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Sommes-nous de bons écocitoyens ?

Publié par Mondes Sociaux, le 4 juillet 2022   960

Vidéo Avides de recherche par Tania Louis

L’écologie devient un sujet de plus en plus brûlant et, depuis quelques décennies, des injonctions sont adressées aux citoyens pour les amener à modifier leurs comportements. Campagnes de communication, labels sur des produits et de programmes éducatifs incitent chaque citoyen à faire preuve de responsabilité vis-à-vis de l’environnement pour devenir un écocitoyen.

Cet ensemble de règles plus ou moins explicites qui valorisent certains comportements constitue une nouvelle norme d’écocitoyenneté. Maël Ginsburger, doctorant en sociologie, s’est intéressé à la façon dont les français se l’approprient, dans un article intitulé « De la norme à la pratique écocitoyenne. Position sociale, contraintes matérielles et diversité des rapports à l’écocitoyenneté », publié dans la Revue française de sociologie en 2020.

Cette analyse s’appuie sur 14 indicateurs chiffrés construits à partir de l’Enquête sur les pratiques environnementales des ménages de 2016. 9 indicateurs évaluent les pratiques des citoyens, ce qu’ils font effectivement, et 5 portent sur leurs attitudes écocitoyennes, c’est-à-dire leurs opinions et leurs intentions.

Même s’il y a des nuances, les français adhèrent bien à la partie « attitudes » de la norme écocitoyenne. 81% pensent par exemple qu’il est vrai ou plutôt vrai que « presque tout ce que nous faisons dans la vie moderne nuit à l’environnement ». En revanche les pratiques sont plus hétérogènes, certains gestes étant très répandus, comme les économies d’énergies ou le tri des déchets alors que d’autres restent minoritaires, comme le covoiturage ou l’utilisation d’énergies renouvelables pour se chauffer.

Une analyse statistique montre que les données se structurent assez bien autour de deux axes, qui illustrent deux rapports différents à l’écocitoyenneté. Le premier peut être décrit comme une écologie du geste, différenciant les individus selon leur volonté de faire des efforts et d’investir pour préserver l’environnement. Le second, interprété comme une écologie de la frugalité, permet de distinguer des individus inquiets de l’état de l’environnement et dépensant peu et des individus plus confiants et dépensiers.

En combinant ces données aux caractéristiques sociales des répondants et aux propriétés de leurs lieux de vie, six profils d’appropriation de la norme d’écocitoyenneté se dégagent. Parmi eux, deux y adhèrent plus que les autres : les urbains engagés, pratiquant de nombres écogestes mais restant assez dépensiers, et les petits locataires responsables, principalement des femmes célibataires aux ressources plus limitées.

Entre enjeux environnementaux et contraintes matérielles, la diversité des rapports à l’écocitoyenneté est importante. Mieux la comprendre est essentiel pour identifier des leviers d’amélioration mais aussi pour inciter à l’empathie en rappelant que l’écart entre compréhension des enjeux et passage à l’action n’est pas qu’une question de volonté.

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