Immersion dans l'exposition "Les Savanturiers" au Museum de Toulouse
Publié par Culture Eval, le 13 janvier 2016 2.3k
L’exposition « Les Savanturiers » du Museum de Toulouse (à visiter jusqu’en juin 2016) offre à ses visiteurs un véritable voyage dans le temps.
Mais au fait, qui sont ces savanturiers ? Les savanturiers, ce sont les nombreux hommes (et des hommes seulement) qui ont pris part directement ou indirectement à l’histoire du Museum et à la diversité de ses collections.
Grâce à ces portraits, l’exposition invite le visiteur à « savanturer » à son tour dans de nombreuses contrées (de la savane africaine aux profondeurs marines) sur de nombreux sujets (de l’extinction des espèces aux problématiques de l’industrialisation agricole).
Les espaces thématiques sont clairement délimités grâce aux titres, aux panneaux et à la scénographie. Et cette scénographie est très travaillée : de la cabine sous-marine à la crypte inquiétante, l’immersion est réussie.
Soulignons également que chacun de ces espaces, certes scénographiés différemment, ont un univers commun : le steampunk. Et ce choix n’est pas innocent et fait sens.
Le steampunk, c’est un futur rétrograde, un univers futuriste où les machines fonctionnent toujours à la vapeur (steam en anglais) où l’humanité n’a pas connu la même évolution. Beaucoup d’artistes et d’œuvres s’inspirent de cet univers, nous vous conseillons d’ailleurs de découvrir les installations interactives d’Ez3kiel dans l'exposition « Les mécaniques poétiques ».
Couleurs cuivrées, engrenages et mécanismes à nus sont des éléments graphiques caractéristiques du Steampunk
Cet univers particulier fait donc le lien entre passé et futur, à la façon de cette exposition et du Museum lui-même.
On retrouve dans l’exposition les éléments graphiques caractéristiques du steampunk : les panneaux et les vidéos sont bordés de mécanismes et d’engrenages, les boutons poussoirs sont des vannes à vapeur, les vitrines ont droit à des bordures métalliques et exagérément boulonnées. « Les Savanturiers » développent ainsi sa volonté d’immersivité.
Figure 4 : Vidéos et boutons poussoir sont intégrés à l'exposition dans l'univers Steampunk
L’exposition offre de (nombreux) textes courts à lire et une diversité impressionnante d’objets : squelettes, animaux naturalisés ou conservés dans le formol (les serpents dans les bocaux de la crypte sont glauques à souhait), des graines des jardins coloniaux, des vêtements et masques de tribus africaines, des robes égyptiennes, des poupées brésiliennes, des bustes en plâtre, une momie ( !), un coco fesse, les herbiers de Lapeyrouse... Et bien d’autres encore !
Momie et Lion d'Atlas naturalisé : la richesse des collections du Museum valorisée
On y voit aussi des photographies et images d’archives habilement mises en valeur.
Du côte de l’interactivité, l’exposition propose des manipulations type « bouton poussoir » (aux « sudistes », je conseille d’écouter les variations des accents des pinsons du sud-ouest), et des écrans interactifs numériques intégrés au décor steampunk permettant de mener l’enquête et de suivre les pas de ces savanturiers (je conseille celui où, à partir de dents d’animaux disparus, le visiteur doit retrouver leur milieu naturel).
A tester : écouter les variations des accents des pinsons du sud-ouest
Enfin, il ne faut surtout pas rater l’expérience de l’espace appelé « Le Vaisseau ».
Le visiteur rentre ici dans une cabine de machine à remonter le temps où le compteur vous rappellera furieusement celui d’une DeLorean désormais culte puis assiste, grâce à la réalité augmentée, à la reconstitution d’un animal éteint (pas de spoiler, je ne vous gâche pas la surprise !) à partir d’un vrai squelette.
L’expérience, immersive est très réussie. Seuls quelques reflets sur le « pare-brise » de la cabine empêchent de profiter pleinement du dispositif.
Le compteur de date de l'exposition... Ca ne vous rapellerai pas quelque chose ? :)
Le Museum propose un plan de visite, disponible aux entrées de l’exposition, qui suggère un parcours (qui n’est pas signalé dans l’exposition même).
Il n’est pas nécessaire de suivre ce parcours : le fil rouge de l’exposition ce sont les savanturiers, et la diversité de profils de ces hommes (scientifiques et militaires, nobles et religieux, avocats et comptables) entraîne la diversité des thématiques qui peuvent s’apprécier indépendamment les unes des autres.
Notons cependant que les visiteurs observés dans le temps de mon exploration de l’exposition adoptent naturellement un parcours dans le sens inverse des aiguilles d’une montre autour de l’espace circulaire central.
La visite se termine obligatoirement par l’espace « L’œil moderne » qui conclue le lien entre passé, présent et futur distillé subtilement dans le reste de l’exposition : dans cet espace le Museum rappelle au public ses principales missions.
Enfin, et juste avant de quitter l’exposition, le Museum propose à ses visiteurs de participer à l’écriture du Museum de demain.
Quels objets représenteront demain l’humanité ? Quels sont les symboles de notre écosystème actuel ? Quel reliquat, peut-être insignifiant aujourd’hui, aura sa place dans les collections du Museum de demain ? Que ce soit sur Internet (http://museumdemain.tumblr.com/, sur Facebook, Twitter Instagram et Flickr) ou en présentiel (rendez-vous, avec votre objet le 9 janvier, 6 février, 5 mars, 2 avril, 21 mai, 11 juin 2016 au Muséum), n’hésitez pas vous aussi, à collaborer et à imaginer votre futur Museum.
La vitrine destinée à accueillir vos objets du Museum de demain.
Pour ses 150 ans, le Museum d’Histoire naturelle de Toulouse offre à ses visiteurs une exposition temporaire immersive dans un univers steampunk qui fait sens.
Grâce aux portraits de ces Savanturiers, il retrace habilement son histoire, en affichant ses missions présentes, tout en questionnant son futur.
Pierre Vincenti, fondateur de la sociétéCultur[E]val.