Comment parler d'océans ? Retour sur le webinaire MIAMS

Publié par Echosciences Occitanie, le 22 mai 2024   370

De septembre 2024 à septembre 2025 se tiendra l’année des océans, thème de la 3e Conférence des Nations unis organisée en juin 2025 à Nice. La prochaine Fête de la science met également à l’honneur cette thématique avec pour intitulé “Océan de savoirs”. Le réseau Science(s) en Occitanie, piloté par la Région Occitanie, a donc souhaité inviter tous les acteurs du milieu de la médiation scientifique à plonger la tête la première dans le sujet pour préparer ou enrichir leurs outils d’animation.

Les deux intervenantes du webinaire MIAMS, Pauline Constantin du CPIE Bassin de Thau et  Alice Vitoux de La Fresque Océane, ont pu nous parler de leurs expériences de terrain, de leurs outils, tout en nous partageant des ressources.

Avant de se jeter pleinement à l’eau, les participants et les intervenantes ont pris part à un brise-glace de quelques minutes en répondant via le chat du webinaire. Beaucoup avaient déjà mené au moins une action de médiation sur le sujet, un bon moyen pour les non initiés de découvrir le nom de projets et d’actions qui étaient partagés par les participants. 

Après avoir une nouvelle fois sondé l’assemblée, nous avons constaté que de nombreuses personnes se trouvaient à plus de 100 km du littoral quand d’autres étaient très proches de la mer Méditerranée. Tous étaient unanimes pour dire qu’ils se sentaient concernés par le sujet du MIAMS, nous sommes tous reliés à l’océan d’une quelconque façon.

Pour finir, les participants n’ont pas eu peur de se mouiller pour répondre à la question “Lorsqu’il pleut chez vous, où vont les gouttes ?”. Le chat s’est une troisième fois animé pour varier entre la mer Méditerranée et l’océan Atlantique. Chacun a ensuite pu vérifier sa réponse grâce à la plateforme open-source River runner global.

Comment parler d’océans à tous les citoyens ?

Les personnes situées à quelques kilomètres de la mer ou de l’océan se sentent souvent concernées par les enjeux liés au littoral. Ils sont directement impactés par l’aménagement du territoire, la pollution de par le tourisme de masse, ou bien la disparition de certaines espèces marines qu’ils ont pu connaitre enfant. Mais comment parler à des citoyens qui ne vivent pas au quotidien avec la plage, la mer ou encore les bâteaux de pêche ? Comment capter les publics qui habitent loin du littoral à travers sa médiation ?

Tout d’abord, nos deux intervenantes ont conseillé de préparer sa médiation en fonction de l’endroit où résident les interlocuteurs. On ne s’adressera pas de la même manière à une lotoise qu’à un catalan du littoral. Il sera plus facile ensuite de trouver des points d'accroche et de connecter le sujet à leur quotidien. Commencer son animation en demandant quel lien entretient la personne avec la mer ou l’océan peut très bien marcher : la grand-mère bretonne, la plage et châteaux de sable en vacances, la collection de coquillages à ramener à la maison en guise de souvenir…

Ensuite, quelques arguments factuels sont à rappeler :

  • Les océans concentrent des enjeux planétaires, ils sont un bien commun pour l’humanité, notamment par les services qu’ils rendent à tous les terriens (météo, climat, ressources alimentaires…).
  • Même loin du littoral tous les individus ont un impact sur les océans. Un exemple qui illustre bien ce point est celui du parcours des déchets de la terre à la mer. Sur les 10 millions de tonnes de déchets estimés qui finissent dans l’espace maritime, 80 % proviennent de la terre, contre 20 % provenant des activités maritimes (source notre-environnement.gouv.fr).

Révéler ainsi ses propres liens avec l’océan aux participants permet de comprendre ensuite les impacts qu’ils soient positifs ou négatifs sur ce dernier. Les petits déchets qui peuvent sembler anecdotiques, comme un mégot de cigarette, ont un réel impact sur l’océan.

