Du parking au verger

Publié par Université de Montpellier UM, le 25 janvier 2018   1.4k

Réconcilier ville et agriculture, c’est le défi relevé par la métropole de Montpellier qui consacre une partie de ses terres au maraîchage biologique.

Et si les tomates que vous achetez au marché avaient poussé juste à côté de chez vous ? « La production et la consommation sont habituellement totalement déconnectées, explique Laura Michel, du Centre d’études politiques de l’Europe Latine (Cepel). Comment raccourcir le chemin entre le champ et l’assiette ? A Montpellier, la métropole a choisi de mettre en œuvre une politique agricole et alimentaire urbaine.

Produit ici, mangé ici

« L’idée c’est de réintroduire de l’agriculture dans les milieux urbains », précise Laura Michel, qui, avec une équipe de chercheurs de l’Inra pilotée par Christophe Soulard, a accompagné la métropole dans la mise en place de cet ambitieux projet. Dans un pays qui perd chaque jour 220 hectares de terres agricoles, Montpellier a choisi d’aller à contre-courant en consacrant une partie de ses terres à l’agriculture. « Un projet qui vise également à revaloriser l’agriculture et favoriser l’installation de jeunes agriculteurs », précise la chercheuse. Pari réussi : au total, ce sont plus d’une centaine d’hectares de terrains qui sont désormais cultivés sur les communes de la métropole.

Et pas n’importe comment. « En favorisant le maraîchage biologique et les pratiques agroécologiques », précise Nabil Hasnaoui Amri, ingénieur agronome qui consacre sa thèse au sujet de la participation des agriculteurs à la politique agricole et alimentaire de la métropole de Montpellier. « On s’intéresse aux modes de production mais aussi à la commercialisation, en optant par exemple pour les circuits courts ou en proposant des produits transformés avec davantage de valeur ajoutée pour l’agriculteur ».

Ville durable

L’agriculture urbaine a également des vertus insoupçonnées : en redessinant le paysage urbain, elle participe à l’aménagement du territoire. Comment ? « Elle a un effet sur la limitation des risques », explique Nabil Hasnaoui Amri. Des pratiques écologiques permettent par exemple de réduire la pollution des eaux. « Par ailleurs, certaines pratiques agricoles permettent de limiter le risque d’incendie et d’inondation en réaménageant les espaces », illustre l’ingénieur agronome.

« On assiste à un véritable changement de vision de la politique publique », souligne Nabil Hasnaoui Amri. Montpellier, ville verte et durable ? C’est le pari de la métropole, qui a intégré le réseau des villes signataires du Pacte de Milan 2015, s’engageant à travailler au développement des systèmes alimentaires durables, inclusifs, résistants, sûrs et diversifiés, pour fournir des aliments sains et abordables à tous.