L'atelier du tailleur de pierres ou la géométrie en action
Publié par Claire Adélaïde Montiel, le 30 octobre 2018 1.9k
Dans
l’imaginaire collectif, les voûtes ont un petit air suranné. Nous avons tous à
l’esprit les voûtes romanes, les voûtes en croisées d’ogive qui nous ont valu
des moments d’émotion au fil de nos découvertes dans les abbayes, les
cathédrales et autres édifices religieux. Visite-t-on une vieille ville ?
Voilà qu’au détour d’une place, on découvre des arcades offrant ces passages
piétonniers qui enchantent les balades urbaines. Voûtes encore les arches
des ponts enjambant fleuves et rivières.
Voûtes enfin dans les vieilles demeures celles des caves offrent un décor
propre à anoblir la dégustation des bons vins .
Mais s’il faut en croire François Buret, maçon et tailleur de pierre, venu à l’invitation de Fermat Science animer un atelier pour les jeunes, la technique de la voûte, certes millénaire, n’a rien de désuet. L’architecture contemporaine en fait un usage fréquent pour aménager, de manière harmonieuse, l’espace des habitations de notre temps, pour créer des arcades, des encadrements de portes ou de fenêtres dans ce matériau authentique qu’est la pierre. Et même si la mécanisation et les nouveaux matériaux ont changé la pratique de ce métier qu’il exerce avec la même passion depuis plus de 40 ans, les connaissances de base ne changent pas. « Et la transmission n’est pas, » nous dit-il « moins importante aujourd’hui qu’au temps où il était lui-même apprenti puis compagnon du devoir. » C’est pourquoi il aime former lui-même des jeunes pour leur donner le goût du métier et faire découvrir aux enfants le plaisir de donner, à leur tour naissance à une voûte
L’idée, c’est de leur montrer que la géométrie est essentielle pour permettre de faire naitre, à partir de pierres, éléments plats, une voûte se développant en volume dans l’espace, Pour les aider dans cette découverte, il leur présente un produit fini, une voûte en ciporex. Ensuite il les met au travail. Il les aide à déterminer le point central à partir duquel ils détermineront les rayons puis à diviser la voûte en plusieurs parties. Il s’agira pour eux de dessiner un gabarit grandeur nature avant de tailler les pierres à la bonne mesure. Celles-ci seront ensuite placées dans un coffrage en bois où elles s’appuieront les une sur les autres. Lorsqu’on retire le coffrage, il ne reste plus qu’à constater : les pierres tiennent ensemble.
Il serait bien difficile d’expliquer pour le jeune public les forces qui s’additionnent pour créer cet équilibre mais chaque pierre, comprimée, résistera désormais à l’effort. Plus tard, si la passion s’en mêle, ils apprendront à calculer l’équilibre des forces qui assurent la stabilité de l’ensemble. Mais en quittant cet atelier, nos apprentis d’un jour auront du moins appris à regarder d’un autre œil les bâtiments qui les entourent. Ils se découvriront sensibles aux beautés de l’architecture. Mission accomplie pour François Buret, maçon et tailleur de pierre.