L’usage des intelligences artificielles génératives, retour sur le 11e MIAMS

Publié par Echosciences Occitanie, le 6 février 2025   160

Pré-rédiger des contenus vulgarisés, produire des visuels ou encore générer des idées pour un projet... Les possibilités qu'offrent les IA génératives sont nombreuses. Mais comment bien les utiliser dans nos métiers ? Quels sont les avantages et les limites des outils utilisant cette technologie ? Que faut-il savoir sur ces IA génératives en constante évolution ?

Le réseau Science(s) en Occitanie, piloté par la Région Occitanie, a souhaité inviter les acteurs du milieu de la médiation et de la communication scientifique à échanger sur l’usage des IA génératives dans leur métier. Deux intervenants nous ont partagé leurs connaissances sur le sujet. Luc Truntzler, expert dans le domaine des Intelligences Artificielles Conversationnelles, spécialiste en Robotique sociale et interface homme-machine, également vice-président de l’association toulousaine NXU Think Tank. En complément, Adeline Guillet, ancienne étudiante en Master 2 Gestion de l'Environnement, parcours Communication et Éducation à la Biodiversité à l’université de Montpellier, a présenté les résultats d'une enquête sur l’utilisation de l'IA en communication scientifique.

L’utilisation de l'IA en communication scientifique

Dans le cadre de sa formation, Adeline Guillet a élaboré une enquête sur l’utilisation de l'IA en communication scientifique. Ce sont 127 répondant-es qui ont pu s’exprimer sur leurs usages des IA. De nombreux professionnels de la communication scientifique utilisent des IA dites génératives capables de créer du texte, des images, des vidéos ou d'autres médias tels que ChatGPT ou le générateur d’images de Canva. 75% d’entre eux recourent à cette ressource au travail pour gagner du temps, augmenter leur efficacité ou trouver des idées inspirantes. 73% d’entre eux estiment qu’il est nécessaire de suivre une formation pour l’utiliser. Un constat qui nous amène à notre expert des IA.

Consulter le résumé des résultats de l’enquête.

L’évolution des intelligences artificielles

Avant de partager ses bons conseils, Luc Truntzler a défini plusieurs types d’IA.

Commençons avec l’IA déterministe qui suit des instructions figées. Pour la faire progresser, il est nécessaire qu’un humain change ses règles. La limite de raisonnement sera vite atteinte lorsqu’il faudra s’adapter et prendre en compte les exceptions. Cette IA ne fait qu’imiter le comportement de l’humain en appliquant ses instructions. On la trouve dans les systèmes de pilotage automatique en aéronautique ou encore dans la robotique industrielle.

L’IA prédictive est un système d’essais-erreurs. Aussi appelée deep learning, elle demande beaucoup de données pour apprendre. Dans ce cas, les experts ont pu constater plusieurs biais dans l’apprentissage. En effet, elle s’appuiera sur la vision des choses que l’on veut bien lui donner. Elle peut être utilisée pour optimiser les ventes d’un site marchand. Une fois les informations de navigation récoltées, elle peut prédire les comportements d’achat des clients.

Nous en venons à la fameuse IA générative, sujet de notre MIAMS qui peut générer du texte, des images, des vidéos ou d'autres médias tels que ChatGPT, Midjourney… Elle est plus récente, mais nous retrouvons néanmoins les mêmes biais d’apprentissage que dans l’IA prédictive. Elle peut compiler des données qui sont sous licence et soumises à des droits d’auteur. Elle peut aussi générer une information présentée comme vraie, mais s'avérant être totalement fausse et basée sur aucune donnée d’apprentissage. On parlera alors d’hallucination.

