Construire la cité en Grèce archaïque
Publié par Mondes Sociaux, le 5 octobre 2020 920
Article par Alain Duplouy
Qu’est-ce qu’une cité grecque ? Voilà sans doute la question la plus difficile en matière d’histoire ancienne, la plus essentielle aussi. Depuis 150 ans au moins et la publication de La Cité antique de N.D. Fustel de Coulanges (1864), les historiens s’interrogent sur la nature de cette forme particulière de vie en commun, au point que diverses écoles de pensée se soient développées, souvent sous la forme de traditions nationales.
L’historien britannique Oswyn Murray notait naguère, non sans un certain humour : « Pour les Allemands, on ne peut parler de polis que dans un manuel de droit constitutionnel ; la polis française est une sorte d’eucharistie ; la polis anglaise est un accident historique ; la polis américaine, enfin, combine les pratiques d’un congrès de la Mafia et les principes de justice et de liberté individuelle ». En tant qu’historien belge, enseignant l’archéologie en France, tout en fréquentant régulièrement les universités allemandes, anglaises et américaines, c’est sous un angle sans doute quelque peu hybride que j’ai abordé cette question, avec pour point de départ cette invitation, formulée il y a deux décennies par : il faut « oublier la cité pour penser la société ». Comment dès lors repenser la cité grecque ?