En avant la musique
Publié par Université de Montpellier UM, le 26 mai 2016 1.6k
Elle peut améliorer les performances des sportifs. La musique a des vertus cachées, que les chercheurs du centre EuroMov utilisent aussi à des fins thérapeutiques…
Prenez deux marathoniens de niveau strictement équivalent. Mettez les ensemble sur la ligne de départ, l’un avec de la musique dans les oreilles, l’autre sans. Quelques 42,195 kilomètres plus tard, le premier franchira la ligne d’arrivée 3 minutes avant son adversaire. Pourquoi ?
Courir plus vite et marcher mieux
« La musique a un effet motivant et fait oublier la douleur, mais ce n’est pas la seule explication. L’athlète synchronise sa foulée avec le tempo musical, ce qui stabilise sa course et permet une baisse de la consommation d’oxygène de 4 à 5 % » explique Benoît Bardy, fondateur du centre EuroMov et coordinateur du projet BeatHealth. Objectif de ce projet international lancé en 2013 : étudier les bénéfices de la stimulation rythmique pour améliorer la démarche et la mobilité.
Quel peut être le lien entre la musique et la course ? « Les structures cérébrales impliquées dans le mouvement et dans les mécanismes de la perception sont les mêmes », répond Simone Dalla-Bella, responsable scientifique du projet. Ces mêmes vertus stabilisantes de la musique, le projet BeatHealth les étudie dans un autre cadre, thérapeutique celui-là. Il s’agit d’aider les patients atteints de la maladie de Parkinson à se déplacer. Quarante malades se sont prêtés à l’expérience et se montrent ravis des améliorations constatées. « On espère ainsi réduire le nombre de chutes, les résultats sont prometteurs », s’enthousiasment Benoît Bardy et Simone Dalla-Bella.
Question de tempo
Suffit-il d’écouter de la musique pour améliorer les performances sportives ou la marche des parkinsoniens ? « Pas si simple », répondent les chercheurs. Car pour obtenir ces résultats, ce qu’on appelle le « bpm » (battement par minute) de la musique, son tempo, doit être adapté à celui de la course. « Quand le coureur rencontre une montée il ralentit et son rythme n’est plus synchronisé avec la musique, elle provoque alors l’effet inverse et déstabilise sa course. De la même façon si un patient parkinsonien doit contourner un obstacle, il change son rythme de marche et la musique peut le déstabiliser ».
La solution ? Une application intelligente qui adapte le rythme au mouvement pour renforcer la performance motrice. « Nous voulons proposer une application sur smartphone pour les sportifs et une version sur tablette plus adaptée pour les personnes âgées ». Les chercheurs espèrent mettre ce produit sur le marché d’ici la fin du projet BeatHealth prévue fin 2016. « L’application ne sera pas seulement destinée aux coureurs, elle pourra également permettre à d’autres sportifs comme les cyclistes ou les nageurs de stabiliser leur course pour augmenter leurs performances », précise Benoît Bardy. Une appli qui bénéficiera d’un argument de choc : une efficacité scientifiquement démontrée.
Photo : Les chercheurs mesurent la consommation de dioxygène des coureurs pour évaluer leur performance énergétique - (c) Loïc Damm
Retrouvez cet article dans LUM, la magazine science et société de l'Université de Montpellier.
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