"L’envie de transmettre" avec Jean Ripert, bénévole pour Carrefour des Sciences et des Arts

Publié par Zacharie Tazrout, le 15 avril 2019   2k

Se forger un esprit critique, c’est l’essence même de toutes les sciences. Mais pour y parvenir, se trouver une passion pour le monde scientifique est primordial. Jean, jeune retraité de l’éducation nationale l’a compris depuis des années. C’est pour cela qu’il a été à l'initiative du Carrefour des Sciences et des Arts, une association de vulgarisation scientifique mêlant sciences et arts dans le Lot.

Une passion innée pour les sciences

Déjà tout petit, Jean est tombé dans la marmite des sciences : il cherche à découvrir le monde, à le comprendre, à savoir comment tous les phénomènes autour de lui fonctionnent. C’est logiquement qu’il oriente ses études vers les sciences. D’abord au lycée avec un baccalauréat scientifique, puis à l’université où il cherche à obtenir une multitude de diplômes : licence et maîtrise en Chimie, diplôme universitaire en astrophysique. Les écoles d’ingénieurs le convoitent mais il n’est pas intéressé. Il préfère passer les concours d’enseignement pour faire de sa passion pour la transmission son travail.

Illustration - Camille Magré

Il devient alors professeur de lycée en Physique-Chimie. C’est un métier qu’il ne quittera plus jusqu’à sa retraite. Au début des années 90, il est muté dans le Lot, à Cahors en tant que professeur remplaçant. Il n’a pas de classe fixe, les établissements s’enchaînent pour lui et longues sont les périodes où il n’enseigne pas. Il n’a pas d’occupation et beaucoup de temps libre. D’une discussion avec un proviseur, ce dernier lui glisse une idée à l’oreille : “Faîtes quelque chose pour transmettre les sciences à Cahors”. L’idée germe dans l’esprit de Jean et devient une évidence : il existe des associations sportives, musicales, artistiques dans le département... mais pas de vulgarisation scientifique !


À l’origine du Carrefour des Sciences et des Arts

Avec son réseau d’enseignants qu’il réussit à convaincre, Jean se lance en 1993 dans la création d’une première exposition dans le cadre d’Ecosciences, un événement de la culture scientifique similaire à la Fête de la science. L’exposition marche bien. Elle attire du monde. Alors, l’année suivante, elle est reconduite avec les mêmes acteurs. L’idée de créer une association de culture scientifique se laisse ressentir. Mais il est parfois difficile de structurer les choses au départ et un nom d’association peine à surgir. L'arrivée d'enseignants littéraires dans l'association met un coup de pied à l'étrier aux membres fondateurs. Jean Ripert suggère alors d'imaginer un croisement entre les arts et les sciences, un carrefour qui donnera finalement le nom et l'identité même de l'association.  Carrefour des sciences et des arts vient de naître !

Illustration - Camille Magré

Pendant les premières années, Jean est le président de l’association. Il n’a aucune certitude quant à la longévité de la structure à ce moment-là, mais il est combatif. Il n’a pas de formation de médiation scientifique et apprend sur le tas : “Étant enseignant, j’avais des facilités. Le souci, c’était plutôt côté animation”. Pendant sa présidence, il continue les expositions dans une salle prêtée par la Mairie de Cahors. Il contribue au lancement d’animations dans les classes de la maternelle au lycée. A la fin des années 1990, il quitte son poste de président jugeant “qu’il faut savoir passer la main”. C’est à cette période également que l’association, qui à la base,= n’était composée que de bénévoles, salarie pour la première fois. Une symbiose se crée naturellement entre les bénévoles et les employés et Carrefour des Sciences et des Arts prend alors une nouvelle dimension : ils voient les choses en grand...


Agir en priorité dans les zones rurales

Bien qu’il ait quitté la présidence, il reste secrétaire puis trésorier de l’association. C’est dans les années 2000 que sont lancées plusieurs animations phares de Carrefour des Sciences et des Arts. Notamment les Mercredis des Sciences, des animations scientifiques et ludiques à destination des jeunes. “On cherche à les ouvrir à l'observation et l'expérimentation scientifique. On tente de leur apprendre qu'ils peuvent se tromper et que c’est en se trompant qu’on apprend”. Même si l’association reste très souvent dans le Lot, certaines expositions sont délocalisées hors du département, voire même partout en France. Toutefois, il tient à l’une des valeurs fortes de l’association : agir en priorité dans le monde rural, des territoires pauvres en animations culturelles. Il se rend compte petit à petit que l’association se fait un nom dans la région et en est fier. “Nous avons monté les marches les unes après les autres”.

Illustration - Camille Magré

25 ans plus tard, Jean continue d’agir pour l’association avec joie et bonne humeur. Il modère des conférences, intervient lors d’animations jusqu’à même se déguiser en Galilée pour faire une animation de physique comme il pouvait s’en tenir pendant la Renaissance.

Être bénévole pour le Carrefour des Sciences et des Arts fait partie du quotidien de Jean qui est aujourd’hui à la retraite. Il y passe beaucoup plus de temps qu’à ses débuts, entre 700 et 800 heures par an : “Je n’ose pas dire aux gens que je donne pas mal de mon temps, car cela fait fuir d'éventuels futurs bénévoles. Mais il est possible de s'investir plus modérément.”

Des nombreuses anecdotes qui enivrent ses souvenirs, les plus fortes restent ses rencontres avec les conférenciers dont la proximité et l’enthousiasme viennent à Jean comme une madeleine de Proust. Il se rend compte que cet engagement a élargi sa culture scientifique : “Depuis tout petit, j’ai ce goût pour l’apprentissage. Ces 25 dernières années ont été la simple continuité de mon envie de transmettre les sciences”. Être témoin de la joie et de la curiosité du public qu’il rencontre lors des conférences ou des animations, lui donne chaque jour “l’envie de transmettre”.

Plus d'infos :

Carrefour des Sciences et des Arts, une association de vulgarisation scientifique mêlant sciences et arts dans le Lot. 

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