Source image : notre-environnement.gouv.fr

La Roue de la pêche et de la conchyliculture

Il existe plus de 80 CPIE (Centre permanent d'initiatives pour l'environnement) en France, dont celui du Bassin de Thau qui travaille en réseau lui permettant de regrouper de nombreux membres dans le domaine de l’éducation à l'environnement. Cette structure travaille aussi avec les filières économiques du territoire et des acteurs de l’agriculture. Cette mixité permet de co-construire des projets pédagogiques à l’échelle du territoire du Bassin de Thau et littoral de l’Occitanie.

Aller à la pêche aux espèces et aux métiers

Si les usages de la pêche et de la conchyliculture sont bien connus des départements proches de la méditerranée, il manquait toutefois un outil commun pour en parler et les mettre en valeur via leur rapport à la biodiversité. Le CPIE Bassin de Thau, en partenariat avec des acteurs du domaine, a imaginé une "roue de la pêche et de la conchyliculture” à faire tourner faisant tomber le joueur sur un magnet représentant une espèce marine ou un métier. Au menu, le participant pourra tomber sur un murex, où il sera bien question du gastéropode marin et pas d’un petit mur en pierre. Le joueur pourra aussi tomber sur le magnet de la pêche à senne, une technique de pêche qui n’a rien à voir avec le fleuve qui coule dans le bassin parisien. Le joueur devra ensuite tester ses connaissances sur l’élément représenté en répondant à un petit quiz.

Plus d’informations sur La Roue de la pêche et de la conchyliculture sont disponibles sur la plateforme Ancre des savoirs. Ce portail est enrichi par de nombreux acteurs, c’est un catalogue qui référence de nombreux outils pédagogiques, une marée de ressources utiles notamment pour la prochaine Fête de la science.

Les points forts de cet outil pédagogiques sont les suivants :

  • il s’adapte au format d’une animation sur un stand ou en classe (à partir de la primaire),
  • son quiz permet de démarrer des discussions tout en proposant des questions adaptées selon les niveaux,
  • ses données sont issues du CRPMEM (Comité Régional de Pêches Maritimes et des Élevages marins) et du Cepralmar (Centre d’étude pour la promotion des activités lagunaires et maritimes),
  • cet outil dispose d’un livret guide animateur,
  • si les joueurs et les animateurs veulent aller plus loin, le “Livret quiz” propose de découvrir des métiers et des techniques de pêche, de plus sur chaque page l’encart “Pour aller plus loin” permet de compléter ses connaissances sur les espèces et les métiers de la pêche.

Comment peut-on emprunter cette roue de la fortune marine ?

4 exemplaires de la roue sont disponibles en Occitanie : à Perpignan (Pyrénées-Orientales), à Leucate (Aude), Grau-du-Roi (Gard) et à Frontignan (Hérault). Pour emprunter gratuitement cet outil pédagogique, il faut suivre une formation au préalable avec les acteurs de la pêche et de la conchyliculture. Pour toutes questions et demande d’emprunt, vous pouvez contacter le CPIE du Bassin de Thau : info@cpiebassindethau.fr.

La Fresque Océane

La Fresque Océane s’appuie sur le même fonctionnement que La Fresque du Climat, un atelier pédagogique imaginé par Cédric Ringenbach. Créé en 2015, ce jeu a été imaginé pour représenter toutes les causes du changement climatique. Le but des joueurs est de relier des cartes par leur lien de cause à conséquence. Alice Vitoux, qui a grandement contribué à l’aventure de La Fresque du Climat, s’est ensuite lancée dans la création La Fresque Océane. Cette dernière est elle aussi un jeu de 100 cartes, mais celles-ci abordent cette fois 6 grandes thématiques en lien avec les océans.

