DrÔnes d’abeilles
Publié par Elisabeth Leciak, le 8 avril 2017 1.2k
Êtes-vous prêts à vivre dans un monde de machines ? J’espère pour vous… L’humanité étant incapable d’enrayer la disparition des abeilles, des chercheurs japonais proposent de les remplacer par des robots !
L’invention des drones pollinisateurs vient d’être publiée dans la revue Chem. Les scientifiques ont mis au point un gel ionique, adhésif, qui permet de récolter le pollen. De petits drones recouverts de poils enduits de ce gel se déplacent de fleurs en fleurs et font le boulot des abeilles.
Et ben voilà, on y est. Ne prenons pas cette histoire à la légère. Comme disent nos amis philosophes, les substitutions, les renversements de valeurs se font sans fracas et nous franchissons des seuils sans même nous en rendre compte. D’ici peu (à la prochaine génération), tout le monde trouvera normal de voir des petites machines volantes s’agiter dans les champs…
L'art de la substitution
En titrant « Des mini drones pollinisateurs à la rescousse des abeilles », la dépêche AFP est carrément à coté de la plaque. Non ! Ces drones poilus ne vont pas sauver les abeilles ! Cette invention entérine leur fin programmée.
La disparition des pollinisateurs, devenue emblématique, n’est pas qu’une affaire d’écolo à la barbe fleurie ou de poètes élevés au miel béton. Jusqu’à présent, nous pouvions encore espérer un réveil politique vu l’importance du service écosystémique qu’ils fournissent : 75 % de nos cultures alimentaires dépendent de la pollinisation. Dans sa dernière évaluation, l’IPBES estimait que ces insectes supportent l’existence d’un marché global de 500 milliards de dollars. Une volée d’arguments chiffrés, sonnants et trébuchants, auraient pu motiver les « décideurs », autres industriels et libéraux les plus réticents à la transition écologique. Mais quand la substitution par des drones s’avère plus facile... pourquoi se casser la tête à repenser tout un système agricole et bannir les pesticides ?
Source :
Materially Engineered Artificial Pollinators, Chem, février 2017
DOI: http://dx.doi.org/10.1016/j.chempr.2017.01.008
Résumé de l’évaluation de l’IPBES
(Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques)
Illustration : Drônes d’abeilles, Micrologie 2017, inspiré par Sigmund Freud, qui en connaissait un rayon sur la substitution…