L’essor des apprenti.e.s dans l’enseignement supérieur
Publié par Université de Montpellier UM, le 15 janvier 2021 770
Depuis 2005 le nombre d’apprenti.e.s en France a plus que doublé, en grande partie grâce à la progression significative de l’apprentissage en enseignement supérieur. En 2020 plus de 2 700 étudiant.e.s et 2 190 entreprises ont fait ce choix gagnant-gagnant sur notre territoire. Retour sur les motifs d’un tel succès avec Philippe Pierrot et Marie-Elisabeth Avignon du CFA EnSup-LR.
« Expérience exigée : 2 ans ». Cette petite note en bas d’une offre d’emploi, beaucoup de jeunes diplômé.e.s en font l’amère expérience. Une solution existe pourtant : l’apprentissage. En effet, la quasi-totalité des formations de l’enseignement supérieur sont aujourd’hui accessibles en apprentissage. « Droit, sciences, commerce, environnement, technologies, agroalimentaire, gestion… Plus de 200 formations sont proposées en apprentissage sur le territoire Languedoc-Roussillon, détaille Philippe Pierrot, directeur du CFA EnSup-LR. Et tous les diplômes sont concernés. »
Lancé il y a plus de 25 ans, l’apprentissage en enseignement supérieur a enregistré une croissance de plus de 100 % sur les dix dernières années. Et la tendance continue de se confirmer : « Lors de la création du CFA en 2015, nous suivions un peu moins de 1 100 apprenti.e.s, aujourd’hui nous dépassons les 2 700 » annonce Marie-Elisabeth Avignon la directrice adjointe. Porté par l’Université de Montpellier, le CFA EnSup-LR réunit six entités : l’Université Paul-Valéry, les Universités de Nîmes et de Perpignan, l’Institut Agro – Montpellier SupAgro, l’École Nationale Supérieure de Chimie de Montpellier et bien entendu l’UM. « Les apprenti.e.s sont présent.e.s sur tout le territoire, soit 40 sites de Narbonne à Florac, en passant par Nîmes, Perpignan, Mende, Carcassonne, Alès, Béziers, Sète et bien sûr Montpellier » précise Philippe Pierrot.
La double vie des apprentis
À mille lieux de l’image vieillotte d’un apprentissage réservé aux jeunes peu adaptés aux études, l’apprentissage en enseignement supérieur requiert une grande motivation de la part des étudiant.e.s qui en font le choix. « Ceux qui s’engagent dans cette voie savent qu’ils devront donner beaucoup plus qu’un.e étudiant.e classique. Ils auront les mêmes cours, les mêmes contenus, les mêmes examens qu’en formation initiale, tout en suivant leur parcours en entreprise » explique le directeur. Et cela avec un taux de réussite au diplôme de 95 %.
Pour leur permettre de mener cette double vie, les équipes pédagogiques s’adaptent aux spécificités et aux calendriers de chaque activité. « Dans certaines branches comme la comptabilité par exemple, il est impératif que les apprenti.e.s soient pleinement disponibles au moment des bilans de fin d’année » illustre Marie-Elisabeth Avignon.
Un statut d’apprenti qui exige donc maturité et rigueur mais offre de nombreux avantages. Outre le versement d’un salaire qui permet l’accès aux études à ceux qui n’ont pas beaucoup de moyens, ce dispositif permet aux jeunes de bénéficier de compétences additionnelles par rapport à une formation initiale. Ils constituent de plus, un réseau professionnel qui favorisera leur insertion. « Seuls 6 % des apprenti.e.s n’ont pas trouvé d’emploi six mois après l’obtention de leur diplôme. Dans les licences et les master pro ainsi qu’en sortie d’école d’ingénieur on frôle un taux d’insertion de 100 % » déclare Philippe Pierrot. Une fois en poste, ils accéderont également plus rapidement à des responsabilités.
Un contrat gagnant-gagnant
Côté pratique, le contrat d’apprentissage fonctionne exactement comme un contrat de travail. Il est signé entre les deux parties, apprenti.e et entreprise, et peut durer de six mois à trois ans selon le diplôme visé. « Les apprenti.e.s bénéficient des mêmes droits que n’importe quel autre salarié.e de l’entreprise et des mêmes avantages tels que la mutuelle ou les tickets restaurants. Le CFA les accompagne dans la recherche d’un employeur et dans la gestion administrative de leur contrat » souligne Philippe Pierrot. Un plafond minimum de rémunération est fixé par la loi mais l’entreprise peut bien sûr aller au-delà. Enfin cette dernière s’engage à encadrer l’étudiant.e en désignant un maître d’apprentissage.
Aujourd’hui plus de 2 190 employeurs et employeuses collaborent avec le CFA EnSup-LR, représentant ainsi des entreprises de tous types et de toutes tailles. Si 60 % d’entre elles sont en Occitanie, le CFA travaille également avec des sociétés en Ile-de-France, en PACA, etc. L’apprentissage n’est pas réservé au secteur privé, l’université, les impôts, la Poste ou l’hôpital recrutent également des apprenti.e.s. « C’est un dispositif de pré-recrutement très efficace qui permet aux entreprises d’accéder à des compétences nouvelles et pour certaines d’entre elles à des compétences qu’elles ne pourraient s’offrir autrement. C’est vraiment gagnant-gagnant » déclare Marie-Elisabeth Avignon.
Un moteur de changement pédagogique
Si la mise en place d’une formation en alternance demande une implication très forte de la part des équipes pédagogiques, elle permet également de faire évoluer la formation grâce aux retours des jeunes en entreprises. Une évolution qu’accompagnent les 25 membres de l’équipe du CFA EnSup-LR. « Nous sommes là pour accompagner les équipes pédagogiques lors de la mise en place de la formation mais également pendant. Nous faisons le lien avec l’entreprise et nous les conseillons tout au long de l’année » conclut Philippe Pierrot. Un Mooc ainsi que des webinaires sont d’ailleurs disponibles sur le site du CFA. De quoi continuer d’apprendre à apprendre.