Avec le numéro #21 de "Vu sur le web", chronique du Podcast du Quai des Savoirs, découvrez un spectacle hybride créé à la fois pour le théâtre et pour Instagram, afin d’être diffusé en live tout en étant joué en parallèle sur scène. Un format interactif original qui dénonce les pressions sociales subies par les adolescentes sur ce réseau !

"Jeanne Dark" est un spectacle hybride qui a été pensé simultanément pour le théâtre et pour Instagram, afin d’être diffusé en live depuis cette plateforme tout en étant joué en parallèle sur scène, où les commentaires Instagram s’affichent en temps réel sur deux écrans.

Avec le reconfinement de cet automne 2020, Marion Siéfert, sa créatrice, et son équipe artistique ont donc pallié à la fermeture des théâtres en mettant en place uniquement la version live Instagram de ce spectacle, pouvant être joué depuis la chambre d’un appartement. Il a été diffusé tout récemment les 18, 19, 20 novembre 2020 sur le compte éponyme @_jeanne_dark_.

Depuis ce décor réel, la performeuse Helena de Laurens joue Jeanne, et cette version live d’1h30 depuis ce média joue la carte de l’interactivité puisque les spectateur·trice·s qui la suivent en direct sur le compte Instagram dédié pouvaient interagir avec elle en publiant des commentaires.

Le pitch : @_jeanne_dark_, c’est donc le pseudo Instagram que s’est choisi Jeanne, une ado de 16 ans issue d’une famille catholique un peu rigide, vivant dans une banlieue pavillonnaire d’Orléans. Depuis quelques mois, elle subit les railleries de ses camarades sur sa virginité et un soir, alors qu’elle est seule dans sa chambre, elle décide de ne plus se taire et prend alors la parole en live sur Instagram.

Harcèlement scolaire, complexe de sa virginité, relations conflictuelles avec ses parents, mal-être adolescent en général : la performeuse utilise son smartphone comme un miroir et les outils du live Instagram, comme les filtres par exemple, pour raconter tout cela.

Elle répond en direct à ses détracteur·trice·s, elle se filme en train de danser avec sa perche à selfie, elle pète une pile littéralement, c’est très réel et on a vraiment l’impression d’assister à la confession en direct d’une vrai ado.

Marion Siéfert s’est d’ailleurs beaucoup documentée sur les usages de plusieurs réseaux sociaux utilisés par les adolescentes et s’est entretenue avec plusieurs lycéennes, et cela se ressent dans l’authenticité de son personnage.

C’est une véritable mise en abyme, un peu à la inception, que d’utiliser ainsi un réseau social où la question de l’apparence avec la représentation de soi, la pression de la validation sociale exercée par ses pairs, est très (trop....) présente.  Une façon très intelligente de détourner l’outil pour en faire la dénonciation de ce qu’il véhicule par ses utilisateur·trice·s malveillant·e·s !

En effet, la mise à mal de l’estime de soi, la grossophobie, le slutshaming, beaucoup de ces pratiques pernicieuses, à l’heure de l’adolescence où l’identité se construit encore, sont heureusement de plus en plus dénoncées sur les réseaux sociaux, et cette performance est une vraie médiation artistique, pertinente et très créative, pour parler de tous ces sujets sans tabou.

>> Vivez l'expérience sur Instagram  avec le live de "Jeanne Dark"  le 7 janvier 2021 à 18h sur  @_jeanne_dark_ (spectacle initialement programmé  du 5 au 7 janvier 2021 au théâtre Sorano, avec la complicité du Théâtre Garonne)

Extrait audio : Festival d' Automne / teaser YouTube "Jeanne Dark" de Marion Siéfert / "Bad guy" Billie Eilish

Pour aller + loin :

http://www.bureau-formart.org/...

https://next.liberation.fr/theatre/2020/10/05/jeanne-dark-une-ado-sur-le-bucher-numerique_1801459

https://www.telerama.fr/sortir/couvre-feu-jeanne-dark-du-theatre-a-regarder-sur-instagram-6713821.php

https://www.maillon.eu/spectacle/455/jeanne-dark

http://www.tng-lyon.fr/spectacles/_jeanne_dark_/

https://www.ladn.eu/mondes-creatifs/jeanne-dark-piece-theatre-harcelement-live-instagram/

Retrouvez cette chronique dans "À la bonne distance", le podcast #21 du Quai des Savoirs :

Visuel de couverture : © Matthieu Bareyre | Bureau Formart