Demain, guérir

Publié par Université de Montpellier UM, le 6 juin 2016   2.2k

Une médecine ciblée, durable, qui ne se contente plus de soulager mais s’offre le luxe de réparer. Grâce aux progrès de la recherche sur les cellules souches, la médecine régénératrice est en passe de révolutionner le monde médical.

Votre arthrose vous fait souffrir ? Retrouvez les genoux de vos vingt ans grâce à du cartilage tout neuf. Alzheimer vous guette ? Remplacez vos neurones défaillants par de plus performants. C’est votre cœur qui menace de vous lâcher ? Changez-le ! De la science-fiction ? Non, les promesses de la médecine régénératrice. Son objectif : « réparer une lésion ou un organe malade en remplaçant les cellules défaillantes par des cellules saines », explique Christian Jorgensen. Une médecine ciblée qui permet d’envisager de guérir totalement certaines maladies plutôt que de se contenter de soigner les symptômes à grand renfort de médicaments.

Le fabuleux potentiel des cellules souches

A Montpellier, cette médecine du futur se conjugue au présent : les chercheurs de l’Institute for Regenerative Medicine and Biotherapy (IRBM), sont à la pointe de cette discipline. Leur matériel principal ? Les cellules souches. Des cellules qui ont la particularité de pouvoir donner naissance à différents types cellulaires et permettent de produire ainsi du cartilage, des neurones, du cœur, du foie, de la peau…

Il en existe deux types : les cellules souches multipotentes, qui peuvent se différencier en un nombre limité de types cellulaires, et les cellules souches pluripotentes, qui peuvent donner toutes les cellules de l’organisme (lire encadré). Comment ? « Grâce à un cocktail de molécules qui induit leur différenciation en un tissu spécifique », explique le directeur de l’IRMB. Un cocktail « foie » pour obtenir des cellules hépatiques, un cocktail « cœur » pour obtenir des cardiomyocites, au choix. Avantage de cette technique : on peut prélever les cellules du patient lui-même et les lui réinjecter après les avoir différenciées, sans risque que son système immunitaire ne rejette le greffon.

De nombreux essais cliniques sont en cours pour tester ces nouvelles thérapies. A Montpellier, les chercheurs soignent des patients qui souffrent d’arthrose du genou dans le cadre de l’essai clinique européen Adipoa conduit par Christian Jorgensen. « On utilise des cellules souches mésenchymateuses, un type de cellules multipotentes présentes dans tout l’organisme », explique le chercheur. Ces cellules sont injectées directement dans le genou des patients afin d’obtenir une régénération du cartilage endommagé. Un premier essai sur 18 patients a donné des résultats très encourageants : 80 % d’entre eux avaient constaté un gain de fonctionnalité et une baisse de la douleur dans les neuf mois suivant l’injection. « Nous avons désormais lancé un deuxième essai de plus grande ampleur sur 150 patients dont nous attendons les résultats fin 2018 ».

Créer des organes

Arthrose, infarctus, insuffisance cardiaque, dégénérescence maculaire, maladies d’Alzheimer et de Parkinson… La liste des maladies qui peuvent être ciblées par les cellules souches ne cesse de s’allonger. Mais la médecine régénératrice affiche des ambitions encore plus grandes. En ligne de mire : la création d’organes. « On sait produire des cellules cardiaques. On sait aussi reconstituer la matrice d’un cœur humain en fibres de collagène en utilisant une imprimante 3D. En utilisant ces cellules cardiaques pour « coloniser » cette matrice on peut créer un cœur humain, un organoïde que l’on peut envisager de greffer à un patient sans aucun risque de rejet », explique Christian Jorgensen qui estime que ce rêve peut devenir réalité d’ici 5 ans… peut-être à Montpellier. « Nous sommes dotés de toutes les infrastructures nécessaires pour être à la pointe de la médecine régénératrice grâce à une plateforme qui réunit la médecine, la robotique, la chimie, l’imagerie. Montpellier est leader sur cette thématique », se réjouit le directeur de l’IRMB. Pour relever un défi majeur de notre société : vivre plus longtemps, mais surtout en meilleure santé.


Retrouvez cet article dans LUM, le magazine science et société de l'Université de Montpellier.

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