Quand les murs font la révolution
Publié par Mondes Sociaux, le 28 février 2024 360
Article de Lucas Bazzano Pinto
Marquée par deux décennies de régime autoritaire, l’Italie des années 1970 assiste à la mutation d’une pratique subversive : le graffiti. Durant cette période, l’Italie vit d’importants mouvements sociaux et politiques, avec de nombreux mouvements étudiants et un militantisme politique très actif, que ce soit au sein de la gauche extraparlementaire, ou chez les néofascistes italiens.
Le chercheur Grégoire Le Quang s’intéresse au rôle des graffitis dans le contexte politique et social des années 1970 en Italie. Avec le graffiti, les murs des villes italiennes deviennent des supports visuels reflétant le climat social du pays, tiraillé entre violence de rue, développement de lutte armée et actes de terrorisme, en étant un nouveau moyen d’expression populaire permettant de transmettre des messages subversifs.
Le graffiti : essor d’une culture protestataire juvénile
À partir de rapports policiers, de photographies, d’articles de presse et de témoignages, Grégoire Le Quang montre comment la pratique du graffiti s’inscrit dans un contexte de politisation intense d’une partie de la jeunesse. D’abord, il évoque l’absence d’attention autour de cette pratique avant 1968. Jusqu’alors, le graffiti n’est abordé qu’à travers le prisme de l’esthétique. C’est le moment, Mai 68 en France, qui enracine cette pratique politique au sein des milieux militants italiens, qui croient en l’idée d’une révolution culturelle transnationale, c’est-à-dire en un soulèvement mondial des jeunesses, sur le modèle de la grande révolution culturelle chinoise de Mao. [...]
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