Article d'Anne Augereau

Les différences de genres se matérialisent souvent dans divers  domaines : vêtements, parures, alimentation, origine, etc. Appliquée à  la période du Néolithique Rubané, l’archéologie du genre permet  d’esquisser les différences de statuts entre les hommes et les femmes et laisse percevoir une diversité sociale inattendue : hommes dominants,  femmes en apparat, gens du commun, individus en armes et enfants, ainsi  que leurs rôles sociaux, émergent peu à peu decette culture du  Néolithique européen.

Toutes les sociétés humaines ont leur manière de voir et de développer les rapports sociaux entre les sexes, avec néanmoins un dénominateur commun : la présence d’une domination masculine. Depuis près d’un siècle, les anthropologues, sociologues, historiens, ethnologues ont en effet montré que celle-ci existait dans presque toutes les communautés de chasseurs-cueilleurs, d’agriculteurs, d’horticulteurs mais aussi dansle monde occidental contemporain. Toutefois, cette domination peut être plus ou moins oppressive et plus ou moins violente envers les femmes. Par exemple, les sociétés patrilocales et patrilinéaires (où la résidence post-maritale est celle du mari et où la filiation s’effectue par les pères) sont souvent très coercitives. En revanche, les sociétés matrilinéaires (filiation par les femmes) et matrilocales (résidence chez les épouses) témoignent généralement de rapports entre les sexes plus équilibrés. Dans ces conditions, comment entreprendre une étude des rapports de genre durant la Préhistoire ? Comment évaluer les inégalités et les relations de domination entre les hommes et les femmes en ces temps reculés ?

Rapports de genre et Préhistoire

Aborder ces questions en Préhistoire est chose complexe car les données archéologiques qui nous parviennent sont très lacunaires : silex taillés, ossements d’animaux consommés, traces fugaces d’habitat, sépultures, etc. Mais il est un caractère du genre qui permet d’approcher, partiellement et avec prudence, les différences entre les hommes et les femmes préhistoriques : le genre est en effet une construction culturelle qui a une existence matérielle.[...]

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