Lutter contre les violences sexistes et sexuelles dans la musique live
Publié par Mondes Sociaux, le 20 juin 2023 550
Article de Louise Barrière
Dans la lignée du mouvement #MeToo, le problème des violences sexistes et sexuelles (VSS) dans l’industrie de la musique live a été récemment mis en lumière dans les sphères médiatiques et politiques. À la lueur des interrogations soulevées par cette actualité, cet article propose d’analyser les pratiques développées depuis deux décennies par des festivals musicaux féministes. Que peuvent-ils apporter à l’industrie musicale en matière de lutte contre les violences sexistes ? Quelles sont les limites de leurs dispositifs ?
Évènements musicaux et violences sexistes et sexuelles
Alors que les chercheur·euses et acteur·ices de l’industrie musicale n’ont commencé à s’intéresser aux problèmes causés par les VSS que récemment, des initiatives féministes existent depuis plusieurs décennies au sein des scènes musicales amateurs. Ces dernières ont permis le développement de différentes pratiques, comme des chartes de prévention ou des équipes de médiation spécifiquement formées à ces problématiques. Ce sont ces innovations sociales que je propose de considérer ici, comme de potentielles sources d’inspiration pour la sphère professionnelle de la musique live.
Au cours des dernières années, les violences sexistes et sexuelles dans les concerts et festivals ont progressivement émergé comme une problématique pour l’industrie musicale française. En 2019, une festivalière déclare sur les réseaux socionumériques avoir été violée alors qu’elle participait au Hellfest, un des plus grands festivals de metal organisé à Clisson en Loire-Atlantique. La médiatisation de son expérience encourage d’autres victimes à prendre la parole, et l’année suivante, le mouvement #MusicToo remet la question des violences sexistes et sexuelles dans l’industrie musicale française au cœur de l’actualité médiatique. De nombreux titres de presse s’en emparent, et la ministre de la culture d’alors, Roselyne Bachelot, annonce en faire une priorité pendant son mandat.
Elle va pour cela s’appuyer sur le tout jeune Centre National de la Musique (CNM), créé en janvier 2020, à la suite du Centre national de la chanson, des variétés et du jazz (CNV), le CNM est un établissement public placé sous la tutelle du ministère de la Culture. Il est présenté comme une « maison commune de la musique » en France, et participe à l’orientation des politiques publiques relatives à la musique sur le territoire national. Entre autres missions, le CNM distribue un certain nombre d’aides à différents acteurs de la filière musicale – festivals, salles de spectacles, sociétés de production, etc.
Or, en décembre 2020, il est finalement acté que seules pourront accéder à ces aides les structures dont les salarié·es auront suivi une formation de prévention des VSS. Ces formations sont quant à elles dispensées dans différentes villes du territoire français par des organismes partenaires. À Toulouse, nous pouvons par exemple mentionner l’association La Petite.
Ces cinq dernières années, dans la sphère académique, les études sur les VSS dans la musique live se sont également développées, notamment dans les pays anglophones. En France, ces questions demeurent toutefois peu explorées.
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