Camille Thabard & l’association Grottes et Archéologies : La valorisation de la culture scientifique auprès des publics empêchés.
Publié par Paula Moreau, le 18 janvier 2022 1.6k
A la fois doctorante et présidente de l’association Grottes et Archéologies, Camille est un vrai couteau suisse en ce qui concerne la transmission du savoir scientifique de l’archéologie.
GROTTES & ARCHÉOLOGIES
Créée en 2014, cette association de médiation scientifique segmente son activité autour de 3 pôles :
- Pôle Scientifique : On peut y trouver des chercheurs en archéologie avec des spécialistes différents, des géologues ou encore des archéologues de terrain. L’association offre à travers ce pôle un soutien logistique, technique ou encore financier aux chercheurs et chercheuses.
- Pôle valorisation : Ce pôle met en place des projets de valorisation en lien avec des missions scientifiques, comme la participation à des événements nationaux d’archéologie ou encore la fête de la science. Ils appuient les équipes ou les structures dans leurs demandes de valorisation et aident à réaliser concrètement leurs projets.
- Pôle médiation : Il a pour but de faire découvrir la science et tout ce qui touche au protocole scientifique de l’archéologie au grand public.
Mais ce n’est pas tout, l’association Grottes & Archéologies possède une particularité en ce qui concerne le public concerné par ses animations. En effet, elle s’axe sur les publics dits “empêchés”.
Grâce à un label d’éducation populaire, elle intervient auprès d’enfants de quartier ou encore d’enfants porteurs de handicap. On retrouve donc des projets faits en partenariat avec la Protection Judiciaire de la Jeunesse ou encore l’association Autisme Pyrénées.
À travers la mise en avant de ce type de public, elle cherche à diffuser la science auprès du plus grand nombre et ne pas forcément s’adresser aux personnes qui auraient déjà les prérequis pour participer à ce genre de projet
LES ATELIERS AVEC LES PLUS JEUNES
L’association propose différents ateliers, toujours en lien avec l’archéologie et les différentes disciplines, qui s’adaptent aux besoins de leurs petits publics.
Camille a pris l’exemple d’un projet qu’elle a elle-même mené dans le cadre d’un appel à projet de la mairie de Toulouse “Passeport pour l’Art”. L’association a emmené des classes de maternelle au Muséum pour aborder la classification des animaux, mais aussi l’archéozoologie (l’étude des ossements), à travers un atelier pédagogique : une reproduction d’un squelette de chèvre à taille réelle avait été fabriquée puis éparpillée dans différentes boîtes et les enfants devaient alors tenter de recréer le squelette.
L’essentiel est que l’apprentissage passe par la manipulation et l’autonomie des enfants. À travers cette méthode, c’est à eux de comprendre pourquoi ils font ça, quel est l’intérêt d’étudier des ossements d’animaux morts…
Ils comprennent alors par eux-mêmes que ça permet d’étudier des animaux qui n’existent plus actuellement, de savoir comment les hommes vivaient à l’époque.
Il faut que ce soit eux les acteurs de l’information.
Camille Thabard
UN LONG PARCOURS UNIVERSITAIRE
D’abord lancée dans une licence d’histoire, c’est finalement à la fin de son Erasmus en Espagne que Camille découvre l’archéologie et décide de donner une chance à cette matière. Elle fait alors le choix de refaire une licence, cette fois-ci en archéologie, à l’université Toulouse II Jean Jaurès.
Après cette licence, elle poursuit son apprentissage en Master 1, puis un Master 2 portant sur l’étude paléoécologique des guildes des carnivores.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là : grâce aux réseaux de l'association, Camille rencontre son futur directeur de thèse et obtient une bourse doctorale du CNRS pour aller travailler en Afrique australe.
Cette thèse porte sur les grands carnivores plio-pléistocènes, époque des tout premiers hommes. Elle aborde, à travers des os, un regard plus écologique, pour tenter de comprendre comment ils chassaient et évoluaient dans leur milieu.
L’objectif est alors de comprendre les interactions que ces grands carnivores ont eu avec les humains pour pouvoir mieux comprendre l’évolution comportementale des hommes.
UNE ENVIE D'IMPLICATION DANS LE MONDE ASSOCIATIF
Immédiatement embarquée dans l’apprentissage de l’archéologie, elle découvre alors l’association Grottes & Archéologies lors de sa licence.
Après plusieurs années en tant que bénévole dans le pôle médiation, elle s’implique de plus en plus dans la vie de l'association et décroche un service civique d’un an. En parallèle avec ses études, elle développe avec l’association de nouveaux projets et notamment les visites d’un chantier de fouille.
À son entrée en Master 2 de recherche, Camille comprend qu’elle aura moins de temps à accorder au projet, mais n’envisage pas de quitter l’association pour autant. C’est à ce moment-là que, lors du changement du Conseil d’Administration, elle se voit proposer le siège de présidente. Ce poste lui permet alors de s'impliquer en endossant alors un rôle de “visage de l’association” mais surtout de conjuguer ce poste avec ses différents déplacements pour sa thèse. Le compromis parfait.
ET VOUS ?
L’association est ouverte à l’intégration de nouveaux bénévoles tout au long de l’année.
Aucun prérequis n’est demandé et il est possible de s’inscrire via le site internet, de demander un rendez-vous dans les locaux toulousains ou tout simplement d’engager une discussion lors d’une rencontre sur une des animations de l’association.
Article rédigé par Paula Moreau.
ⓒ Image Illustration : Grottes et Archéologies
ⓒ Image 1 / 2 / 3 : Grottes et Archéologies