Drone d’oiseau
Publié par Université de Montpellier UM, le 26 mai 2016 2.6k
Comment recenser les populations d’oiseaux sauvages sans les perturber ? Les chercheurs du Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive de Montpellier ont trouvé la solution…
C’est un drôle d’oiseau qui plane au dessus des étangs de Camargue : quatre ailes motorisées, un plumage métallique et une caméra en guise d’œil. Un drone qui vrombit doucement quelques mètres au dessus des flamands roses. Sa mission : compter les oiseaux. Les écologues se sont emparés de ce petit engin volant qui leur permet de faire des photos aériennes pour faciliter le recensement des populations. Plus précis que les comptage à la jumelle, moins cher que l’utilisation d’avions ou d’hélicoptères, le drone a tout pour plaire. « Utiliser les drones c’est bien, mais il est indispensable de le faire sans déranger les animaux », prévient David Grémillet. Le chercheur du Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive a mené la toute première étude grandeur nature visant à évaluer l’impact du vol de ces aéronefs sur les oiseaux.
Respecter le bien-être des oiseaux
« Nous voulions savoir jusqu’où nous pouvions aller sans provoquer de réaction de leur part », précise Elisabeth Vas. Pour son stage de master Sciences et technologies de l’information et de la communication pour l’écologie et l’environnement, la jeune fille a choisi la start-up Cyleone, spécialiste des drones. Elle a organisé plus de 200 vols au dessus des étangs de Camargue pour étudier la réaction des chevaliers aboyeurs et des flamants roses. « Nous avons varié les angles d’approches, la vitesse, la couleur du drone. Nous avons également essayé de nous rapprocher progressivement pour évaluer à partir de quelle distance les oiseaux semblaient perturbés par la présence du drone ».
Résultats ? A leur grande surprise, les chercheurs ont pu approcher leur engin volant à moins de 10 mètres des flamants sans qu’ils ne manifestent la moindre réaction de stress. « Sans doute parce que le drone ne ressemble pas à l’un de leurs prédateurs », suppose Elisabeth Vas. « Seule l’approche verticale, directement au-dessus du groupe, leur a fait tourner la tête, car il s’agit de leur angle mort », précise David Grémillet.
Les chercheurs pointent cependant la nécessité d’effectuer d’autres études pour évaluer plus précisément les réactions des oiseaux. «Il est possible que ces derniers aient subi un stress sans que nous nous en rendions compte, pour le vérifier il faudrait mesurer des paramètres plus précis comme leur fréquence cardiaque et leur taux d’hormones du stress », met en garde Elisabeth Vas qui recommande également d’élargir l’expérience à d’autres espèces.
Une nuée d’applications en perspective
Grâce aux protocoles d’approche ainsi établis, les écologues pourront exploiter toutes les possibilités offertes par le drone, et elles sont nombreuses : compter les oiseaux marins qui nichent dans les falaises difficiles d’accès, dénombrer les œufs au sein des nids, lire les bagues qui permettent d’identifier les individus, suivre les migrations... tout en respectant le bien-être des animaux.
Photo : Une colonie de flamants roses discrètement survolée par le drone - (c) David Grémillet
Retrouvez cet article dans LUM, le magazine science et société de l'Université de Montpellier.
Vous souhaitez recevoir chaque numéro du magazine Lum en version papier ? Envoyez un simple mail précisant vos coordonnées à aline.periault@umontpellier.fr