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D’APB à Parcoursup. Un outil au service du développement d’universités « d’excellence » ?

Publié par Mondes Sociaux, le 14 janvier 2025   1

Article de Mathieu Rossignol-Brunet & Leïla Frouillou

En 2018, le remplacement de la plateforme Admission Post-Bac (APB), d’affectation dans l’enseignement supérieur par Parcoursup a permis aux formations universitaires de classer les candidatures reçues selon des critères qu’elles pouvaient définir. Se pose alors la question d’un renforcement des hiérarchies entre les universités, mais aussi des effets plus ou moins forts liés à ce changement selon que les disciplines soient plus ou moins demandées par les bacheliers.

La mise en place de Parcoursup est souvent associée à l’introduction de la sélection à l’université, et donc à la généralisation de celle-ci à l’ensemble des formations du supérieur. Nombre de filières, comme les classes préparatoires aux grandes écoles ou encore les sections de technicien supérieur, pouvaient déjà choisir le public qu’elles allaient recevoir. Se centrer sur les formations de licence permet de comprendre ce qui a véritablement changé dans le recrutement étudiant. Nous proposons pour cela d’analyser deux filières, inégalement demandées, le droit et l’histoire, puis la filière de droit sur deux territoires où l’offre de formation est plus ou moins diversifiée, l’Île-de-France et Midi-Pyrénées.

Classer les candidatures

Le système Admission Post Bac (APB) existait au niveau national depuis 2009. Les personnes candidatant étaient invitées à faire des vœux, et à les ordonner selon leur préférence. En cas d’acceptation dans un vœu mieux classé, les vœux plus lointains n’étaient plus pris en compte. Les universités n’avaient quant à elles pas la possibilité de classer les différentes candidatures reçues, ni de les refuser, à l’exception de quelques licences officiellement sélectives. Une part importante des licences, comme la majorité de celles en histoire, étaient des formations dites « à capacités d’accueil suffisantes » : généralement, les personnes qui souhaitaient y étudier étaient acceptées. D’autres, comme le droit, étaient dites « en tension » : le nombre de candidatures excédaient (et excède toujours) le nombre de places. Plusieurs critères entraient alors en jeu pour départager les candidatures. Tout d’abord, une priorité liée à l’académie de provenance. Ensuite, le rang du vœu
dans la hiérarchie des préférences. Si ces critères n’étaient pas suffisants, un tirage au sort était effectué.

C’est, entre autres, la médiatisation de ce tirage au sort qui a contribué au remplacement d’APB par Parcoursup à la rentrée 2018. Désormais, ces mêmes formations de licence, officiellement non sélectives (elles ne peuvent toujours pas refuser des candidats), ont la possibilité d’ordonner les candidatures selon des critères qui leur sont propres. On peut dès lors faire l’hypothèse que, dans le cas des licences en tension, cela se traduit par une sélection du public accueilli, puisque celles et ceux classés en bas de la liste ont de fortes chances de n’être finalement pas admis.

Une autre différence concerne les règles de priorité académique en Île-de-France. [...]

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Illustration d’Adèle Huguet pour Mondes Sociaux : licence CC BY-NC-ND
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