Écoute sous-marine : les secrets du cycle de vie des daurades révélés par des scientifiques de l'Ifremer de Sète
Publié par L'Ifremer en Méditerranée, le 10 janvier 2025
Image de couverture : "Daurade royale (Sparus aurata) marquée dans l'étang du Prévost, aux alentours de Palavas-les-Flots". CC-BY Ifremer, Jérome Bourjea
"La daurade royale est une des principales espèces ciblées par la pêcherie artisanale méditerranéenne et particulièrement sensible aux changements de température. En la suivant partout à la trace, nous pourrons mieux connaître son comportement et peut-être, constater une modification de ses habitudes dans le futur sous l’effet du changement climatique " Jérôme Bourjea, chercheur en biologie des pêches et de la conservation à l’Ifremer, à Sète, et chef du projet Connect-Med.
Pour réussir ce pari de connaître et comprendre les relations qu’entretiennent les daurades royales (Sparus aurata) avec leur environnement, les scientifiques de l’Ifremer, en collaboration avec l’unité MARBEC, utilisent la télémétrie acoustique. Grâce à des balises acoustiques implantées sur ces poissons et des hydrophones placés dans les lagunes et la mer sur les zones littorales méditerranéennes qu'ils fréquentent, ils ont réussi à décrypter des aspects clés de leur cycle de vie.
Ces balises permettent en effet de suivre les déplacements des daurades entre leurs espaces de vie fondamentaux, à savoir leurs sites d’alimentation et de reproduction, ainsi que les couloirs migratoires qu’elles empruntent pour relier ces habitats. Les données collectées depuis quatre ans dans le cadre du programme Connect-Med ont confirmé que ces poissons montrent une grande fidélité à la fois à leur site d’alimentation et de reproduction, mais qu’indépendamment de leurs sites d’alimentation, elles fréquentent la même zone pour se reproduire année après année. Ce comportement, appelé "philopatrie", est important pour la survie des populations, car il favorise le brassage génétique entre différentes sous populations et une reproduction optimale.
Les scientifiques soulignent que la fidélité des daurades à leurs sites de reproduction les expose fortement aux pressions humaines, en particulier à la pêche de plaisance et à la pêche professionnelle. Ces activités ciblent en effet ces zones spécifiques pour maximiser leur rendement, capturant souvent les individus avant qu’ils n’aient pu se reproduire. De plus, leur attachement à leurs habitats d’alimentation, principalement situés dans les lagunes méditerranéennes, les rend également très sensibles au changement climatique, car elles ne tolèrent pas des températures dépassant 29°C.
Les chercheurs poursuivent actuellement leurs analyses pour affiner les modèles de déplacement des individus et mieux évaluer l'impact des changements de température en cours et à venir sur la dynamique de cette population méditerranéenne avec pour objectif final de proposer des solutions de gestion durable adaptées aux écosystèmes marins concernés.
Les travaux réalisés, menés par l'Ifremer et l'unité MARBEC, visent une exploitation durable des populations de poissons et la préservation de la biodiversité marine. En s'appuyant sur des outils comme la télémétrie acoustique, ces recherches apportent des solutions adaptées aux défis de la gestion des écosystèmes marins dans un contexte de changement climatique.
Découvrez le projet Connect-Med à travers le film « À l’écoute des daurades en Méditerranée » d’Aurélien Prudor (Wild Talks), qui explore les migrations des daurades et les enjeux environnementaux associés.