Source : www.fresqueoceane.org/participer

Un atelier ludique pour mesurer l’océan de sujets

Pour condenser toutes les thématiques dans un seul et même atelier ludique, le format adulte de la fresque dure entre 3h et 3h30 (une demi-journée). Le principe est très simple : sur les cartes, une image, et au dos, des informations. Pour sa mise en place, rien de bien compliqué aussi : une grande table, des feuilles et des crayons et l’atelier est prêt ! A partir d’un jeu de cartes illustré, les joueurs devront résoudre des énigmes, établir des liens de causalité et réfléchir aux solutions pour réduire les impacts des activités humaines sur cet écosystème. Saurez-vous résoudre cet exemple d'énigme “Je suis capable de sortir mon estomac de ma bouche et je digère mes proies à l’extérieur de mon corps. Qui suis-je ?”... Réponse : l’étoile de mer. Les participants peuvent s’autocorriger car toutes les réponses se trouvent au dos des cartes. L’atelier aborde d’abord la biodiversité marine, centre de la fresque, puis, autour, 4 grandes thématiques qui décrivent les impacts des activités humaines sur la biodiversité : la pêche et l'aquaculture, l’industrie maritime, le changement climatique, la pollution. 

Les points forts de La Fresque Océane : 

  • c’est un atelier collaboratif qui fait réfléchir le groupe entier et s’appuie sur des sources scientifiques,
  • la fresque existe en plusieurs formats :
    • adulte : 3h à 3h30,
    • enfant à partir du CP jusqu’à la 6e : 1 heure d’animation, le jeu a moins de cartes, la classe est divisée en plusieurs groupes,
    • un format conférence / masterclass : 1 heure ou moins sous forme de quiz avec l’outil Kahoot,
    • stand / événementiel : 1 heure à 10 minutes durant lesquelles le participant joue sur une thématique qu’il a choisi.

Comment peut-on devenir animateur de La Fresque Océane ?

Si cet outil a piqué votre curiosité et que vous souhaitez vous jeter à l’eau pour animer La Fresque Océane, quelques éléments sont à connaître. Il est nécessaire de participer au moins une fois à l’atelier pour ensuite de suivre une formation d’une demi-journée en présentiel ou à distance. En tant qu’animateur il faudra prendre connaissance du guide très complet d’animation de la fresque. Les règles du jeu sont simples et sa prise en main facile, cependant il faudra connaître un minimum le sujet des océans pour répondre aux questions des joueurs les plus curieux !

Si votre structure a besoin d’une animation de La Fresque Océane en urgence (moins d’un mois), il vous faut contacter l’association directement.

4 conseils à retenir pour son action de médiation sur les océans

  1. Il ne faut pas culpabiliser ses publics et rappeler qu’il est possible d’agir collectivement ou à son échelle ! Il ne faut pas non plus hésiter à dire clairement les choses. Oui, acheter des nouveaux vêtements est source de pollution, un élément qui fait consensus entre les citoyens. La nuance à apporter ici est que le consommateur fait partie d’un triangle d’action composé de l'État, du consommateur et des entreprises. Un exemple qui pourra apporter de l’eau au moulin à la discussion entre les participants.
  2. Cela a été rappelé de nombreuses fois lors du webinaire : il faut axer la médiation sur les services rendus par les mers et les océans qui s’inscrivent dans notre vie au quotidien. Les citoyens ont tous un impact positif ou négatif sur ces derniers, mais eux aussi jouent un très grand rôle dans notre quotidien.
  3. Savoir qui est son interlocuteur et quel est son langage est primordial. Les sujets des océans et du changement climatique ont des problématiques économiques très fortes pour les territoires. Il faut alerter sur l’urgence des actions collectives et individuelles à mettre en place, tout ceci en essayant de temporiser pour faciliter le dialogue.
  4. Enfin, il est essentiel de savoir gérer les controverses, et surtout de bien rester neutre. Ce conseil est valable pour toutes actions de médiation touchant à un sujet sensible. Pour informer correctement et continuer son animation de façon apaisée, l’animateur doit bien connaître son sujet et ses controverses pour ne pas se trouver en difficulté. Certaines problématiques sont parfois en contradiction sur des enjeux très forts. Les océans sont notamment une source d’énergie intarissable, mais à quel prix de la préservation de la biodiversité, une controverse ici qu’il ne faut pas ignorer mais savoir gérer si elle émerge lors de la médiation.

Source image : CPIE Bassin de Thau

Les ressources utiles pour ses médiations sur les océans

En tant que médiateur ou acteur investi dans le dialogue sciences et société, il est impossible d’être spécialiste de tous les sujets. Se renseigner, faire de la veille, fouiller et s’informer restent les meilleurs moyens de s’enrichir !

