Nutrition publique et focus Sud : les apports de l’IRD à MoISA

Publié par IRD Occitanie, le 5 février 2021   780

Depuis le 1er janvier 2021, 13 agents IRD de l’UMR NUTRIPASS ont rejoint l’UMR MoISA (Montpellier Interdisciplinary centre on Sustainable Agri-food systems : social and nutritional sciences). Forts d’une collaboration de plus de 30 ans, les chercheurs concrétisent une orientation scientifique résolument internationale et interdisciplinaire, mariant sciences sociales et nutrition publique.

Comprendre les pratiques des acteurs et les mécanismes institutionnels permettant d’assurer la sécurité et la sûreté alimentaires, c’est le credo des scientifiques de l’UMR MoISA.  Désormais, pour s’attaquer à ce défi, ils pourront aussi compter sur des compétences complémentaires et penser à la construction de nouveaux systèmes de savoirs. 

Enquête alimentaire en Tunisie

© IRD - Jalila El Ati

Un socle de base dédié au système agro-alimentaire durable

L’unité MoISA a été créée en 2001. Lors du dernier quinquennat, elle s’est proposée de comprendre les pratiques des acteurs et les mécanismes institutionnels permettant d’assurer la sécurité et la sûreté alimentaires, ainsi que l’agriculture et l’alimentation durables. Jusqu’à fin 2020 une centaine d’agents du CIRAD, d’INRAe, de Supagro et de l’IAMM (Institut Agronomique Méditerranéen) formaient ses effectifs. Les disciplines représentées étaient l’économie (sciences de gestion-marketing), la sociologie, et depuis 2017, la nutrition publique avec l’arrivée de quatre chercheurs et ingénieurs de l’INRAe. Une spécificité de l’unité était, et est toujours, son expertise en termes d’enquêtes, qualitatives et quantitatives, avec beaucoup de formations organisées sur la qualité des données. « MoISA a le souci d’une recherche interventionnelle, affirme Paule Moustier, directrice de l’unité. Il s’agit d’accompagner des porteurs d’initiatives en agriculture et alimentation durables, par exemple des organisations de producteurs au Vietnam pour les appuyer dans des démarches de certification de la qualité, ou des collectivités territoriales en Tunisie ou encore en Colombie, pour proposer des stratégies d’accès à l’alimentation pour les précaires ». L’unité organise un grand nombre d’animations ouvertes à la communauté montpelliéraine, comme le groupe Sociopolis en sociologie, la plateforme Platem avec la Maison des Sciences de l’Homme, le Séminaire Systèmes Alimentaires en Méditerranée. Elle porte en particulier la chaire Unesco Alimentations du Monde.

Marché alimentaire paysan, Vietnam

© IRD - Jean-Luc Maeght

Un avenir orienté vers l’accompagnement des transitions des systèmes alimentaires

L’orientation sur l’analyse des systèmes alimentaires et l’accompagnement de leurs transitions est renforcée pour le prochain quinquennal qui a commencé en début d’année 2021. L’UMR est organisée en trois pôles :

  • Le Pôle Osa (Organisations et Stratégies d’Acteurs), centré sur les stratégies des entreprises agricoles et agro-alimentaires et les pratiques d’achat des consommateurs, est divisé en trois axes : Marketing des produits durables ; Economie sociale et solidaire ; Transition numérique, transition bio-économique.
  • Le Pôle Régulations a trois axes également : Rôle des hégémonies dans les débats sur le développement durable, notamment celle de la Chine ; Hybridations entre dispositifs privés, publics et collectifs, en particulier sur la certification ; Evaluation de ces dispositifs avec des méthodes à fois qualitatives et quantitatives d’évaluation d’impacts.
  • Le pôle SAND (Vers une Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle Durable des populations) comporte trois axes : Déterminants et effets des transitions nutritionnelles et alimentaires ;   Relations entre l’environnement alimentaire urbain et la durabilité des comportements alimentaires ; Interactions entre les stratégies agricoles et les stratégies d’approvisionnement des ménages, à deux échelles : micro et méso-macro.

La nutrition publique de l’IRD au service de l’alimentation durable des populations

« Le pôle SAND fait intervenir économie, épidémiologie et nutrition publique pour répondre à un double objectif : Identifier les facteurs individuels et environnementaux influençant la consommation alimentaire, en particulier des plus vulnérables ; Analyser les conséquences sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle et la santé. Des sociologues de l’alimentation y contribuent aussi », détaille Caroline Méjean, animatrice du pôle. Les 13 agents de l’IRD (7 chercheurs et 6 ingénieurs) dont la spécialité est la nutrition publique rejoignent ce pôle. Ainsi, la nutrition publique devient une discipline plus importante, avec 24% des effectifs.

Le bilan des publications de ce pôle s’élève à plus de 200 articles pour le dernier quinquennal, avec une forte proportion de revues classées en excellentes voire exceptionnelles, les chercheurs IRD contribuant pour la moitié de ce bilan. Parmi les avancées et projets en cours de ce pôle on peut citer :

  • La mise en évidence des spécificités de la dynamique de transition en Ouganda et en Tunisie
  • Le projet NuTWind, financé par l’ANR, qui se penche sur  les mécanismes de transition nutritionnelle aux Antilles
  • Le projet KEY qui analyse l’efficacité et les mécanismes d’actions d’interventions nutritionnelle des ménages vulnérables au Mali 
  • L’évaluation de l’environnement alimentaire et sanitaire des villes au Mali (projet AgriSaN) et au Ghana (projet MEALS4NCD)
  • La compréhension des interactions entre les stratégies agricoles et les stratégies d’approvisionnement des ménages (projet Relax au Burkina Faso et projet Medina en Tunisie)

« En résumé, l’arrivée de l’IRD dans l’unité MoISA renforce le positionnement scientifique sur la sécurité alimentaire tout en contribuant à la pluridisciplinarité alliant sciences sociales et nutrition », ajoute Michelle Holdsworth, correspondante IRD dans l’unité. Cette arrivée favorise l’implantation non seulement locale, dans l’écosystème montpelliérain mais également internationale, à travers des priorités géographiques qui sont la Méditerranée, l’Afrique de l’Ouest et Australe, l’Asie du Sud-Est et l’Outre-mer. Ceci est confirmé par la mise en place d’appels internes pour financer des projets transversaux et globaux, portant sur les visions de la durabilité des systèmes alimentaires, la recherche interventionnelle, ou la santé globale. Une vitrine de ce type d’initiative pourrait être le projet inter-pôles NRF - Nutrition Research Facility : Knowledge and Research for Nutrition - financé par l’Europe et illustrant l’alliance entre des disciplines en nutrition et science politique.

Contacts science : Paule Moustier, Directrice de l'unité PAULE.MOUSTIER@CIRAD.FR

Caroline Mejean, Responsable du pôle SAND CAROLINE.MEJEAN@INRAE.FR 

Michelle Holdsworth, Représentante de l’IRD dans MoISA  MICHELLE.HOLDSWORTH@IRD.FR 

Contacts communication : 

Fabienne Doumenge, Julie Sansoulet COMMUNICATION.OCCITANIE@IRD.FR


Source : https://www.ird.fr/nutrition-p...