Des Punks en Chine ?! Musique, alcool et déviance
Publié par Mondes Sociaux, le 24 octobre 2022 800
Vidéo Avides de recherche par Charlotte Barbier
Lorsqu’on pense à la société chinoise actuelle, on se représente en premier lieu un pays où la population est surveillée et la liberté d’expression bridée. Pourtant des voix contestataires s’élèvent dans des communautés peu visibles comme celle des punks.
Nathanel Amar, chercheur en sciences politiques et anthropologie à l’antenne de Taipei du Centre d’étude sur la Chine contemporaine a étudié la contre-culture punk de Pékin et Wuhan pendant sa thèse. Dans un article paru en 2017 dans la revue Civilisations, il se penche plus spécifiquement sur l’usage de l’alcool dans cette communauté.
Grâce à trois années d’observation participante, il a pu intégrer la communauté des punks chinois afin de comprendre leurs pratiques dans leur dimension symbolique.
Il constate que leur consommation d’alcool est abondante et très ritualisée, comme dans les autres couches de la société chinoise. Toutefois, les punks se distinguent dans leur rapport à la boisson : ils glorifient l’alcool et se montrent en état d’ébriété dans l’espace public. Ainsi, ils s’opposent aux mots d’ordre du Parti communiste qui souhaite lutter contre l’ivresse.
Par ailleurs, à travers leur usage de l’alcool ainsi que par la pratique du tatouage (un acte stigmatisant dans la tradition chinoise), les punks s’affichent ouvertement dans une forme de déviance sociale. En raison de leur contestation de l’organisation de la société chinoise contemporaine et de leurs critiques du pouvoir politique en place, les punks sont poussés à s’allier aux mafias locales pour trouver des emplois ainsi que des lieux de concert et de répétition.