Les gains et les limites dans le cadre professionnel

Que ce soit pour gagner du temps, synthétiser un document, ou bien trouver l’inspiration sur un sujet, les IA génératives représentent un outil efficace pour gagner du temps. Cependant, dans le cadre professionnel, il est important de rester vigilant sur plusieurs points : 

  • la sécurité
  • l'empreinte écologique
  • la fiabilité ! (voir les hallucinations citées plus haut)

Vigilant sur la sécurité quant à la divulgation de certaines données confidentielles lors de la rédaction de son prompt. Ces mêmes données peuvent être utilisées pour fournir du contenu à un autre utilisateur. Il est donc très important d’anonymiser les informations transmises surtout lorsque l’utilisateur se tourne vers des solutions gratuites d’IA générative (car l’autre solution est de protéger son usage avec les versions payantes).

Un autre point de vigilance à prendre en compte est l’impact non négligeable de cette technologie sur l’environnement. En effet, l’intelligence artificielle est très consommatrice d’énergie, d’eau et de métaux critiques, elle a donc un impact écologique très fort. Une donnée importante à connaître quand on sait que les structures calculent de plus en plus leur bilan carbone pour s’orienter vers des pratiques professionnelles plus durables.

Selon Luc Trunztler, le constat est sans appel, une acculturation est nécessaire. Pour comprendre comment fonctionnent les IA, ou du moins, comment les utiliser, il ne faut pas hésiter à les tester. Il évoque même l’idée qu’on perde le réflexe “Google” pour un réflexe “GPT” dans nos recherches. Beaucoup de personnes font quelques essais puis abandonnent simplement parce qu’elles n’ont pas connaissance des bonnes pratiques pour les utiliser. De plus, les IA  sont en perpétuelle évolution, le conseil de Luc est de prendre le temps de se tenir informé des évolutions de ces outils, ça va très vite !

Voir les ressources en fin de compte-rendu.

Bien rédiger un prompt 

On ne peut pas rédiger un prompt comme on fait une recherche Google en donnant une série de mots clés. Rédiger un bon prompt demande donc un apprentissage préalable. 

Plusieurs techniques de prompting existent. Luc Truntzler, nous a décrit la méthode du chemin de pensée pour détailler sa demande à l’IA en lui fournissant des éléments de contexte très concret. Par exemple, on pourra coacher notre interlocuteur en lui disant “tu es un expert, prends une bonne inspiration…”. Par exemple, on n’obtient pas le même résultat final en demandant “Un post LinkedIn sur les bienfaits de la randonnée”, ou, en suivant un chemin de pensée plus détaillé et en posant plusieurs questions successives : “Quels sont les caractéristiques d’un bon post LinkedIn ?”, “Quels sont les bienfaits de la randonnée ?” et ensuite seulement : “Un bon post LinkedIn sur les bienfaits de la randonnée”.

Scinder sa demande en plusieurs requêtes et y aller par étapes est un bon moyen de produire un résultat final plus satisfaisant. Il sera aussi nécessaire de s’adresser à elle avec politesse pour obtenir de meilleurs résultats (si si !).

Les IA génératives peuvent donc réellement nous aider dans nos pratiques professionnelles à condition de savoir l'utiliser, de ne pas lui demander de produire des contenus sur lesquels on a aucune expertise et d'en avoir un usage raisonnable notamment au vu de son impact environnemental. Luc Truntzler donne l’image d’un assistant, auquel on peut déléguer des tâches fastidieuses et chronophages pour gagner du temps, mais dont nous devons absolument relire les productions car ce n’est pas un expert.

Les IA génératives  les plus utilisées aujourd’hui 

Liens ressources

Les MIAMS du réseau Science(s) en Occitanie

Les MIAMS, Midis Inter Acteurs-Actrices de la Médiation Scientifique, sont les rendez-vous en ligne du réseau Science(s) en Occitanie. Le principe : échanger, partager, le temps d'une pause déjeuner et en toute convivialité, des expériences, bonnes pratiques et nouvelles idées pour renouveler ses actions de culture scientifique.

Le réseau Science(s) en Occitanie, piloté par la Région Occitanie, est un réseau dédié aux professionnels investis dans le dialogue entre sciences et société.

Vous pouvez contacter le réseau à contact@sciences-en-occitanie.fr.