Du hasard à la passion : Olivier Robert, un vigneron engagé dans l'agroécologie
Publié par Amandine Fleurot, le 10 décembre 2020 1.1k
Article rédigé par Amandine Fleurot, dans le cadre de la série "Portraits de bénévoles"
Monsieur Olivier Robert, aujourd’hui vigneron indépendant du Mas de la Plaine Haute produit de l’authentique Muscat de Frontignan dans l'Hérault.
Né dans les vignes...
Enfant de parents coopérateurs possédant des vignes sur l’appellation du muscat de frontignan, Olivier n’a pas toujours connu cet amour de la vigne. Bien qu’il aide occasionnellement ses parents pour les vendanges, le métier ne lui dit rien.
C’est une fois arrivé à la trentaine d’années, lassé du métier endossé dans une entreprise d'électronique qu’Olivier se rapproche des vignes. Ce métier, il le réalise encore aujourd’hui 2 jours par semaine, laissant 4 jours au vigneron pour travailler de sa passion.
Tout a commencé grâce aux vignes de ses parents. L’idée lui vient, de les cultiver et d’amener ce raisin-là à la coopérative. Bien qu’il soit encore en âge d’être déclaré “jeune exploitant”, Olivier n’a aucune formation dans le domaine et ne peut donc pas bénéficier d’aide à l’installation. Dans cet unique but, il entreprend un BTA viticulture œnologie en correspondance, qu’il passe en candidat libre. Lors de cette formation, il apprend à faire du vin. Des connaissances que ses parents ne sont pas en mesure de lui apporter. En effet, le métier de coopérateur s’arrête à la récolte du raisin, ce ne sont pas eux qui s'occupent de la vinification.
Cette formation qui engage des séances de regroupement pour adulte, dans le lycée agricole de Bordeaux permet à Olivier de se révéler. Les personnes qui se trouvaient avec lui à ce moment-là lui ont dit :
Si tu veux commencer à faire du vin pour toi, c’est pas compliqué ! Un petit pressoir, une barrique, des sceaux, tu peux faire du vin en petite quantité avec très peu de matériel
La machine est lancée !
Il commence, pendant 2 ans, avec une petite surface du terrain de ses parents, celle où se trouvent les plus vieilles vignes pour leur éviter un manque à gagner trop important.
Il y prend goût.
C’est alors en 1996, qu’il se déclare sur cette petite surface pour pouvoir vendre son vin aux petits marchés, tout en continuant son activité principale dans l’entreprise d'électronique.
Le hasard fait bien les choses
Aujourd’hui, Olivier possède la moitié de la propriété qui constitue une surface de 3 hectares, laquelle est vinifiée de façon agroécologique.
Lorsqu’il s'empare des vieilles vignes de ses parents, il n’a aucun scrupule à prendre des risques avec celles-ci. S'il fait moins de vin, ce n'est pas grave. Alors il laisse pousser l’herbe, “ça fait plus joli”.
Dans une région sèche comme celle-ci, les récoltes sont plus petites mais avec du raisin très mûr et très sucré pour réaliser du vin doux. Or, le manque de précipitation pose tout de même problème. Olivier prend alors l’initiative de réaliser de nombreuses recherches sur internet pour améliorer la qualité des sols.
Il découvre que la technique du labour est proscrite. Technique utilisée par ses parents sur leur terrain et par de nombreux agriculteurs. L’enherbement se révèle être LA solution.
Un des gros soucis qui existe dans sa région, c’est le manque de pluie. Or lorsqu’il y en a, ce sont la plupart du temps, des orages très violents. Les terres labourées sont donc des terres lessivées rapidement qui absorbent moins d’eau qu’une terre enherbée. Résultat, il y a l'érosion, c'est-à dire une perte de fertilité des sols et donc de la pollution qui s’éparpille dans les sols et les fleuves.
Olivier a une bonne intuition !
Laisser l’herbe pousser naturellement mais aussi semer pour que les quantités d’herbes soient plus importantes porte ses fruits.
Je reste un agriculteur, je ne me laisse pas envahir par la nature, je la maitrise mais je la copie
Cette herbe est utilisée pour en faire un paillage. Lorsque celle-ci arrive à maturité, elle est écrasée à l'aide d'un rouleau. Le but étant d’avoir une herbe qui se décompose plus lentement sur le sol, cette technique copie simplement la nature. La terre reprend vie, les bactéries, les verres de terre et tout ce qui s’y trouve, décomposent lentement ces herbes mortes qui restent en surface.
Grâce à ses recherches, les motivations d’Olivier sont grandes pour passer à une agriculture biologique. Or le raisin, sur les parcelles de ses parents, est récolté en une seule fois. Alors pour faire du bio, il faut les convaincre d’y passer aussi.
Chose voulue, chose dû !
En 2012, Olivier fait officiellement son passage en bio. Et c’est en s’équipant de petits matériels comme de vieux semoirs des champs réduits et adaptés pour une semence dans les vignes, qu’Olivier exécute son activité.
Il garde toujours le même objectif : améliorer jour après jour sa production.
J’ai compris que pour que le système fonctionne, il faut y aller à fond !
Pour cela, il ne cesse de se renseigner sur Internet en regardant des vidéos sur l’agroécologie et l’agroforesterie. Il apprend beaucoup grâce à la chaîne YouTube “Ver de Terre production” qui propose du contenu adapté à chaque type de culture qu’elle soit petite ou grande.
Une opération de sensibilisation
Aujourd’hui, il accueille l’opération géologie et vin assurée par l’association Kimyo, qui communique sur la notion de terroir, sur les différents types de roches pouvant être présentes sur le domaine et la façon dont elles influent sur les vignes. Notamment celles d’Olivier.
Il n’est pas expérimenté dans ce domaine-là, mais recevoir des personnes intéressées par l’environnement lui plaît beaucoup.
Par groupe de 2 à 6 personnes, les animateurs de l’association ont pour but d’éveiller la curiosité de celles-ci ainsi que celles des citoyens en général, en partageant des connaissances par rapport à cette science. De ce fait, il apprend lui aussi beaucoup de choses sur le sujet. A la suite de cette opération d’une heure, Olivier prend le relais en parlant de son métier ainsi que de son passage en agronomie, puis il propose une petite dégustation.
Convaincre ses parents de passer au bio à l’origine n’était pas une mince affaire. En effet, l’herbe, pour eux, c’était l’ennemi. Il les convainc alors que les labours tuent les sols et accélèrent la dégradation de la matière organique. Il leur explique qu’ils se dirigent vers un sol mort. Aujourd’hui ils sont convaincus, et Olivier est fière, d’avoir pu leur expliquer et leur prouver le bien-fondé de cette technique agricole. Il agit donc aujourd’hui, dans la même démarche avec ces petits groupes de personnes, sur la sensibilisation de la culture agroécologique.
On est de plus en plus impactés par le réchauffement climatique, si tous les agriculteurs du monde passaient dans des techniques d’agroécologie, on stockerait plus de CO2 dans le sol, ce qui décalerait d’une dizaine d’année le réchauffement climatique
Il trouve ça très important d’en parler le plus possible autour de lui, et c’est ce qu’il fait !