Durant ce webinaire, les deux intervenantes ainsi que les participants nous ont abreuvé de ressources pour enrichir nos médiations sur le thème. En voici quelques-unes…

Quelques outils en plus de médiation scientifique

  • Le jeu de plateau Mon lopin de mer une animation proposée par Les Petits Débrouillards et Ifremer.
  • L’escape game numérique 2189 : l’appel du professeur Céphalos créé lors de l’Ocean Hackathon 2019, un concours international sur des défis numériques liés au milieu marin lancé par le CPIE Bassin de Thau.

Des ressources pour s’informer et creuser l’océan de sujets

Le moment réseautage du réseau : 9 projets, structures, propositions à découvrir

Comme à son habitude, le MIAMS s’est conclu par un moment de réseautage durant lequel les participants ont pu présenter l’un de leurs projets en lien ou non avec la thématique. Voici la liste des 9 pitchs qui ont conclu le webinaire.

  • Romain Hee de l’association Kimiyo (Pyrénées-Orientales 66) a présenté le Festival Terres d'Ailleurs 2025 de Perpignan, portant sur les océans, qui recherche des intervenants. 
  • Sébastien Monié, animateur jeunesse de Loisirs Education & Citoyenneté Grand Sud (Haute-Garonne 31), organise la Fête de la science dans son village, qui va être totalement animée par des jeunes des établissements scolaires. N’hésitez pas si vous souhaitez les accompagner et leur proposer des stands ou projets !
  • Renaud Sorot, Amcsti, réseau national des professionnels de la culture scientifique, technique et industrielle, invite à rejoindre le groupe de travail "Mers et Océan" nouvellement lancé par l’Amcsti. Contact : renaud.sorot@amcsti.fr.
  • Jules Miquel, étudiant en master (Pyrénées-Orientales 66) est à la recherche un stage de Master 2 entre la recherche et de la médiation scientifique au premier semestre de 2025, et également à la recherche d’un stage ou emploi d’été dans la médiation scientifique marine pour 2024. Contact : juliomiquel2002@gmail.com.
  • Jean-Louis Fellous de l’association ASTEC-PSL (Hérault 34) organise le Festival Planète Vivante du 10 au 13 octobre 2024 à Saint-Gély-du-Fesc.
  • Mathilde de Lapeyre, conteuse (Hérault 34), propose le spectacle "Eau secours" et le conte comme moyen de médiation scientifique auprès du jeune public. Contact : mathilde.de-lapeyre@hotmail.fr
  • Hugo Le Chevalier de l’association Ad Naturam (Haute-Garonne 31) nous a présenté un escape game sur le thème de l’eau qui pourrait être rendu disponible pour des prestations d'animation. Contact : ad-naturam@outlook.fr.
  • Alexandre Vanleene et Pierre Beukema, MJC MILLAU (Aveyron 12), ont lancé le club AguaFaune, un projet initié grâce à la mobilisation de jeunes de la ville, qui souhaitaient préserver les tortues marines. Ils sont à la recherche d’associations qui accepteraient d’intervenir auprès de ces jeunes motivés qui ont réussi à faire une collecte de fonds. Bravo à eux !
  • Samba Alarba Barry, Doctorant en océanographie à l'Université de Perpignan Via Domitia Secrétaire Administratif de l'Association des doctorants, a également fait part de sa motivation pour participer localement au dialogue sciences-société. Contact : sab.istmamou86@gmail.com.

Les MIAMS du réseau Science(s) en Occitanie

Les MIAMS, Midis Inter Acteurs-Actrices de la Médiation Scientifique, sont les rendez-vous en ligne du réseau Science(s) en Occitanie. Le principe : échanger, partager, le temps d'une pause déjeuner et en toute convivialité, des expériences, bonnes pratiques et nouvelles idées pour renouveler ses actions de culture scientifique.

Le réseau Science(s) en Occitanie, piloté par la Région Occitanie, est un réseau dédié aux professionnels investis dans le dialogue entre sciences et société.

Vous pouvez contacter le réseau à contact@sciences-en-occitanie.fr.