Le Forum Régional Sciences et Société réunit chaque année une centaine d’acteurs et actrices impliqués dans le dialogue sciences-société en Occitanie afin de se rencontrer, de partager des expériences et imaginer des projets communs. L’édition 2024 portait sur le thème “Inclusion et lutte contre les inégalités” qui s’est décliné à travers 14 ateliers thématiques. 

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Retour sur l’atelier “Comment créer un programme culturel inspirant au service de la ruralité et des coeurs de villages ?”.

Malgré le travail conséquent des actrices et acteurs du réseau pour couvrir l’ensemble de l’Occitanie, les zones rurales restent plus délaissées que les métropoles. Pourtant, le territoire regorge d’opportunités et d’habitant-es en demande ! Alors que pourrait-on mettre en place pour (re)lancer des dynamiques de culture scientifique dans des territoires ruraux. Existe-t-il des "modèles" inspirants, voire duplicables ?

Philippe Réveillon, Fondateur et Co-Président des Chemins Buissonniers, et Guillaume Damais, Chargé de projets en médiation scientifique à l’Université de Montpellier et Coordinateur de la Fête de la science en Lozère, ont été invités à partager leur expérience à l’occasion d’un atelier. 

Philippe Réveillon ouvre le bal pour nous emmener du côté de Rieumes, commune de 3600 habitants en Haute-Garonne. Les Chemins Buissonniers y mènent des actions depuis 25 ans. Souhaitant explorer de nouvelles pistes de sensibilisation aux sciences, il les ont co-construites avec les habitant-es et commerçant-es. Ils ont ainsi organisé : 

• Le festival “Rieumes sous les étoiles”, mêlant astronomie et arts en proposant des expositions dans la ville. Une quinzaine de commerçant-es ont joué le jeu jusqu’à se déguiser en astronautes !
• Des ateliers scientifiques avec les artisan-es (boulanger-ères, fleuristes…) permettant de croiser savoirs artisanaux et savoirs scientifiques. Des lycéen-nes ont ainsi été invités à discuter de la fabrication du pain avec une boulangère et un chercheur.
• Des interventions de botanistes dans les jardins des habitant-es. 
• En encore un projet artistique, nommé “Olfactomove”, invitant les personnes du village à jouer des cellules pour reproduire le fonctionnement de la neurogénèse des cellules olfactives. 

“Quand on s’intéresse aux gens, ils finissent par s’intéresser à nous”, explique-t-il. 

Irriguer les villages avec des animations scientifiques

Guillaume Damais poursuit la discussion en présentant son travail pour la Fête de la science. En charge de la coordination de l’évènement en Lozère, il construit chaque année une programmation sous forme de “Village des sciences itinérant” : plutôt que de concentrer toutes les animations dans un seul endroit (et risquer une très faible fréquentation), les animations et leurs porteur-euses se déplacent d’un établissement scolaire à un autre. L’une des problématiques réside dans le fait que certaines écoles accueillent très peu d’élèves en zones rurales et les niveaux sont souvent mélangés. Cela oblige donc à adapter les animations pour l’ensemble des niveaux présents. Par ailleurs, les financements restent encore peu importants, et ne permettent pas toujours de couvrir les frais de déplacement sur une large zone rurale. 

Les participants ont ensuite partagé une liste de bons conseils pour intervenir en zones rurales : 

• Il vaut toujours mieux s’appuyer sur des personnes très implantées localement : les élus, les comités des fêtes, les associations locales, les offices du tourisme… Il ne faut pas hésiter à échanger avec “les anciens” du village, souvent de bons conseils et capables de faire le lien avec les réseaux locaux. 
• De nombreux lieux sont intéressants à exploiter : les cafés, les bibliothèques, les châteaux, les grottes… Les lieux patrimoniaux sont souvent très demandeurs d’évènementiels. L’association Grottes&Archéologies, elle, intervient régulièrement sur des marchés. Il faut parfois oser “performer” au milieu de l’espace public, pour attraper les passants. 
• L’une des difficultés est de faire déplacer des scientifiques en zones rurales. À défaut, certains établissements comme l’Université Toulouse 3 Paul Sabatier retransmettent en direct des conférences sur écrans. D’autres, comme Carrefour des Sciences et des Arts, jouent la carte de la convivialité : les scientifiques sont accueillis avec un panier garni de gourmandises de la région et les bénévoles de l’association leur organisent des visites de lieux touristiques. Et cela paie : les scientifiques reviennent et motivent leurs collègues. 
• Autre point de vigilance : les discours prônant les pseudosciences et théories complotistes sont très présents en zones rurales. Il est donc indispensable de bien se préparer à ce type de discussions parfois délicates. 
• Enfin, le groupe a abordé la question des financements des actions en zones rurales. Parmi les solutions évoquées : les subventions de collectivités, les financements proposés par l’Agence nationale de la Recherche qui permettent de financer la venue de scientifiques, le dispositif de billets de trains à 1 euro pour réduire les coûts de déplacement, le dispositif Pass Culture, ou encore le portail Trousse à projets de l’Education nationale, qui permet de collecter des dons pour financer des actions éducatives. 

Pour échanger avec les intervenants : 

• Philippe Réveillon, Fondateur et Co-Président des Chemins Buissonniers : leschemins.buissonniers@orange.fr 
• Guillaume Damais, Chargé de projets en médiation scientifique à l'Université de Montpellier et Coordinateur de la Fête de la science en Lozère : guillaume.damais@umontpellier.fr 

Ressources pour aller plus loin : 

• Le site des Chemins Buissonniers
• L’action en ruralité des Chemins buissonniers à travers un document de présentation et une vidéo. Les animations dans les jardins en vidéo. Et leur intervention en boulangerie en vidéo. 
• La Fête de la science en Lozère, vidéo de 2022

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