Le Forum Régional Sciences et Société réunit chaque année une centaine d’acteurs et actrices impliqués dans le dialogue sciences-société en Occitanie afin de se rencontrer, de partager des expériences et imaginer des projets communs. L’édition 2024 portait sur le thème “Inclusion et lutte contre les inégalités” qui s’est décliné à travers 14 ateliers thématiques. 

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Retour sur l’atelier “Quels grands enseignements de 20 ans d’interventions auprès des publics empêchés ?”.

Les publics dits « empêchés » sont des personnes faisant face à des contraintes fortes limitant leurs relations sociales et leur accès à la culture : détenus de centres pénitenciers, séniors en maisons de retraite, patients hospitalisés… L’association “Les étoiles brillent pour tous” s’est donnée pour mission d’aller à leur rencontre afin de leur offrir un moment agréable d’accès aux connaissances scientifiques. Comment la médiation scientifique peut-elle être source de liberté, d’aspiration et de plaisir, en particulier en milieu carcéral ?

À l’occasion du Forum régional, Bruno Lepetit, Président de l’association “Les étoiles brillent pour tous”, et Jean-Paul Dubarry, Directeur de l’unité locale d’enseignement à la Maison d’arrêt de Seysses, sont venus raconter leurs collaborations. 

Les Étoiles brillent pour tous réunit une cinquantaine d’universitaires de nombreuses disciplines, qui viennent à la rencontre de publics empêchés, à travers une centaine d’interventions par an, et ce sur une vingtaine de sites. Leur but commun est de partager leurs connaissances tout en tentant de réduire la monotonie du quotidien de ces personnes. Ils interviennent en particulier : 

• auprès de jeunes publics, en situation de handicap, en écoles de la 2e chance ou encore en établissements pénitentiaires pour mineurs ;
• auprès d’adultes, en centres psychiatriques, en maisons d’arrêt ou en maisons de chômeurs notamment ; 
• auprès de séniors, en maisons de retraite. 

Les interventions sont sous forme de cycles de conférences, d’ateliers avec des expériences scientifiques ou de sorties. Bruno Lepetit précise que la base des contenus est toujours la même, quel que soit le public : des conférences accessibles pour un niveau équivalent aux connaissances d’un collégien. Parmi les sujets qui font souvent mouche : l’astrophysique, le climat et les drogues et addictions (ce dernier intéresse particulièrement en milieu carcéral). 

L’association participe également à la formation de doctorants à la médiation scientifique, en les mobilisant sur leurs actions. 

Jean-Paul Dubarry nous partage également son quotidien au sein du centre pénitentiaire de Seysses, établissement accueillant en majorité de jeunes majeurs. Beaucoup l’ignorent, mais en France, l'État a confié la mission d'enseignement dans les prisons au ministère de

l'Éducation Nationale. Les personnels ont la même formation et le même statut qu’à l’extérieur des murs. Jean-Paul Dubarry a en charge l’enseignement au sein de la maison d’arrêt et encadre l’équipe d’enseignants-formateurs. Celui-ci recommande ainsi de ne pas hésiter à contacter les responsables d’enseignement des établissements pénitentiaires pour monter des projets de culture scientifique et technique. Ce sont souvent de très bonnes portes d’entrée !

“Les projets proposés aux détenus tournaient essentiellement autour de la littérature. Jamais des sciences” , relate-t-il. Il souhaitait donc s’ouvrir à de nouvelles disciplines, en s'associant aux Etoiles brillent pour tous. À travers ces interventions, il s’agissait aussi de lutter contre les fausses informations et idées reçues. Et de proposer des travaux pratiques autour des sciences. “Nous semons des graines pour faire germer de nouvelles idées chez ces détenus”. Ces animations scientifiques permettent ainsi aux détenus volontaires de sortir de leur quotidien, “par la pensée et par de nouvelles activités”. 

Éviter tous préjugés, mais bien se préparer 

Rares sont les structures de médiation scientifique qui osent intervenir en milieu carcéral. Pourtant, les retours sont extrêmement positifs, à la fois pour les détenus et les intervenants. L’utilité de la démarche se fait très vite sentir. Mais il faut encore passer outre certaines idées reçues. Les scientifiques femmes par exemple, qui pourraient avoir peur d’intervenir face à un groupe de détenus hommes. Pourtant, Bruno Lepetit le garantit : il n’y jamais eu aucun souci. 

Les échanges, riches, se prolongent durant l’atelier, permettant d’aboutir à une liste de préconisations pour intervenir auprès de publics empêchés : 

• Éviter toute approche “descendante” : la parole et la “gratitude” doivent être dans les deux sens. 
• Garder en tête que beaucoup de publics empêchés, notamment en maisons d’arrêt, sont non lecteurs, ou ayant les bases de la lecture mais peu à l'aise avec la lecture de longs paragraphes. 
• Ne pas se laisser déstabiliser par les comportements et les postures des participants, qui peuvent être dans l’écoute, sans pour autant manifester les “codes habituels” (rester assis, regarder l’intervenant…). 
• Bien anticiper les problématiques matérielles et les contraintes logistiques des lieux. Par exemple, en établissement pénitentiaire, certains outils sont interdits, l’usage d’un ordinateur externe n’est pas autorisé, la vérification du matériel peut être longue, etc. 
• Rester toujours à l'écoute des envies du public, afin de proposer un contenu adapté.  

Alors si vous souhaitez vous lancer pour intervenir auprès de ces publics et recueillir de précieux conseils, n’hésitez pas à vous rapprocher des Etoiles brillent pour tous. 

Pour échanger avec les intervenants : 

• Bruno Lepetit, Physicien au Laboratoire Collisions Agrégats Réactivité, Président de l’association Les étoiles brillent pour tous : ebpt-bureau@irap.omp.eu 
• Jean-Paul Dubarry, Directeur de l’unité locale d’enseignement, Maison d’arrêt de Seysses : instit.cp-seysses@justice.fr 

Ressources pour aller plus loin : 

• Interview de Bruno Lepetit sur Radio Campus FM
• Intervenir auprès de publics “empêchés”, avec Raphaël Jeanson, bénévole pour Les étoiles brillent pour tous
• La tête dans les étoiles, un projet culturel mené en prison
• CST et lien social. Quels rôles joue l’action culturelle scientifique en milieu pénitentiaire ?

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