Polices et policiers dans la Première Guerre mondiale
Publié par Mondes Sociaux, le 23 octobre 2020 1.1k
Article par Jonas Campion et Laurent López
Que fait la police durant les crises ? L’actualité sanitaire liée à la crise du COVID-19 – qualifiée de « situation de guerre » par plusieurs responsables politiques – attire une nouvelle fois l’attention sur une question loin d’être neuve dans l’analyse des sociétés contemporaines. La recherche historique s’intéresse en effet à ces moments intenses que sont les crises sanitaires ou économiques, les guerres, les occupations, les transitions politiques, la faillite des institutions. S’ils sont des moments uniques, des « laboratoires » où se repensent et se reconfigurent les logiques de la sécurité publique, ces instants sont également des révélateurs d’une supposée normalité, faite de pratiques quotidiennes inscrites dans la longue durée. La Première Guerre mondiale constitue à ce titre un terrain d’enquête primordial.
Que devient l’ordre public lors du passage du temps de paix au temps de guerre ? Par essence, la question transcende les frontières nationales. Au cours de ce conflit, l’ensemble des sociétés et tous les États sont bouleversés par des situations extraordinaires que les policiers vivent « au cœur » de l’action : mobilisation, massacres massifs sur les champs de bataille, nouvelles formes de combats ; mais aussi famines, occupations militaires, agitations politiques et révolutions, déplacements de population pendant et après les combats. Policiers et gendarmes sont donc confrontés à des formes spécifiques de désordre et à l’élargissement des logiques de la criminalisation de personnes ou de comportements, par exemple en matière de ravitaillement.