J’ai testé… un concert électronique dans une cathédrale.

Publié par Melody Ben Hi Ali, le 25 novembre 2017   1.2k

« L’orgue rend-il fou » est une oeuvre musicale qui a été présentée au grand public Toulousain lors  du festival « Toulouse les orgues » qui s’est déroulé du 4 au 15 octobre 2017.

Cet événement a eu lieu à la cathédrale Saint-Étienne. Cette cathédrale romaine du centre historique connut de tous les Toulousains où ses premières traces datent de 1701. Elle a donc hébergé ce spectacle le temps d’une soirée pour les étudiants. 

Mais qui sont ces fous de l’orgue ?

Jacob Lekkerker, compositeur de l’oeuvre était accompagné de deux autres musiciens : Alfredo Genovesi et Roger Redgate. 

Mais qui est ce compositeur ? Pour la petite histoire, il a tout d’abord été formé comme historien de l’art et de la philosophie. Mais quel rapport me diriez-vous ? Entre 1930 et 1940, un des premiers instruments électroniques est l’orgue Hammond. L’orgue émerge de cette période d’expérimentation. Ce ne serait donc pas étonnant que Jacob Lekkerker veuille ici avec sa nouvelle composition réinventer l’expérimentation d’antan.

Affiche officielle
L’affiche officielle © Toulouse les orgues

Il est 20h15. Une file de jeunes étudiants attend patiemment d’entrer. Je fais la queue et rentre enfin dans la cathédrale. ll y a déjà beaucoup de monde. Les places au milieu de la cathédrale Saint-Étienne sont prises. Je m’installe dans un grand siège en bois où l’impression d’être tout petit nous envahi. Je suis sur le côté, la scène est devant moi.

Je peux observer un homme en chaussettes. Il porte tout de même une cravate. Drôle d’accoutrement ! Il est là et bidouille des manettes au sol. 

Nous sommes 310 personnes. 310 personnes qui observent l’environnement. 310 personnes qui se demandent comment va être le spectacle.

Alfredo Genovesi
Répétitions © Mélody Ben-Hi-Ali

 Cathedral Mobile, ses musiciens

L’évènement « Cathedral mobile orgue amplifié et électronique en mouvement » c’est donc trois musiciens. Un à l’orgue, un au dispositif électronique et à la guitare électrique et un au violon. Ce sont deux Néerlandais et un anglais.

La composition considère « la cathédrale comme un espace de jeu » grâce à l’amplification des sons de l’orgue. Grâce au moyen électronique, le vieil instrument d’église est alors modifié et amplifié pour qu’il résonne avec un son acoustique et à travers des hauts-parleurs. À cela sont ajoutés les sons des autres musiciens et cela donne « Cathedral Mobile ».

Un lot de sensations

Impossible de l’approcher. L’homme est habité et concentré. On comprend qu’on ne peut pas le déranger. On a l’impression qu’il rentre dans une bulle. 

Le spectacle commence. L’homme est tantôt à quatre pattes tantôt debout. Il joue avec ses mains mais aussi avec ses pieds nus. Ressent-il la vibration autrement avec les pieds ? 

Il va falloir que le public rentre dans son monde. Le spectacle qui nous attend va tout de même être époustouflant, je dirai même venue d’un autre monde. 

Les spectateurs sont choqués. Ils regardent l’orgue mais ne comprennent pas d’où le son vient. L’effet tant voulu d’un son qui arrive de-ci et de-là, grâce à l’acoustique de la cathédrale, est réussi. Le public est décontenancé. 

La technologie au service du traditionnel

Toutes ces pédales permettent au musicien de créer une atmosphère différente, nouvelle. Ce système est tout de même en train de devenir de plus en plus courant. Mêler l’électronique à la musique traditionnelle n’est plus rare. Mais dans l’enceinte d’une cathédrale, toutes mauvaises notes peuvent être entendues car elles font écho. Ils n’ont pas le droit à l’erreur. Mais pourtant l’improvisation est maître mot de cette oeuvre. Et de l’improvisation à trois musiciens : quel spectacle !

Pour revenir à cette technique, ce dispositif électronique est un ensemble de pédales, de boutons qui permettent de gérer le son et d’apporter aux instruments plus classiques des sources sonores externes qui semblent venir de partout et de nulle part en même temps. La technologie permet aux sons de l’orgue d’être modifiés grâce à des nouvelles techniques de la musique électronique. 

Le public
Le public © Mélody Ben-Hi-Ali

Citons par exemple une des techniques, celle du loops. C’est en fait une boucle que le musicien enregistre grâce à son processus technique et répète ensuite en boucle. L’orgue peut alors prendre repos. 

Ils utilisent aussi le pitch bending qui sert quant à lui à faire varier la hauteur d’un son. Cette technique se trouve dans les synthétiseurs. Et enfin, une autre technique découverte à cet évènement hors norme. Celle du delay où le musicien donne alors une impression d’écho encore plus impressionnante que le lieu peut déjà le faire.

Allier l’électronique aux sons plus anciens, plus traditionnels est donc possible. Ces nouvelles techniques électroniques qui utilisent les nouvelles technologies permettent à l’impossible de devenir possible.

Et les spectateurs ?

Les musiciens ont reçu une standing ovation. Mais tous, ont, durant tout le long été tout de même abasourdi par tant de techniques. Spectacle improbable, disons-le. Chercher d’où venait le son semblait même devenir un jeu par moments. Les têtes se levaient, se retournaient, fixaient l’orgue. 

Pour terminer, cette expérience m’a décontenancé par tant de technique dans un univers inconnu. 

Chapeau l’artiste !