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Déviance en milieu tempéré : Cannabis, pratique du graff et réussite scolaire

Publié par Mondes Sociaux, le 24 mai 2023   630

Article par Sidoine Janière



La déviance et les désordres juvéniles, souvent présentés par la classe médiatique comme l’apanage des milieux populaires, sont pourtant bien présents dans les classes moyennes et supérieures. En effet, malgré leur proximité culturelle vis-à-vis de l’école, les jeunes issus de milieux sociaux favorisés ont aussi des pratiques qui perturbent l’ « ordre scolaire et social », du moins en surface. A partir d’entretiens et d’observations réalisées au sein d’un lycée français à Berlin et d’un lycée toulousain, Cyriac Gousset et Vincent Hugoo s’interrogent sur la façon dont ces « petits-écarts », qui ne semblent pas remettre en cause l’ordre scolaire, participent avant tout à sa reproduction.

Nombre de lycéen·nes sont amenés, au cours de leur scolarité, à expérimenter des pratiques perçues comme socialement déviantes. Dans « Des petits écarts : distance au rôle et reproduction du jugement scolaire dans des sociabilités lycéennes de classes moyennes et supérieures », Cyriac Gousset et Vincent Hugoo s’intéressent à la façon dont les lycéen·nes perçoivent et font, pendant un temps du moins, l’expérience de la consommation de cannabis ou de la pratique du graffiti. Ce sont ces expérience que les auteurs nomment des « petits écarts ».

Ces pratiques présentées comme « transgressives » s’avèreraient finalement plutôt banales dans le mode de vie lycéen des classes moyennes et supérieures. L’enquête prend place dans un lycée Français à Berlin et dans un lycée Toulousain. A partir d’une approche qualitative, réalisant 59 entretiens auprès de 19 enquêté.es entre 2015 et 2018, Cyriac Gousset et Vincent Hugoo questionnent la place qu’occupent ces pratiques et habitudes dans la sociabilité juvénile. L’enquête s’intéresse en majorité à des enfants issus des classes moyennes et supérieures, pour qui le bac général constitue un horizon à atteindre sans trop de difficultés, quand seulement 45% de leur génération y parvient. Cette recherche se situe dans la lignée des études sur la reproduction sociale, ayant montré qu’il existe des pratiques et des dispositions « rentables  scolairement ». En effet, la présence de la culture écrite, l’apprentissage de la gestion du temps, l’accompagnement éducatif des parents constituent autant de variables socialement situées qui ont un impact direct sur la scolarité des enfants. Il est donc intéressant de se demander quelles modalités (de temps, de lieu, de forme) réduisent l’impact des pratiques « non-rentables scolairement », voire nuisibles pour les trajectoires scolaires. Les auteurs posent ainsi une question simple : comment ces pratiques, ces « petits  écarts » à la norme, permettent-ils aux élèves de préserver leur scolarité ? [...]

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Crédit image : Freepik, Eucalyp et Taufik Ramadhan pour Flaticon.