Surgical, a permis de réaliser plus de 2500 interventions au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Toulouse.

Au début, le robot n'était utilisé que pour la chirurgie cœlioscopique. Il s'agissait en effet d'une mini-caméra introduite dans la cavité abdominale grâce à une incision. Mais depuis, le robot est utilisé en urologie, en gynécologie et en chirurgie cardiothoracique notamment.

Plus récemment, Da Vinci a investi un bloc de l’Institut du Cancer de Montpellier (ICM), en chirurgie rectale. Depuis, l’ICM est devenu le premier centre français en nombre de patients opérés par un robot.

Comment fonctionne le robot ?

Da Vinci n'a aucune autonomie, il ne s'agit en aucun cas d'un robot agissant seul sur les patients. Il se compose en deux parties. Une des parties est placée au-dessus du patient opéré. Elle est composée de plusieurs bras qui manipulent des instruments. L'un fait office de caméra endoscopique, les autres servent à tenir des instruments nécessaires à la réalisation de l'opération.

La deuxième partie de Da Vinci se trouve un peu plus loin dans le bloc opératoire. Un chirurgien est assis sur un siège, devant deux écrans qui retransmettent la vision 3D filmée par la caméra endoscopique. Il bénéficie également de deux manettes qui lui permettent de réaliser les gestes chirurgicaux que la première partie du robot exécutera à l'identique et minutieusement.


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Crédits : Getty Images

Les bienfaits de la robotique

Le chirurgien peut réaliser les opérations assis. Un atout majeur, notamment pour les interventions qui peuvent durer plusieurs heures.

La robotique permet également de réaliser des gestes davantage précis et minutieux. Grâce à Da Vinci, certaines opérations lourdes se font uniquement avec une incision de 3 centimètres. Ce qui est un avantage non négligeable pour le patient. Il bénéficie en effet d'une convalescence plus courte et d'une meilleure cicatrisation.

La précision des bras du robot permet d'accéder à des zones inaccessibles pour le chirurgien, rendant possibles des opérations qui ne l'étaient pas, jusqu'à l'arrivée de Da Vinci.

Inconvénients et risques

Même si nous comptons près de 120 robots chirurgicaux en France, son prix reste élevé et ne permet pas encore à tous les hôpitaux d'en bénéficier. Da Vinci peut coûter entre 1 et 2 millions d'euros. Cependant, Da Vinci n'est pas le seul robot chirurgien commercialisé. Une concurrence s'est développée depuis quelques années, permettant une baisse des prix.

Nous ne pouvons pas admettre qu'il est dangereux de laisser un robot comme celui-ci opérer puisqu'il n'est jamais laissé seul. Un chirurgien manipule la machine et le robot ne fait que répéter les gestes du professionnel.

Cependant, une étude a été réalisée en 2013 par l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé (ANSM). Cette étude n’est certes pas récente, mais elle n’en reste pas moins intéressante. 39 établissements de santé y ont répondu. L’enquête a fait suite à un article publié aux Etats-Unis concernant la sous-déclaration des risques et des problèmes liés à Da Vinci. 

Les principaux résultats mettent en évidence le fait que sur plus de 17 000 interventions du robot, une trentaine d’incidents graves ont été recensés. 59% des établissements interrogés ont admis ne pas avoir rencontré d’incident avec Da Vinci. Ces événements graves sont en grande partie dus à des hémorragies ou des perforations d’organes. Par ailleurs, une des causes les plus rapportées est le manque d’expérience et de formation du chirurgien. Il est donc primordial de bien former les chirurgiens ainsi que la totalité de l’équipe médicale à la manipulation des robots chirurgicaux. D’autant plus que leur utilisation ne cesse d’augmenter ces dernières années.

De nouvelles études sont en cours. Il serait en effet intéressant de comparer les interventions avec ou sans Da Vinci, ainsi que la convalescence et le rétablissement des patients.

Il semble tout de même important de souligner que des éléments de sécurité sont mis en place pour éviter tout incident. Par exemple, les bras du robot ne peuvent pas se déclencher si la tête du praticien n'est pas en contact avec un capteur présent sur la machine. Le chirurgien peut tout à fait reprendre sa place près du patient en cas de problème.

Crédits photo  bannière : Mark Clifford

Caroline Campagne-Mina